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07/05/2008

Tirso de Molina à l'usine

     Drôle de palais pour le duc d’Alveiro ! Le décor d’Eric den Hertog, dans la mise en scène de Gwenhaël de Gouvello référencerait plutôt L’Atelier de Grumberg, et, avec ses ouvriers en blouse bleue, quelque pièce réaliste d’un néo-brechtien. Mais, attention ! on confectionne ici des costumes de théâtre, et le contremaître tient le texte du Timide au palais dans sa poche.

     Robert Angebaud, l’adaptateur, qui complique ainsi l’action déjà très embrouillée de la pièce, en profite pour transformer le petit chef (Jean Benoît Terral) en « Prologue » à la manière latine. Et, tous les ouvriers, pendant les deux heures de la pause déjeuner vont nous jouer la comédie. Tirso de Molina à l’usine, en voilà un au moins qui n’abîme pas les hommes…ça va faire plaisir à Olivier Besancenot, qui doute quelquefois des démocrates qui nous gouvernent ! Quant aux spectateurs, le parti d'en rire obtient toujours leurs suffrages.

     Le duc (Jean-Michel Canonne) est veuf et préoccupé par le mariage de ses deux filles. Heureusement Juana (Brigitte Damiens) le seconde dans toutes ses affaires et sert de duègne à Magdalena (Marie Grach) et Seraphina (Marie Provence). La première est docile, mais ne semble pas du tout intéressée par le prétendant qu’on lui propose, la seconde serait plutôt du genre rebelle. « Mégère apprivoisée », penserez-vous ? Pas tout à fait. Voyez plutôt, et pour toutes deux, du côté de la pétulante « savetière  prodigieuse », elles sont de la même race. Elles savent ce dont elles ne veulent pas, et la volonté leur dérouille la langue.

     Pour corser l’affaire, le secrétaire particulier du duc, Don Ruy Lorenzo (encore Jean Benoît Terral) est obligé de s’enfuir parce qu’il voulait venger sa sœur séduite et abandonnée par le comte d’Estremoz (Eric Wolfer) qui prétend épouser Séraphina. Rajoutez là-dessus, le timide, Mireno (Gregori Baquet), qui n’est pas le paysan qu’on croit, qui échange ses vêtements avec le fugitif et se fait ramener au palais du duc sous bonne escorte avec son compère Tarso (François Kergoulay). Ah ! n'oublions pas Antonio (Stephen Szekely), neveu de Juana qui tombe amoureux fou de Seraphina, tandis que Magdalena, charmée par Mireno, brave tous les interdits. Pour tout ce monde-là, Rainer Sievert joue deux serviteurs, et Jean Benoît Terral, tour à tour alcade, crieur, peintre, endosse tous les rôles épisodiques - ce jeune homme a tous les dons.

     Secondés par deux musiciens compositeurs et interprètes, Damien Joëts et Cristian Huet, les autres comédiens montrent aussi beaucoup d’énergie et de talent. Ils nous font croire pendant deux heures aux changements de décors, aux ambiances nocturnes, aux querelles d’amoureux, aux tergiversations d’un père, à la complicité passive de Juana, aux roueries des hommes et des jeunes filles, enfin à tout ce qui remue l’âme humaine au point de métamorphoser les uns ou conduire les autres vers le devoir. Car enfin, il y va de l’honneur d’une maison, et vous ne vous figurez pas qu’on va laisser le beau linge se salir !

     La directrice du Théâtre 13, qui veille à la réputation de ses programmes n’y consentirait pas. Avec Le Timide au palais, elle donne encore à une jeune équipe toutes les chances de se faire connaître…

 

Le Timide au palais de Tirso de Molina,

adaptation de Robert Angebaud

Au Théâtre 13 jusqu’au 1er juin

01 45 88 62 22

01/05/2008

Les recettes du couple

     Certains croient que le mariage est « une fin », d’autres pensent qu’il est le commencement d’une nouvelle vie. Parmi ces derniers, pour faire durer le couple, peu savent qu’ils devront l’exalter, le remettre en questions, en sauvegarder les mystères, en créer s’il ne s’en trouvait plus. Greg (Jean-Pierre Malo) et Karen (Elisabeth .Bourgine) appartiennent à cette dernière espèce, ils sauront naviguer contre la lassitude du quotidien.

     En revanche, le couple de Lisa (Claire Keim) et Tom (David Brécourt) se déglingue. Le corps de Lisa n’exulte plus. Tom court après sa jeunesse en choisissant une autre partenaire. Ils ont des enfants. Mais accessoirement, pour faire joli sur la bande-son. Et après quelques grimaces, chacun refait sa vie. C’est fou ce que ça se passe bien sur la scène (et sur les écrans). Il est vrai que dans le monde de Donald Margulies, on ne parle jamais d’argent. Aucun problème pour les gardes alternées, les domiciles, les pensions alimentaires. Les fins de mois ne sont jamais difficiles. Quel beau pays, l’Amérique ! Dans nos vieux pays, malheureusement, ça coince !

     Michel Fagadau, adaptateur et metteur en scène, fidèle à Donald Margulies, nous invite à croire que tout peut s'arranger. Il reprend, cette année ce succès, monté il y a dix ans. Le décor est d’une grande élégance (Florence Malureanu), les comédiens y croisent avec sûreté. On admire le naturel de Jean-Pierre Malo, la virtuosité d’Élisabeth Bourgine, la maîtrise de Claire Keim, l’aisance de David Brécourt.

     Les deux couples étaient amis, ils ne le seront plus. Pour ce qui est du dîner, nous ne le verrons jamais, mais Greg et Karen en connaissent toutes les recettes, y compris celle du bonheur jamais tranquille.

Dîner entre amis de Donald Margulies

Adaptation et mise en scène de Michel Fagadau

Comédie des Champs-Élysées

01 53 23 99 19

Texte publié par L’Avant-Scène-théâtre, 12 €

16:45 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

30/04/2008

Une folle journée

 

 Avec sa réputation de rêveur, Jean-Louis Bauer en surprendra plus d’un par sa nouvelle pièce. Une vie de château est une comédie musicale insolente et hilarante.

Jugez de la fable. Un Président (de la République) hyperactif, narcissique, cynique, et mal embouché, traque son épouse versatile et frivole, tandis que le Premier ministre, cerné par les manifs, est dépassé par les changements continuels d’emploi du temps. Survient alors un animateur de radio aux dents longues. Que voulez-vous qu’il advienne ?

Sur un rythme infernal, le Président fonce dans le mur. Sa femme virevolte, ses thuriféraires valsent, et son Premier ministre n’arrive pas à démissionner.

Les ambitions des uns font le malheur des autres, mais le bonheur des lecteurs, en attendant que les spectateurs hurlent de rire. Profitez de cette folle journée au « château », entre la Dame de chez Maxim’  de Feydeau et Les Prétendants de Lagarce.

Une vie de château, de Jean-Louis Bauer, Fayard, 12 €