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25/09/2008

Un enfant du siècle

L’automne convient aux romantiques et particulièrement à Musset.

L’an dernier on jouait Fantasio au Ranelagh, avec Nicolas Vaude dans le rôle-titre, dans une mise en scène de Stéphanie Tesson (voir notre note du 19/09/07).

Cette année, on le retrouve à la Comédie-française dans une mise en scène de Denis Podalydès.

 

Comme la pièce n’a que deux actes, on y adjoint en prologue des poèmes ou des dialogues tirés des Œuvres du poète,

et la Comédie-Française ne déroge pas à la coutume (interprétés par Adrien Gamba-Gontard et Clément Hervieu-Léger).

On baigne donc dans des miscellanées de mélancolie et d’impertinence avant que le rideau ne se lève sur le supposé royaume de Bavière.

Le décor d’Éric Ruf est d’une élégance surannée. La construction légère plantée au centre de la scène évoque un kiosque à musique au milieu d’un jardin. Là s’y réunissent Fantasio (Cécile Brune) et ses amis (Adrien Gamba-Gontard, Guillaume Gallienne, Claude Mathieu, Christian Blanc et Clément Hervieu-Léger), là y passent le Prince de Mantoue (Guillaume Gallienne) avec Marinoni (Adrien Gamba-Gontard) son aide de camp, là encore le roi de Bavière y reçoit son futur gendre. Une passerelle mène au proscenium qui s’ouvre sur une fosse : fossé du château, cul de basse fosse, le lieu se décline aisément, et l’escalier dérobé joue un rôle essentiel dans le théâtre romantique.

Fantasio, jeune homme désabusé qui doute des hommes et de lui-même, entreprend de distraire la jeune princesse Elsbeth (Florence Viala), promise en mariage au Prince vaniteux. Fantasio se dépêchait de rire de tout, il prend la place du bouffon Saint-Jean qui vient de mourir. Elsbeth est romanesque, sa gouvernante (Claude Mathieu) encore plus qu’elle. Le roi son père (Christian Blanc) est un roi débonnaire qui sent bien que sa fille se sacrifie. Quel soulagement quand Fantasio manque de respect au Prince ! Le Prince se fâche, le mariage est cassé. Ah ! Dieu que la guerre est jolie quand on la fait pour les yeux de sa Princesse !

Ah ! Comme le rôle du Prince de Mantoue colle à Guillaume Gallienne ! Comme le kiosque se transforme joliment en manège pour évoquer le cercle dans lequel les hommes s’enferment…

Mais quelle idée de confier le rôle de Fantasio à une femme ? Le talent de Cécile Brune n’est pas en cause, mais la confusion des sexes fausse les rapports entre le personnage et ses amis, et avec la Princesse.

L’idéal, aurait été de redonner ce rôle à Nicolas Vaude qui est un vrai Fantasio, comme Fantasio est un vrai Saint-Jean et Saint-Jean, un vrai Triboulet…

Mais j’ai peut-être, comme Musset « la cervelle délabrée ».

 

 

 

Fantasio d’Alfred de Musset

Comédie-Française

Salle Richelieu

En alternance à 20 h 30

0 825 10 16 80

Diaboliquement machiavélique

 Au XVIIe siècle la pourpre cardinalice donna deux grands hommes d’État à la France : Richelieu et Mazarin. Ni l’un, ni l’autre n’avaient de vocation ecclésiastique. Tous les deux  se destinaient aux armes. Le destin conduisit Richelieu auprès de Louis XIII, et Mazarin, diplomate au service du pape, en mission auprès de Richelieu. Il y resta et, pour lui succéder, devint cardinal.

Le Diable rouge, c’est lui : diaboliquement machiavélique, joué par un Claude Rich éblouissant.

