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13/05/2006

L’ Évangile selon Dario Fo


 Dario Fo est un païen qui connaît son Évangile, et joue le bon messager pour porter loin la bonne parole. On peut venir à lui, meurtri de cœur et d’âme, malade, abandonné, désespéré, on sort guéri.
Ainsi, l’autre soir, le journal annonçait son triste lot de scandales et de crimes, et dénonçait la censure. Sombres jours ! Saint François, au secours ! ils sont devenus fous ! Et Guillaume Gallienne est entré.
Bateleur, dirigé par Claude Mathieu, seul en scène, sans décor, vêtu de probité candide et de coton noir, Guillaume Gallienne est aussi « un homme d’esprit, non content d’être un homme spirituel ». Certains ont fait comme les dominicains, ils ont baissé la tête, d’autres comme les jésuites ont ri, mais « intérieurement ».
Car, si saint François apprivoisa le loup de Gubbio, il refusa de « changer le chrétien en bonne bête », enseigna à ses compagnons à « mériter l’aumône », à être patient, humble, mais à ne jamais « tout accepter, en disant : ‘ce n’est pas si grave’ ».
Le texte est savoureux, avec l’allégresse du saint, le comédien transmet, la jubilation de l’anarchiste à nous redonner foi… dans l’Homme.
Une heure divine !

 

 


 

Saint François, le divin jongleur

de Dario Fo

Traduction de Valeria Tasca et Gilber Ponte
Du 10 au 21 mai à 18 h 30
Studio théâtre de la Comédie-Française
01 44 58 98 58
 

13:05 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

10/05/2006

Demi-monde et vraie garce


 À l’époque où la jeune fille se devait d’être « chaste et pure », la « chasse au fiancé » se déroulait entre relations de même classe, de même éducation, de même fortune, et il n’était pas question de recevoir n’importe qui dans son salon.
Or, la Vicomtesse de Vernières (Muriel Cypel) qui cherche à marier sa nièce Marcelle (Delphine Depardieu), reçoit une ancienne gourgandine, la prétendue marquise d’Ange (Caroline Darnay) qui cherche à se faire épouser afin de devenir respectable, quitter le « demi-monde » et entrer dans « le monde » de cette société close : « un sommet » pour elle qui est « partie de si bas ». Y vient aussi une femme qui a fauté, Valentine de Santis (Agnès Afriat), à qui le mari, Hippolyte Richond (Pierre Maurice) a « défendu de porter son nom ».
Deux femmes libres, quelle horreur !
On comprend qu’Olivier de Jalin (Damien Boisseau) et le marquis de Thonnerins (Philippe Carle-Empereur) qui ont profité des bontés de la première, se liguent avec le mari de la seconde, pour empêcher le naïf Raymond de Najac (Aurélien Legrand) d’unir ses jours à ceux de Valentine, cette garce qui leur a donné du plaisir.
Avec un guéridon Napoléon III, deux chaises, un écritoire, Caroline Darnay, la metteuse en scène, compose un décor idéal. Les costumes, signés Mucha, ont de la classe. Les crinolines gonflent les satins et les taffetas des robes des dames, et il ne manque pas une dentelle à la gorgerette de la jeune fille.
C’est suranné à souhait, c’est délicieux.
L’ombre de La Dame aux Camélias (1852) se glisse encore dans ces scènes du demi-Monde (1855) où l’on défend « l’honneur » de « l’honnête homme ». Pas question de magnanimité pour la pécheresse. « Ah ! quoi serviraient les offenses si on les pardonnait ? » dit-on dans cette société très chrétienne.

Derrière les colonnes du Théâtre du Renard, l’ironie de Dumas fils fouette l’hypocrisie des censeurs de son siècle.


  Le Demi-Monde  d’Alexandre Dumas fils
Théâtre du Renard,
A 21 h jusqu’au 13 mai
Réservations 01 43 72 36 35

13:00 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

05/05/2006

Tous les Hamlet du monde

 

On a tous en mémoire un Hamlet qui rêve dans nos souvenirs et ne demande qu’à s’éveiller.

Au seul nom d’Hamlet, la spectatrice professionnelle que je suis devenue, projette sur sa scène de sa mémoire, l’étrange palais que Vitez avait fait imaginer par Kokkos, dans la diagonale duquel la silhouette ramassée d’un spectre sombre se mouvait, disparaissant, apparaissant derrière les arcades qui changeaient de couleurs avec les moments de l’intrigue. Richard Fontana tenait le rôle-titre, et au moment du duel avec Laërte, l’être tourmenté qui torturait les autres, soudain se redressait, retirait cape et pourpoint et, torse nu, en pleine possession de ses moyens physiques, affrontait l’adversaire, révélant par ces gestes qu’il avait feint la folie…

Je me souviens aussi des spectres que Francis Huster voulut différents suivant la personne à qui il apparaissait, de son Hamlet ténébreux et des vraies larmes de Cristiana Reali qui jouait Ophélie. Je n’ai pas oublié le cheval noir qui caracolait dans la cour d’Honneur du palais des Papes, quand Patrice Chéreau contraignait Gérard Desarthe à ruser avec le mistral pour proférer son texte. Et dans cette même cour, du fragile Philippe Avron, caressant un crâne qu’on dit être celui de Yorrick et découvrant ainsi toute la vulnérabilité de la destinée humaine.

J’ai aussi la vision d’une pellicule rayée et tressautante de cinémathèque où Sarah Bernhardt jouait Hamlet dans le film de Clément Maurice. La voix manquait, hélas ! Comme dans ce film allemand de 1920 où Hamlet était vraiment une princesse ! Shakespeare revu et corrigé. Déjà !

D’autres se souviendront de Jean-Louis Barrault, d’autres encore de Redjep Mitrovitsa… D’autres encore ont découvert la pièce au cinéma, grâce à Laurence Olivier. Les musicologues vous parlent de la musique de Chostakovitch dans le Hamlet de Kozintsev (1964). Un de mes amis reste encore sous le charme de Marianne Faithfull qui incarnait Ophélie dans le Hamlet de Tony Richardson en 1969…

La pièce, disent les commentateurs n’a pas tout révélé. Le personnage fascine tant, qu’il sert de contrepoint à d’autres, dans des fables plus modernes. Ainsi de To be or not to be de Lubitsch (devenu Jeux dangereux à une époque où on traduisait les titres), et plus récemment de Underground d’Emir Kusturica.

Georges Lavaudant, qui présente Hamlet (un songe) pour la réouverture de l’Odéon a naturellement vu tous ces Hamlet, il les cite tous, et même s’auto cite en renvoyant l’écho de ses autres mises en scène de Shakespeare, en donnant au mannequin que manipule son acteur fétiche, Ariel Garcia Valdès, le costume et les cheveux de Richard III.

Les images sont splendides, les lumières admirables, les comédiens excellents. Mais est-il besoin de tripler Ophélie aussi gracieuse soit-elle ? Et donner Hamlet en quatre-vingt-dix minutes et dans le désordre, n’est-ce pas frustrant pour ceux qui connaissent la pièce et obscur pour ceux qui la découvrent ?

 

 

 

Théâtre de l'Odéon

Place de l'Odéon

du 27 avril au 27 mai

01 44 85 40 40

19:55 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer