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19/03/2016

Duel réjouissant

 

 

Théâtre, Musique, Humour, Théâtre du Palais-RoyalL’un, frêle et vif, est au piano (Paul Staïcu) et fait résonner son Steinway en virtuose, l’autre (Laurent Cirade) , massif et maladroit, tente de dompter un violoncelle rétif qui glisse sur le sol. L’un s’agite, l’autre cherche l’équilibre, la lumière, l’acquiescement. Et tous deux se déchaînent sur une valse de Johan Strauss qu’ils ponctuent, par un timbre d’appel.

Ils se poussent, se bousculent, se disputent, échangent leurs places mais toujours la musique les rabiboche. La mise en scène d’Agnès Boury ordonnance leur désordre avec humour.

Pas d’ostracisme dans leur programme, Bach, Mozart ou Bizet fréquentent Barry White, Ennio Morricone, Lou Reed, et rencontrent Strauss ou les Bee Gees, entre autres.

Le violoncelle devient femme, et les voilà rivaux ! Le violoncelle accouche d’un violon, et ils sont papas poules.

Ce Duel est réjouissant. On n’y verse aucune goutte de sang, mais de la musique à flots, qui chacun le sait, adoucit les mœurs.

 

Duel,opus 2 de et avec Laurent Cirade et Paul Staïcu

Théâtre du Palais-Royal

Depuis le 5 février à 19 h, du mardi au samedi.

Dimanche à 16 h

01 73 12 53 05

www.theatrepalaisroyal.com

7 59 76 01 42 97 59 76

 

20/01/2016

Le combat d'Odette

 

Théâtre, Danse, Andréa Bescond, Eric MétayerElle s'appelle Andréa Bescond. Elle a commencé la danse à trois ans. Elle a remporté des concours, travaillé aux États-Unis, joué dans de nombreuses comédies musicales puis, est passée au théâtre avec Éric Métayer, dans Les 39 marches (2010), pièce pour laquelle elle fut nommée Révélation féminine aux Molières.

À ses talents d’interprète, elle ajoute aujourd’hui celui d’auteur avec Les Chatouilles, ou la Danse de la colère. Elle raconte l’enfance brisée d’une petite Odette à qui un pédophile, ami de ses parents faisait… des chatouilles.

Éric Métayer la met en scène sur un plateau nu, avec juste la chaise vide du psychanalyste dans l’axe optique. L’effet est saisissant. La bande son de Vincent Lustaud permet d’imaginer le lieu. Jean-Yves de Saint-Fuscien règle les lumières, les pénombres et les noirs autour d’Andréa Bescond.

Théâtre, Danse, Andréa Bescond, Eric MétayerRetenez bien son nom. Cette fille a du génie. Elle est tour à tour, l’enfant, le prédateur salace, la mère bornée, la prof de danse aimable et aussi ses élèves, la jeune femme de trente ans qui tente de se reconstruire, Manu le gars de la cité, Noureev descendu de son poster, la chorégraphe qui psychanalyse et l’analyste qui observe, le directeur de casting, Kacy la concurrente, le commissaire « pas délicat » qui enregistre sa plainte, et tous ses adjoints heureux de traîner enfin le pédophile aux Assises. Elle prend des accents divers, des timbres différents avec une aisance extraordinaire.

Elle sait faire rire et pleurer avec une virtuosité incroyable. Elle danse classique, ou moderne et même hip hop, elle dit l’innocence, la peur, le désespoir, l’injustice, la haine, la douleur à vous en bouleverser jusqu’à l’âme.

Comme son héroïne, Odette, elle danse pour sortir le drame de son corps. Elle le plie, l’arc-boute, roule, se relève, tombe encore et toujours renaît. Le combat d’Odette est celui, incessant, d’une jeune femme qui n’admet pas qu’il y ait « 75000 viols par an en France et autant concernant seulement les enfants », et qui veut qu’on écoute la parole de ces victimes.

C’est beau, pudique, impressionnant.

 

 

Photo : © Karine Letellier

 

 

Les Chatouilles, ou la Danse de la colère d’Andréa Bescond

Théâtre du Petit-Montparnasse

Du mardi au samedi à 21 h, samedi : 16 h 30

01 42 22 77 74

www.petitmontparnasse.com

 

 

10/01/2016

Des contes, faisons table rase !

 

Théâtre, danse, théâtre du Rond-Point, Laura ScozziAh ! Qu’ils étaient beaux les contes de notre enfance ! Ils apprenaient aux petites filles qu’il fallait se méfier du loup, fuir les vieilles reines, ne pas croquer la pomme, et attendre le Pince charmant avec lequel elles seraient éternellement heureuses en faisant beaucoup d’enfants.

Mais ces modèles conduisant souvent les jeunes femmes aux désillusions amères, Laura Scozzi a voulu en faire table rase.

Avec son spectacle : Barbe Neige et les sept petits cochons au bois dormant, elle s’inspire de quelques scènes clés de Blanche Neige, Cendrillon, Les Trois Petits Cochons, Le Petit Chaperon rouge, La Belle au bois dormant. Mais les frères Grimm, Charles Perrault et les sages conteurs des veillées d’autrefois n’ont plus qu’à se voiler la face ! Non seulement Laura Scozzi ne respecte pas leur narration, mais elle « assassine » le « modèle imposé » ! Mêlant danse, théâtre, chant, elle subvertit le merveilleux, et la baguette de la bonne fée n’est plus très efficace.

Blanche Neige porte bien la jupe jaune dont l’affuble Walt Disney mais elle n’est pas unique. Sur scène, sept Blanche-Neige se disputent la faveur d’un seul nain ! La Belle au bois dormant a le sommeil trop lourd et les Princes charmants peinent à la réveiller. Cendrillon perd sa basket ou sa petite culotte, quand ce n'est pas sa jambe. Tout se déglingue au pays de "il était une fois". Les Petits Cochons sont de petites cochonnes[1] délurées, Le Chaperon rouge n’a plus peur du loup, lequel papillonne sans dévorer personne. Quant à Barbe-Bleue, devenu chanteur, il se prend la claque de sa vie !

Ne vous étonnez pas si ces personnages croisent un Winnie l’Ourson débonnaire, des Mayas abeilles malfaisantes, et un roi cerf. Huit danseurs prodigieux, sur la musique de Niccolo Paganini bouleversent le merveilleux des contes qu’ils transforment en comédie satirique.

C’est extravagant, plein d’humour et de sagesse finalement. Ils ne se marièrent pas, furent heureux quelquefois, et firent rire les enfants et leurs parents…

Petites filles, abandonnez les contes de fées, courez au Rond-Point, Laura Scozzi va faire votre éducation…

 

 

Affiche © Stéphane Trapier

 

 

Barbe Neige et les sept petits cochons au bois dormant conception, chorégraphie et mise en scène de Laura Scozzi

Théâtre du Rond-Point

Jusqu’au 31 janvier

01 44 95 98 21

www.theatredurondpoint.fr

 

 

 

[1] - Comme dans l’album de Frédéric Stehr.