Mazarin, sentant ses forces décliner, tisse autour du jeune Louis XIV (Adrien Melin), son élève en politique, un réseau d’appuis sûrs dont Colbert (Bernard Malaka) est le parangon. Que faut-il assurer avant de mourir ? Renflouer les caisses du royaume car le trésor est vide, rétablir la paix dans le royaume où s’agitent encore des Frondeurs, signer la fin des hostilités qui durent depuis trente ans entre la France et le royaume d’Espagne d’où vient la Reine (Geneviève Casile), et pour ce, marier le Roi à une princesse espagnole : Marie-Thérèse.

Où trouver l’argent ? Comment ne pas « creuser la dette de l’État » sans « taxer les pauvres plus qu’ils ne sont déjà » ? Mazarin trouve la solution aisément en financier moderne : taxer ceux « qui travaillent », « plus tu leur prends, plus ils travaillent »…Colbert serait plutôt pour diminuer les intermédiaires, « développer le commerce » et surtout « sanctionner les trafics », les « fortunes scandaleuses ». Mais, répond Mazarin « ce sont les coquins qui mènent le monde ».

Rien n’a changé pense le public qui s’identifie à la fois au brave Colbert et au « diable rouge ».

Rien ? Si, tout de même, aujourd’hui le mariage d’un roi n’est plus « strictement politique », et l’adorable Marie Mancini (Alexandra Ansidei) épouserait sûrement son roi.

Antoine Rault aime le genre historique. Très bon genre. L’auteur est documenté. Il affine sa méthode depuis La Première Tête et son Diable rouge atteint la perfection. L’action, les personnages, la langue qu’ils emploient tout converge dans une peinture fidèle et vraisemblable.

Le décor de Catherine Bluwal, est audacieux avec ce grand plafond miroir qui révèle les secrets des sols marbrés, des paravents peints, des encoignures où l’on se dissimule. Les costumes de Claire Belloc, en rouge brun pour la Reine et le Roi, minutieusement accordés sont magnifiques. La sobriété sombre du noir de Colbert en dit long sur le personnage.

La mise en scène de Christophe Lidon fait de ce Diable rouge un des plus beaux et des plus intelligents spectacles de cette rentrée.

Mazarin se plaignait de ne pas être aimé des Français. Aujourd’hui, ils vont l’adorer…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Diable rouge d’Antoine Rault

Théâtre Montparnasse à 20 h 30

01 43 22 77 79

12:28 Écrit par Dadumas dans Histoire, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, théâtre |  Facebook | |  Imprimer

24/09/2008

Le rouge est mis

Rouge, tout est rouge chez Diana Vreeland (Claire Nadeau), « la flamboyante rédactrice en chef de Vogue, Miss V. dont les avis en matière de mode avaient force de loi. Jusqu’à ce jour,où, brutalement, son employeur lui signifia, par lettre qu’elle « avait fait son temps ».

Rouge de colère ? Rouge de honte ?  Rouge  parce que ça donne bonne mine... Et qu'elle ne va pas perdre la face !

Elle est seule, aujourd’hui dans son appartement new-yorkais. Elle monologue, remonte le cours de sa carrière, dégringole en aval, s’accroche au bourd du gouffre : l’affront la dépossède de tout ce qui faisait son pouvoir et ses relations se dérobent, l’une après l’autre. Sic transit gloria mundi.

Full Galop de Mark Hampton, et Mary Louise Wilson est devenu La Divine Miss V. dans l’adaptation de Jean-Marie Besset. Le texte frappe, la situation électrise.

Dans le rutilant décor d’Édouard Laug, maquillée ( Suzanne Pisteur) et coiffée comme une geisha (Pascal Donnadieu), Claire Nadeau vêtue de noir (costume de Christian gasc) se cabre comme un animal sauvage et blessé. Elle est superbe.

La mise en scène de Jean-Paul Muel lui donne une aisance triomphale.

Jamais vaincue, Miss V. entame une nouvelle carrière.

À imiter après tout licenciement…

Théâtre du Rond-Point

Salle Tardieu, 18 h 30

Jusqu’au 26 octobre.

15:30 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer