06/04/2014
Être ou ne pas être black
Caroline Devismes est blonde, elle a les yeux bleus et se prétend afro-américaine, et vous savez quoi ? On la croit. Parce qu’elle en a la voix. Parce que le casque de sa chevelure bouclée, rappelle celui de son idole, Diana Ross.
Alors, même si elle est née au Portel, pour son partenaire producteur, Stevie Soul (Lauri Lupi) qui se prétend black et aveugle, elle sera Diana Voice.
Elle chante les gospels, et ses graves vous donnent des frissons. Et quand son partenaire prétendra être Indien, elle atteindra les aigus d’Yma Sumac.
Une merveille, cette Caroline Devismes, et quelle délicate comédie musicale brodée de fil noir a-t-elle cousue avec Thomas Le Douarec, qui met aussi en scène !
Lauri Lupi a du métier et incarne parfaitement le pianiste chanteur, danseur et menteur, amoureux de son étoile.
Au thème des secrets de famille, se mêlent la nostalgie des grands jazzys américains, l’absurdité des destins contrariés par « manque de peau » comme disait Nougaro, et l'humour universel.
Et quels talents ! Et pour nous, spectateurs, que d’émotions !
photos © LOT
Le jour où je suis devenue chanteuse black de Caroline Devismes et Thomas Le Douarec
Manufacture des Abbesses
À 19 h du mercredi au samedi
Jusqu’au 3 mai
01 42 33 42 03
18:51 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, danse, humour, Littérature, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, manufacture des abbesses, thomas le douarec, caroline devismes | Facebook | | Imprimer
05/04/2014
Histoires de femmes
Elles sont trois. Trois femmes (Magali Bros, Pauline Devinat, Aude Kerivel), délurées et avides d’amour. Elles n’ont pour tout bagage qu’un grand sac. Magali s’accroche à ses téléphones, Pauline à ses perruques, et Aude à sa liberté. De quoi parlent-elles ? De leurs désillusions. Qui les a déçues, blessées, humiliées, trahies et quelquefois brisées ? Des hommes à qui elles s’étaient données totalement, et qui ont trahi leur confiance, méprisé leur dévouement. Leurs Histoires d’hommes sont des confidences de femmes, sans hypocrisie.
La sensuelle Aude, la fragile Pauline, et l’inquiète Magali incarnent les femmes, toutes différentes, mais solidaires. Prêtes à tous les sacrifices parce qu’elles vivent plus intensément quand elles brûlent d’un « grand amour », elles restent lucides : « je sens bien que le voyage touche à sa fin », dit celle qu’on va larguer. Sans hommes, elles « tournent en rond » ; leur existence se ternit, le temps se traîne. Mais « faut pas confondre l’espace et le temps » dit une de leurs chansons.
Xavier Durringer avait écrit ces textes pour Judith Magre, sous forme de monologues et de chansons. Christophe Luthringer en a fait un spectacle pour trois comédiennes qui s’interpellent, se soutiennent, s’encouragent, exaltent leurs passions, analysent leurs faiblesses. Elles chantent, elles dansent, elles interpellent le public. Les mots sonnent juste, la musique d’Elsa Quignard embellit les paroles, les lumières d’Alexandre Ursini ponctuent les séquences.
Le spectacle est malicieux, pétillant de désirs, et je ne sais pourquoi me revenait en mémoire un refrain de Willemetz ainsi modifié : « Elles sont épatantes ces petites femmes-là et y en a trois comme ça ! »
Trois raisons de le découvrir …
Photo © Alexandre Ah-Kye / Herblay Culture
Histoires d’hommes de Xavier Durringer
Mise en scène de Christophe Luthringer
Théâtre de Poche-Montparnasse
Jusqu’au 1er juin 2014 2
01 45 44 50 21
www.theatredepoche-montparnasse.com
12:06 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Littérature, Musique, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, poche-montparnasse, xavier durringer | Facebook | | Imprimer
04/04/2014
La faute à qui ?
En 1991 Jean-Jacques Prévand s’était taillé un beau succès avec Voltaire Rousseau, la rencontre, en 1765, d’un Voltaire triomphant (Jean-Paul Farré) et d’un Rousseau amer (Jean-Luc Moreau).
La pièce est reprise, avec les mêmes comédiens, au Poche-Montparnasse. Le texte a peu changé, le décor de Charlie Mangel a été simplifié, les lumières de Jacques Rouveyrollis l’enrichissent toujours.
Voltaire vient d’obtenir la réhabilitation de Calas, il s’est installé à Ferney, « chambres en France et potager en Suisse », et depuis sept ans il transforme non seulement sa propriété, mais également le village. Il en est devenu une sorte de patriarche bienfaiteur. Rousseau vient d’être chassé de son refuge en Suisse et, à pied, comme un vagabond, quitte Bienne pour gagner l’Angleterre par Bâle, Strasbourg, Châlons-en-Champagne, Épernay, Paris avant de s’exiler.
Passe-t-il par Ferney ? C’est peu probable. Cependant, tout ce qu'ils disent a bien été réellement pensé et écrit. Et quelle délectation de voir et d’entendre ces deux hommes si différents dans leurs conceptions, mais dont les œuvres ont préparé la réflexion des révolutionnaires de 1789 et les fameuses accusations des réactionnaires : « C’est la faute à Voltaire ! C’est la faute à Rousseau ! »
Voltaire est anticlérical, voire athée. Pour Rousseau, Dieu existe. L’un est porté par « la reconnaissance de ses concitoyens, l’autre est banni, incompris, et se dit persécuté. L’un est habillé de lin écru et de soie, l’autre vêtu d’oripeaux couleur terre. L’un est affable, sarcastique, l’autre triste et aigri.
Jean-Paul Farré jubile, Jean-Luc Moreau désespère. La faute à qui ?
Que le spectateur juge ! Il découvre, dans leur affrontement tout ce qui génère les tensions de nos sociétés : fanatisme religieux, intolérance, ignorance, violence, richesse et pauvreté, culture et nature. Éternel combat !
Il peut aussi, y trouver et c’est si rare aujourd’hui : une morale : « Nous sommes responsables ».
Photo © Brigitte Enguérand
Voltaire Rousseau de Jean-François Prévand
Mise en scène : Jean-Luc Moreau et Jean-François Prévand
Théâtre Poche-Montparnasse
Du mardi au samedi à 19 h,
Dimanche , 17 h 30
01 45 44 50 21
www.theatredepoche-montparnasse.com
21:28 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Histoire, Littérature, Livre, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, littérature, poche-montparnasse, voltaire, rousseau | Facebook | | Imprimer