24/12/2017
Rachmanimation
Le théâtre de Poche-Montparnasse accueille un nouveau concept : le Rachmanimation.
Ne cherchez pas le mot dans un dictionnaire ! C’est un de ces mots-valises que les enfants adorent et que les parents dégustent !
Si vous reconnaissez tout de suite « animation », vous avez gagné la moitié du programme. Il vous reste « Rachmani ».
- Non ce n’est pas Persan !
- Rachmaninov ! me souffle ma petite-fille qui fait du piano.
- Bravo c’est lui !
Et en effet, pendant que défilent sur l’écran les petites merveilles du cinéma russe d’animation, - euh ! pardon… cinéma soviétique, car La Patinoire date de 1927, Le Papillon de1972 Le Jeu de 1985, La Maman de 1972 et Attends un peu et autres aventures du loup stupide et du lapin malin de 1973, Vadim Sher est au piano et Dimitri Artemenko au violon. Ils accompagnent les dessins animés sur des thèmes de Rachmaninov, et quelquefois composent aussi…
- Voilà qui n’est pas nouveau dit mon fils qui est cinéphile. C’est le retour du cinéma muet accompagné de musique.
- Pas du tout mon chéri ! Car le pianiste explique, et dialogue avec le public. Et les enfants posent des questions, et les musiciens répondent.
- Eh bien ! ce doit être un joyeux charivari avec tous ces mouflets braillards.
- Pas du tout ! Ils écoutent et découvrent. De quoi les rendre muets d’admiration. Un ciné-concert pour les petits et les grands. De quoi vous recerveler pendant une heure ! Après ? Vous n’avez même plus envie de reprendre vos portables…
Rachmanimation, ciné-concert
Théâtre de Poche-Montparnasse
01 45 44 50 21
www.theatredepoche-montparnasse.com
Du mardi au samedi à 16 h 30
Dimanche à 15 h
Jusqu’au 7 janvier
19:29 Écrit par Dadumas dans Blog, cabaret, éducation, Film, humour, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre de poche-montparnasse, musique, cinéma d'animation, jeune public | Facebook | | Imprimer
08/11/2017
La vengeance de Dionysos
Le théâtre antique, avec ses chœurs, ses dieux et ses rois cruels trouvent encore aujourd’hui des fervents admirateurs et inspirent les jeunes metteurs en scène.
Sara Llorca signe une intéressante mise en scène des Bacchantes d’Euripide, dans une traduction de Jean et Mayotte Bollack et Henri Berguin, qu’elle adapte aux rythmes du présent. On la retrouve comme comédienne dans les chœurs avec Benoît Lugué et Martin Wangermée, lesquels signent une musique originale qu’ils jouent sur scène. Faut tout faire dans ce métier !
Euripide aujourd’hui ressuscite sur un tempo de slam :
« Par le tonnerre,
Par la douleur forcée de ses couches,
Sémélé met au monde le fils de Zeus :
Dionysos »
Et à l’appel : « Viens, Dionysos, viens ! »
Une silhouette androgyne, tout de blanc vêtue, entre dans l’espace scénique, qui s’éclaire lentement (Lumières de Léo Thévenon). C’est le dieu : « Voilà, j’arrive, c’est en homme que j’approche », c’est Anne Alvaro, qui sera aussi Tirésias, et, plus tard, Agavé. Car le dieu peut changer d’identité. Et Anne Alvaro sait tout jouer.
La cité de Thèbes est rétive. Le culte de Dionysos est nouveau, les rites sont inouïs, ils font la part belle aux femmes ! Le vieux Cadmos (Jocelyn Lagarrigue) les accepte volontiers pour redorer le blason de la famille sur laquelle Sémélé a jeté la honte. Mais Penthée (Ulrich N’Toyo) redoute une religion dans laquelle les femmes peuvent courir seules les bois. Il ordonne de « débusquer l’étranger », de l’emprisonner. En vain, le jeune homme se libère seul et prévient : « tu vas payer pour ton ignorance. »
Car Dionysos prépare une triple vengeance : la première pour venger sa mère que les siens ont rejetée, la seconde contre ceux qui nient sa divinité, et enfin, contre ceux qui l’adorent par intérêt.
