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21/03/2017

Monsieur Cocteau reste vivant

 

 

 

affiche.jpgBérangère Dautun nous avait déjà donné le plaisir d’évoquer les dernières années de Jean Cocteau dans son spectacle Je l’appelais Monsieur Cocteau, adapté du livre de souvenirs de Carole Weissweiller.

Elle s’installe aujourd’hui au Théâtre La Bruyère et toujours avec la même délicatesse, elle évoque l’amitié entre la fille de sa mécène, Francine Weisweiller, et celui que le Tout-Paris appela le « Prince frivole ».

Elle dit le ravissement de la petite fille, à qui le poète a prêté attention sur le tournage des Enfants terribles en 1949. Elle décrit son émerveillement devant la « maison tatouée » de Santo Sospir. Elle décrit ses rapports avec Picasso, avec Edouard Dermit et tant d’autres. À travers des anecdotes et de courtes scènes, soutenues par la vidéo de Sylvain Denis, les lumières de Mathieu Nenny, Guillaume Bienvenu donne la réplique à Bérangère Dautun qui déroule le fil des souvenirs…

Elle explique, justifie, défend son ami.

Car c’est bien d’amitié dont est question ici. Cocteau vouait « un véritable culte à l’amitié » affirme-t-elle. Elle lui demeure fidèle.

Ce sentiment-là devenant denrée rare, chaque spectateur en est ému. Et c’est ainsi que Cocteau reste avec nous, vivant.

 

 

 

 

Je l'appelais Monsieur Cocteau de Carole Weissweiller, adaptation de Bérengère Dautun

Mise en scène de Pascal Vitiello

Théâtre La Bruyère à 19 h le lundi et mardi

01 48 74 76 99

 

20/03/2017

Funeste monothéisme ?

 

 

 

Théâtre, théâtre du Rond-Point, Rachida BrakniLes murs crépis sont gris clair, les ouvertures béantes, on devine quelque ruine ou un sous-sol labyrinthique (scénographie de Nicolas Marie). Elle (Rachida Brakni) s'avance dans ce dédale, vêtue de gris foncé, silhouette fragile, telle la victime annoncée d’un minotaure impitoyable.

Elle est seule, mais prête sa voix à trois femmes différentes. La Palestinienne qui veut mourir en martyre, l’Israélienne pacifique et désenchantée, l’Américaine venue de ses États-Unis pour pacifier les conflits entre les deux peuples frères, ennemis depuis deux millénaires.

Je crois en un seul dieu de Stefano Massini, est la lente progression vers la mort de ces trois femmes que le destin va réunir le 29 mars 2002, à Tel Aviv.

Mais est-ce vraiment au nom de Dieu qu’elles meurent ? Le funeste monothéisme ne cache-t-il pas de cruelles visées politiques ?

Poignante et pudique Rachida Brakni donne corps à ces trois femmes et le poids du destin étreint le spectateur. La comédienne est superbe et terrible. Le metteur en scène, Arnaud Meunier, réussit le pari de nous faire accepter son défi.

Une et divisible, la femme sacrifiée n’a pas de frontières.

 

 

 

 

 

 

 

 

Je crois en un seul dieu de Stefano Massini

Traduction d’Olivier Favier et Federica Martucci

Mise en scène d’Arnaud Meunier

Théâtre du Rond-Point

01 44 95 98 21

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

19/03/2017

Notre ami Fellag

 

 

Théâtre, théâtre du Rond-Point, Fellag, Marianne EpinEn 2003, a été créé le Prix Raymond Devos de la langue française. C’est une récompense attribuée chaque année à un artiste « dont l’œuvre ou l’action contribue au progrès de la langue française à son rayonnement et à sa promotion ».

Et savez-vous qui a été le premier artiste à l’avoir reçue ?

Un certain Mohand Saïd Fellag qu’on appelait Mouloud dans son village d’Azeffoun, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, du temps où l’Algérie, c’était la France.

Il avait choisi l'exil en 1995, et il était devenu Fellag, un humoriste qui n’épargnait ni les politiques, ni les religieux, et transformait ses angoisses en scènes de dérision, et les folies de ce monde en tableaux comiques. Un ami, puisqu'il nous faisait rire de nos cauchemars. Il osait parler de la vie dans le bled, évoquer la colonisation, l’indépendance, les espoirs et les désillusions. 

Il donne en ce moment au Rond-Point, Bled Runner, un florilège de ses œuvres, et à l’heure de « la clause Molière », mêle le bon français à des parlers populaires, et lance en arabe des réflexions qu’un public totalement bilingue comprend avant nous.

Pas de tabous ! Il y a des « musulmans protestants » qui savent s’adresser à Dieu directement. Pas de repentances ! « Vous avez raté votre colonisation, nous avons raté notre indépendance, on est quittes ». Pas de pitié pour les imbéciles, et ils sont nombreux ceux qui l’ont cerné, et nous cernent aujourd’hui encore.

Il évoque son enfance, et fait revivre le petit Mouloud qui ne comprend que le berbère dans une école où l’on parle le français et l’arabe. Et ces étonnements enfantins deviennent les nôtres. Il raconte sa stupéfaction en voyant arriver dans ses montagnes, des « Français », soldats tirailleurs sénégalais et musulmans, qui précèdent de quatre mois les « vrais Français », des paras : « ils n’étaient pas noirs et ils étaient méchants ». Il dit l’isolement du village, les femmes entre elles, les familles et l’autorité du père qui plombe toute relation.

Oui, c’est vrai, il raconte encore et toujours son univers. Beaucoup d’auteurs sont ainsi, et c’est pour ça qu’on les aime. Molière nous raconte les médecins prédateurs, Feydeau les maris infidèles, Grumberg la douleur de l’enfance saccagée et Fellag le rêve d’une réconciliation des peuples.

Marianne Épin, qui le met en scène, a soigneusement choisi les textes. Elle le fait apparaître dans une djellaba sombre, coiffé d’une chéchia, qu’il dépouille pour revenir à son pantalon large, ses allures de Scapin. Les lumières de Pascal Noël soulignent les changements de lieux, sans qu’un décor construit paralyse le récit. C’est une réussite !

Oserais-je dire qu’on rit, beaucoup, sans remords, avec pou seul regret de voir le spectacle finir ?

Fellag, reviens-nous vite ! Fais nous croire que la haine ne gagnera pas son pari stupide…

 

 

 

Fellag Bled runner

Théâtre du Rond-Point

Jusqu’au 9 avril à 18 h 30

01 44 95 98 21

 

 

Tournée

15 AVRIL 2017 - BEAUNE (21)

22 AVRIL 2017 - VILLENEUVE-SAINT-GEORGES (94)
25 — 27 AVRIL 2017 - Nîmes (30)

28 AVRIL 2017- PORT-DE-BOUC (13)
2 MAI 2017 - MÉRIGNAC (33)
3 ET 4 MAI 2017 -  BLAGNAC (31)

9 MAI 2017 - LE-BLANC-MESNIL (93)

11 MAI 2017 - GRENOBLE (38)

20 MAI 2017 - VILLEPARISIS (77)

23 MAI 2017 - ANTIBES (06)

14 — 17 JUIN 2017 - BRUXELLES (BELGIQUE)

24 ET 25 JUIN 2017 - LES NUITS DE FOURVIÈRE / LYON (69)