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19/04/2013

Pour Isa Mercure


Théâtre, Gilles Guillot, théâtre du BaroufLe comédien et metteur en scène Gilles GUILLOT (né le 24 décembre 1935) est décédé la nuit dernière à son domicile de Villiers-sous-Grez à l’âge de 77  ans des suites d’un cancer.

Il était encore dernièrement à l’affiche de Love Letters au Lucernaire qu’il jouait en compagnie d’Isa Mercure.

Après avoir suivi une formation au cours de Julien Bertheau (1956-1958), il remporte en 1958 le premier prix de l’Oscar du jeune comédien.

 Il joue au théâtre, à la télévision et au cinéma sous la direction de nombreux metteurs en scène.

 Depuis 1978, avec sa femme, Isa Mercure, il avait créé sa propre compagnie théâtrale, Le Théâtre du Barouf. Ensemble ils ont mis en scène et interprété de nombreux auteurs,   classiques et contemporains et rendu hommage aux poètes.

Nous nous souvenons encore avec émotion de L'Eventail de Carlo Goldoni, 1990 créé au Théâtre Paris/Plaine, du Cimetière des éléphants de Jean-Paul Daumas, 1991 Théâtre Paris / Plaine.

Leurs spectacles consacrés aux poètes alliaient l’intelligence, l’élégance et la beauté : L'Empereur s'appelle dromadaire, spectacle Jacques Prévert, L'Archipel sans nom de Jean Tardieu, Je vous écris d'un pays lointain, spectacle Henri Michaux, et  Souvent je ris la nuit, spectacle Victor Hugo, créé en 1993 au Théâtre Silvia Monfort.

Nous pensons à Isa Mercure. Nous partageons sa peine, et nous l’assurons de notre amitié.

18/04/2013

Un voyage sans retour ?

 

 

 

Ils sont de milliers à quitter leur pays, parce qu’il n’y a plus de place pour eux, pas de travail, pas de liberté, pas d’espoir. Ils vont chercher ailleurs  le « pain quotidien que la terre leur refuse ». Leurs demandes de visa n’aboutissent pas. Leurs bagages leur sont volés, leurs vies sont mises en danger, mais qu’importe ! IIs partent. Aucune menace ne les touche, ils n’ont plus rien à perdre. Que la vie. Et souvent, ils la perdent.théâtre,cie hercub,akakpo

Les récits de ces réfugiés, de ces errants, avaient inspiré, en 2006, à Ariane Mnouchkine Le Dernier Caravansérail dont le sous-titre était Odyssées.

théâtre,cie hercub,akakpoGustave Akakpo reprend ce titre, inspiré de Homère, pour sa dernière pièce. Et, même si les migrants brûlent leurs papiers, nient leurs identités, leurs racines, « il ne s’agit pas d’une fuite vers l’inconnu », dit l’auteur. Ses protagonistes se choisissent des noms parmi ceux de l’Antiquité : « L’Europe a oublié ses héros, nous serons leur mémoire. Le bateau sera l’Odyssée. » Le capitaine ? Ulysse naturellement, un enfant que sa famille avait poussé vers la forêt, et qui, nouveau Petit Poucet, tente d’échapper à l’Ogre qui dévore l’Humanité.

Parmi eux, un blanc, un journaliste qui cherche sa sœur, et une blanche qui essaie de retrouver le compagnon que la police lui a arraché.théâtre,cie hercub,akakpo

Gustave Akakpo repousse les limites de la scène. Avec six panneaux translucides, quatre tables transformables, six comédiens (Michel Burstin, Ansoun Diedhiou, Lazare Minoungou, Sabine Pakora, Bruno Rochette, Sylvie Rolland) et un musicien (Max Vandervorst) qui bricole lui-même ses instruments à corde et à vent, nous voilà embarqués de l’Afrique vers l’Europe avec une centaine de personnages. La scénographie de Jack Percher permet un décor toujours en mouvement, une infinie composition (et décomposition) des éléments, éclairés par les lumières d’Alain Collet. Michel Burstin, qui met en scène, fait vivre des villages, des villes, des déserts, des routes avec des camions brinquebalants, des radeaux qui flottent et sombrent. Toute les peurs du monde frissonnent dans ce parcours. Pas un spectateur ne reste indifférent.

Pendant leur traversée, les migrants vont souffrir la faim, la soif.  Ils ne mourront pas tous, mais les survivants qui croisent une équipe de télé réalité en seront désespérés pour toujours. Ulysse n'intéresse pas le prime-time ! Il faut "du sang !"

Leur rêve s’obscurcit et sous les constellations d’étoiles, les plus forts reprendront la mer pour fuir l’Europe « aux anciens parapets » (Rimbaud) : voyage sans retour ? Ou naufrage annoncé ?

Ce « suicide mondial » est souvent « joyeux », mais le rire grince. Il reste bien des questions en suspens, comme ces vies entre mer et néant, ces humains, nos frères qu’on exploite.

Pour combien de temps encore ?

 

 

 photos © Angela Ferramosca

              © Yves Kerstins


Jusqu’au 20 avril

 

Odyssées de Gustave Akakpo

Mise en scène de Michel Burstin

Théâtre de l’Etoile du Nord

01 42 26 47 47

Mardi, mercredi, vendredi à 20 h 30, samedi à 17 h et 20 h 30

le jeudi à 19 h 30 la représentation est suivie d’un débat.

 

 

17/04/2013

Petit théâtre, grande programmation


 

 

 Diderot se bagarre

 

Diderot aurait eu 300 ans cette année, et lui qui écrivait « Lorsque le prêtre favorise une innovation, elle est mauvaise : lorsqu’il s’y oppose, elle est bonne. », n’aurait-il pas pensé que la lutte contre les fanatismes religieux est un éternel combat ?

Pour Régis de Martrin-Donos et Muriel Brot qui adaptent le la correspondance de Denis Diderot,  il semble bien que « la bagarre » continue. Diderot bagarre  est le titre de l’essai dialogué, qui se donne au Poche-Montparnasse, et vient du Théâtre des Treize Vents de Montpellier.

Pour la publication de sa Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, Diderot (Jean-Baptiste Marcenac)vient d’être emprisonné à Vincennes (juillet 1749) et vit très mal son incarcération avant de la mettre à profit pour rédiger la Lettre sur les sourds et muets à l’usage de ceux qui entendent, ouvrage qu’il publiera en 1851, mais anonymement. Pour l’instant, il supplie au nom de la liberté et s’endort… Il est réveillé par un jeune homme qui porte cette lampe qu’on appelle au théâtre : « une servante ».

Régis de Martrin-Donos, qui met en scène, a conçu le spectacle avec un personnage que Diderot ne connaissait pas : « Ainsi l’Éclairagiste viendra éclairer, au sens figuré comme au sens propre, le spectacle. » Trois siècles les séparent et le jeune homme va poser des questions, argumenter à charge afin de permettre au philosophe de s’expliquer et démontrer au public la pertinence des luttes du « siècle des lumières. »

L’échange se passe dans un quadrilatère rouge comme la passion. Deux tabourets le meublent. Et des accessoires modernes : cassette, ampoules, projecteurs, câbles apprennent à Diderot les progrès techniques et le piétinement des idées. Diderot porte une redingote sobre de lin bleu de Prusse, le jeune homme un blouson de jean (costumes Marie Delphin). Les lumières de Frédéric Bellet, et la bande son de Serge Monségu ponctuent les événements qui marquent  la vie de Diderot : 1753 (première interdiction de la censure contre l’Encyclopédie) 1759 (Mort du père de Diderot), 1760 et 1762  (avec Sophie Volland), 1770 (Brouille avec Rousseau), 1772 (Mariage de sa fille Angélique). Les spectateurs  qui entourent le ring assistent, amusés à un vrai match. 

Le débat est vivant, ironique, passionné. Tel qu’en lui-même était Diderot.

 

Et Horovitz aussi…théâtre,théâtre du poche-montparnasse,diderot,israël horovitz

Après le combat des idées, en deuxième partie de soirée, la compagnie des Aléas présente la violence de nos sociétés avec Le Premier d’Israël Horovitz, une pièce qui mêle l’absurde, le grotesque et le tragique.  Nos sociétés sont violentes et Horovitz montre des humains prêts à tout pour être « le premier ». Ici, on ne réfléchit pas, on cogne.

Nous ne saurons jamais pour quel événement Fleming (Pierre-Edouard Bellanca) a passé la nuit dans un sac de couchage, à même le bitume afin d’être le premier, pourquoi Stephen (Simon Fraud) veut cette place, pourquoi Dolan (Pierre Khorsand) essaie de lui chiper, ni pourquoi Arnall (Arnaud Perron), laisse sa femme Molly (Nathalie Bernas ou Léa Marie-Saint Germain) séduire et écarter tous ces mâles de la première place. Une ligne blanche est collée au sol, l’enjeu primordial de tous est de la franchir en premier, comme si leur vie en dépendait.

Les conflits se déchaînent, les vanités  s’enflent. Ils sont prêts à tuer.

Israël Horovitz raconte dans ses Mémoires (Un New-Yorkais à Paris*) que sa pièce, Le Premier, fut créée en 1973, au Poche où elle fut jouée pendant onze ans. « Et ma pièce et moi nous sommes devenus très vite connus en France. Enfin, le théâtre avait beau être grand comme un mouchoir de poche, très vite j’ai gagné assez d’argent pour pouvoir me permettre ce qui allait devenir un aller-retour quasi permanent entre New York et Paris [...]. Après le Théâtre de Poche-Montparnasse, des dizaines et des dizaines de reprises de Le Premier ont eu lieu à Paris, dont les plus inoubliables, celle de la compagnie Hercub, qui l’a joué plus de cinq cents fois »

À cette liste, Israël Horovitz peut ajouter le nom de la Compagnie des Aléas, elle est des plus « frappantes » et on se souviendra d’elle.

*Extrait des Mémoires d’Israël Horovitz Un new-yorkais à Paris d’Israël Horovitz, traduit de l’américain par Cécile Dutheil de la Rochère (Grasset, 2012)

 

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Diderot bagarre  d’après la correspondance de Denis Diderot,

Adaptation de Régis de Martrin-Donos et Muriel Brot

Poche-Montparnasse du 26 mars au 26 mai à 19 h 30

 

Le Premier  d’Israël Horovitz à 21 h 30

du 28 mars au 11 mai

 

Théâtre de poche-Montparnasse

01 45 44 50 21

formule d’abonnement

et toujours, dans la grande salle : Inventaires  de Philippe Minyana à 19 h

Le Mal court de Jacques Audiberti à 21 h 

www.theatredepoche-montparnasse.com