Les chœurs commentent, dansent, psalmodient. Les protagonistes changent de rôles, les messagers se succèdent et la tragédie, inexorable, avance, jusqu’au meurtre, jusqu’à la folie. Agavé (Anne Alvaro) tue son fils Penthée, en promène la tête ensanglantée (Costumes et accessoires Mariette Niquet-Rioux) et un deuil éternel tombe sur Thèbes.
On ne représente pas souvent Les Bacchantes, le parti pris de Sara Lorca est attachant, les acteurs sont superbes. Alors, si vous ne craignez ni le sang, ni le slam, ni la tragédie, courez voir cette version d’ Euripide.
Les Bacchantes d’après Euripide
Mise en scène et adaptation de Sara Llorca
Théâtre 71
Jusqu’au 17 novembre
16:50 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Littérature, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre 71, euripide, anne alvaro, sara llorca, jocelun lagarrigue, ulrich n'toyo. | Facebook | | Imprimer
16/05/2017
Un soldat d'infortune
Les ruses du diable sont innombrables et Joseph le soldat permissionnaire n’aurait pas dû accepter la proposition de ce chasseur de papillons rencontré sur sa route. Échanger son violon contre un livre magique, le suivre pendant trois jours, sous prétexte de lui apprendre à jouer, moyennant le vivre et le couvert, était-ce bien raisonnable ? Ne savait-il pas que l’on ne doit jamais dîner avec le diable, même avec une longue cuillère ? Et que pour le beau Pécopin, parti chasser une nuit avec le diable, la nuit avait duré cent ans ?
Ces mythes fantastiques inspirèrent Histoire du soldat à Charles Ferdinand Ramuz et Igor Stravinsky, un « ballet opéra de chambre », qui emprunte au mime, à la danse et à des rythmes populaires, comme le tango et le jazz.
La mise en scène de Stéphan Druet fait de Histoire du soldat une pièce brechtienne qui mêle le théâtre, la musique, et le cirque, avec pour toile de fond, une peinture de Laurence Bost et des lumières de Christelle Toussine. Les sept musiciens de l’orchestre-atelier Ostinato portent l’uniforme, culotte garance et capotes bleu horizon, calots ou képis (Costumes : Michel Dussarrat). Ils entrent sur scène derrière leur chef, comme à la parade et s’y installent, à la fois instrumentistes, témoins et acteurs du récit. Le conteur (Claude Aufaure) installé à une petite table, à cour, écrit et dit l’histoire du naïf Joseph (Fabien Wolfrom), l'heureux soldat qui « rentre chez lui » et que les agissements du diable vont transformer en soldat d'infortune.
Quand le diable apparaît (Licinio Da Silva), fine moustache et œil de velours, on le reconnaît : il est vêtu de rouge ! On voudrait bien comme à Guignol, lui crier : « Sauve-toi ! Attention ! », Mais nous ne sommes plus des enfants…
Et pourtant, texte et musique s’accordent si bien, que la magie opère et que, pris par le récit, nous accédons sans peine à cet univers faustien où le fantastique abolit le temps et l’espace.
Tristesse, le soldat ne retrouve plus les siens ! Joie, il triomphe du diable et récupère son violon ! Miracle, il guérit la Princesse (Aurélie Loussouarn) qui danse (Chorégraphie Sébastan Galeota) et l’épouse !
Mais, - il y a toujours des « mais » dans les contes -, le diable veille… et, la tentation est trop forte de vouloir accéder au désir de la Princesse, sa bien aimée, qui veut connaître le pays d’où il vient. On ne peut pas garder « ce qu’on est et ce qu’on était ». Et ce regard en arrière qui avait perdu Orphée, dépossède à jamais le soldat que le diable entraîne…
Le spectacle vous enchantera. C’est un moment de grâce… divine ou diabolique ? Mon âme panthéiste ne tranchera pas. À vous de décider…
Histoire du soldat de Ramuz et Stravinsky
Direction musicale Jean-Luc Tingaud
Chefs d’orchestre Olivier Desjours et Loïc Olivier
Théâtre de Poche-Montparnasse
0145 44 50 21
du mardi au samedi à 21 h
dimanche à 15 h
www.theatredepoche-montparnasse.com
12:40 Écrit par Dadumas dans Blog, cabaret, culture, danse, Littérature, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, musique, dans, littérature, théâtre de poche, ramuz, stravinsky | Facebook | | Imprimer