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13/09/2012

Livre : le prix Annick Lansman

 

 

Le prix Annick Lansman, a été fondé pour honorer la mémoire de cette institutrice et cofondatrice des éditions Lansman, décédée en octobre 2005.

Un concours est lancé chaque année, depuis 2010, pour couronner un œuvre théâtrale destinée aux enfants de moins de 13 ans et participer au développement du plaisir de lire le théâtre à partir de 9/10 ans.

L'association Promotion Théâtre a accepté de coordonner le prix. Le Centre des Écritures Dramatiques Wallonie-Bruxelles, Lansman Éditeur et divers autres partenaires lancent depuis deux ans un appel aux auteurs.



théâtre,littérature,éducation,culture,belgique,francophonieCette année, le prix est attribué à Bénédicte Couka pour Le Sable dans les yeux, l’histoire de Margot qui cache dans un arbre creux les petits mouchoirs que sa maman paralysée, s’obstine à broder. Dans la forêt, la louve et son louveteau la guettent, et Tom cherche son fils et les loups. « Il y a des événements qui donnent un goût amer à la douceur du printemps », et heureusement les petits mouchoirs empêchent le sable de rester dans les yeux des humains, comme dans celui des louveteaux.

C’est un très joli conte où la tristesse finit en espérance.

Le prix sera remis à l'Hôtel de Ville de Morlanwelz, le samedi 15 septembre à 14h30.

Si vous passez par là allez féliciter l’heureuse gagnante.

C’est en Belgique, mais vous n’êtes pas obligés de demander la nationalité belge pour participer.

 

Couka Bénédicte : Le Sable dans les yeux, Lansman éditeur, prix 9 €.

06/06/2012

Théâtre aujourd'hui

 

 

 

Théâtre Aujourd’hui fêtait ses vingt ans lundi dernier. C’était aussi la sortie de sa quatorzième livraison. Elle mettait un auteur vivant à l’honneur : Jean-Claude Grumberg joué aujourd’hui dans le monde entier et dont le Théâtre du Rond-Point a créé, il y a peu Moi je crois pas avec Catherine Hiegel et Pierre Arditi.

Jean-Claude Grumberg, je l’avais découvert dans L’Avant-Scène Théâtre en 1968 avec Demain une fenêtre sur rue  (N°405). Puis ce furent en 1971, Rixe (N°469/470) consacré à des pièces courtes d’auteurs contemporains et la même année,  Amorphe d’Ottenbourg (N°485). Il y eut encore Dreyfus et Michu en 1974, (N°543), et enfin celle à laquelle je pus assister, en tant que spectatrice, L’Atelier, en 1979, et  j’en fus bouleversée. L’année suivante, je retrouvai Jean-Claude Grumberg dans En r’venant de l’expo.

Je n’ai depuis manqué, je crois, aucune création, aucune publication. Et j’étais sincèrement heureuse qu’on lui organise cet hommage, au cours duquel, des grands acteurs, des lycéens adolescents et de petits enfants du cours préparatoire, vinrent lire des extraits de ses œuvres*.

Quoi de plus émouvant que ces voix tellement différentes pour passer la parole d’un auteur ? Et quelle chance d'entendre aussi celle de l'auteur qui lut un de ses derniers textes : Votre maman !

C’était une belle soirée, et Théâtre aujourd’hui est une collection de référence indispensable pour enseigner les arts de la scène. On y trouve des études, des entretiens, des extraits d’œuvre, des photos, un CD, des documents irremplaçables.  

Longue vie à la collection…

 

 

* Toutes aujourd’hui publiées chez Actes sud.



Théâtre Aujourd'hui, scérén-cndp

 

 

 

 

 

 

15/01/2012

L’éveil des sens


 « L’éveil du printemps, paru en 1891, suscita un scandale lors de sa création en 1906. La pièce fut même interdite parce qu’elle choquait la morale. En effet, elle met en scène des adolescents  qui s'éveillent à la sexualité, et se posent des questions sur leur corps, leurs études, leur avenir, le sens de la vie, et auxquels les adultes ne donnent « pas l’ombre d’une explication claire ». La pièce interdite en 1908, fut autorisée en Allemagne en 1912, avec des coupures.

Elle est reprise aujourd’hui dans une mise en scène d’Omar Porras, créée, l’automne dernier à Genève et reçue au Théâtre 71. Le texte est adapté. Neuf comédiens se partagent quelque dix-sept rôles. Jeunes et adultes sont donc joués par les mêmes, avec ces curieux masques qui portent la griffe du metteur en scène. Certains passages sont chorégraphiés, chantés sur des musiques d’aujourd’hui (Alessandro Ratoci) et l’esprit corrosif du texte de Wedekind est totalement respecté, mieux, il est servi avec intelligence. 

Wendla Bergmann (Jeanne Pasquier) souhaite apprendre de sa mère (Olivia Dalric) les mystères de la naissance, mais cette dernière, par pruderie, les cache à sa fille : « enfant tu es, enfant tu resteras ».  étrange amour maternel qui tait les secrets de la vie mais n’hésite pas à livrer sa fille à faiseuse d’anges !

Les autres adolescents, filles ou garçons ne sont pas mieux éclairés, sauf Melchior (Paul Jeanson), déjà nietzschéen, rebelle et averti qui a rédigé un essai sur le « coït ». Moritz (François Praud), plus soumis, angoissé par l’échec finit par se suicider. Martha (Anna-Lena Strasse) se résigne à être battue. Ilse (Sophie Botte) abandonne l’école et la vertu, pose pour des peintres, en attendant d’être, un jour, « jetée aux ordures ». Otto (Adrien Gygax) et Hans (Alexandre Ethève) ricanent de tous avant de s’apercevoir qu’ils s’aiment. Les adultes auraient pu les guider. Mais ni M. Gabor, ni la directrice de l’école (Peggy Dias), ni le pasteur, ni aucun professeur ne sauront les aider, les apaiser. Au nom d’une religion étouffante, prisonniers d’une morale étroite, ils condamnent les enfants qui leur sont confiés. Fanny Gabor (Sophie Botte) qui entourait son fils d’une douce confiance, devra céder à la rigueur. Melchior s’échappe de la maison de correction où son père l'avait fait incarcéré et rencontre un « personnage masqué », ange ou démon d’une « nuit de Walpurgis » dont il sera le nouveau Faust. Imaginaire et réalité s’enchâssent dans une superbe mise en scène.

L’histoire se joue dans un décor unique : un pan de ruine romantique dans la nature : au lointain des arbres, au sol, un humus sombre, terre riche, matière organique dont la chair est faite et où on plante aussi les croix des tombes. Deux portes, l’une basse, qui s’ouvre sur les choix de Wendla. L’autre à hauteur d’homme pour les adultes. Les jeunes entrent par la forêt, ou grimpent sur le mur. L’amour et la mort défient la société policée. La jeunesse ne craint ni l’une, ni l’autre. C’est la vie avec ses injustices et ses contradictions qu’elle appréhende.

Si Frank Wedekind peint le désarroi des adolescents, il pose également les problèmes d’une éducation austère, d’une intransigeance qui « juge un jeune homme sur son livret scolaire ».

A-t-on évolué depuis 1891 ? Ou Wedekind serait-il un précurseur ?

 

 

 

 

 

L’éveil du printemps de Frank Wedekind

Mise en scène et adaptation d’Omar Porras

Théâtre 71 jusqu’au 28 janvier

01 55 48 91 00