03/01/2008
Hugo et Voltaire
LE FESTIVAL INTERNATIONAL VICTOR HUGO ET ÉGAUX présente en 2008 Hugo et Voltaire
Créé à l’initiative de la Société des amis de Victor Hugo, le Festival international Victor Hugo et Égaux , lancé avec succès en 2007, se poursuivra du 1er février au 1er mars 2008 avec un programme très riche en événements, qui, parallèlement à Hugo, célèbrera, cette année, Voltaire.
Fort de nouveaux partenariats prestigieux noués notamment avec le Palais des Arts de Valencia en Espagne et la Fondation L’Hermitage en Suisse, le festival se développe sur le plan international. Les passionnés de Hugo pourront en effet entendre à Valencia l’opéra de David Alagna d’après Le Dernier Jour d’un condamné (avec Roberto Alagna et Angela Gheorghiu dans les rôles principaux) et admirer à Lausanne les dessins de Hugo. À Londres, s’ils ont la chance d’y être invités, c’est dans le cadre enchanteur de la Wallace Collection qu’ils pourront assister à un concert d’airs d’opéras ou de comédies musicales inspirés de ses pièces et de ses romans.
En Île-de-France, Paris (la Maison de Victor Hugo, place des Vosges, l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, le Théâtre Darius-Milhaud, le Vingtième-Théâtre, etc.) et Créteil (le Centre socioculturel Madeleine-Rebérioux) continueront à être les villes pilotes du festival, proposant de nombreuses manifestations hugoliennes et voltairiennes. On pourra, par exemple, à Créteil puis au Théâtre Darius-Milhaud de Paris, aller découvrir en création une comédie de Danièle Gasiglia, mise en scène par Vincent Auvet, « Moi, j’avais son amour… » , évocation très dynamique de moments forts de la relation entre Hugo (interprété par Michel Miramont) et celle qui lui sauva la vie lors du coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte, Juliette Drouet (incarnée par Laurence Colussi).
Au Centre Censier de l’Université Paris 3 se jouera une comédie savoureuse et très méconnue de Voltaire, Les Originaux, mise en scène par Didier Moine, et seront projetées de précieuses archives INA, parmi lesquelles une adaptation de Zadig avec, dans le rôle titre, un débutant nommé Gérard Depardieu et, dans la distribution, le jeune Pierre Arditi que l’on retrouvera aussi dans une captation de Marie Tudor…
Y sera présenté aussi le travail sur Le Théâtre en liberté d’un atelier d’acteurs de l’ANPE Spectacles et d’étudiants de Paris 3. Jean-Paul Zennacker qui en assumera la direction artistique fera entendre par ailleurs les dimensions ironique et politique de la poésie de Hugo. On se promènera dans Paris sur les pas de Voltaire et de Victor Hugo, sous la conduite de Pierre Leufflen et d’Arnaud Laster.
Deux cours d’interprétation du grand baryton François Le Roux seront ouverts au public. La Péniche-Opéra accueillera le second ainsi qu’un récital de la soprano Françoise Masset, accompagnée par Françoise Tillard, consacré aux Orientales de Hugo mises en musique.
Les régions ne seront pas en reste avec, en Haute-Normandie, le premier Salon du livre Victor Hugo au Musée de Villequier, et un riche prolongement du festival en Région-Centre.
Contact : festival.hugo-egaux@laposte.net
ou 06 08 97 13 60.
21:15 Écrit par Dadumas dans culture, éducation, exposition, Film, Histoire, Littérature, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Culture, littérature, poésie, théâtre | Facebook | | Imprimer
30/11/2007
"Une vaste porte sur le Ciel"
Les peuples mongols ont une histoire. Mieux, une épopée. Celle de Temujin, un jeune homme audacieux qui, au XIIe siècle, unifia les tribus nomades des steppes et en 1206, fut proclamé par elles : « chef suprême », Gengis Khan.
Sans doute les rois dépossédés de leurs trônes, les villes pillées retinrent son nom comme celui d’un conquérant impitoyable. Henry Bauchau y voit un homme indomptable qui se présente comme un justicier pour les peuples, et qui, pour satisfaire son rêve de liberté ouvre « le monde comme une vaste porte sur le Ciel. » Il cherche Dieu, et se méfie des prêtres : « Le Coran, il fallait l’ouvrir, et vous l’avez fermé. » S’appuyant sur des lettrés comme Tchélou t’saï (Michael Maïno), il fait écrire la Loi. Au bout des victoires, lui qui chevauchait, « ivre de vent » dans les steppes sans frontières, doit un jour s’arrêter, paralysé, et mourir.
Henry Bauchau écrit l’errance dans un verbe claudélien, et ouvre une quête à la fois chrétienne et brechtienne dans ses affirmations : « On peut rassasier les pauvres, jamais les riches », comme dans ses interrogations. « Qu’est-ce qu’un homme ? » demande Gengis Khan, « Quel est son prix ? » demandait Brecht. La Chine ? « Son peuple l’a sauvée » dit Bauchau. « La chose appartient à qui la rend meilleure » disait Brecht.
Dès le premier tableau, l’auteur peint un Temujin (Laurent Letellier) complexe, à la fois respectueux de sa mère (Marta Terzi,) mais rebelle à la tradition. Fidèle à la mémoire du fondateur, son père, Yesugeï, il aspire à la simplicité. Il exalte, face à Timour (Thomas Blanchet) la force de l’obéissance consentie devenue amitié, et face à Djébé (Lorenzo Baïtelli), le sublime de la clémence. Entouré de guerriers, amis ou ennemis (Alexandre Barbe, Sarkaw Gorani, Bertrand Nadler, Régis Vallée), il reste seul et doit renoncer à l'amour de Choulane (Delphine Haber).
La phrase est lyrique et les chœurs en soulignent la musique. Benoît Weiler, le metteur en scène, élargit l’espace scénique avec trois écrans, l’un central, les deux autres latéraux, sur lesquels il projette des images de steppes, de cavaliers, une tête de bouddha, les calligraphies sacrées (vidéo : Thomas Johnson). Au fond un praticable étroit pour ceux qui dominent. On aperçoit à jardin, entre les deux écrans, derrière un rideau rouge, les deux musiciens, Geoffrey Dugas aux percussions et aux bols chanteurs, Vincent Martial à la flûte. Ils accompagnent dix comédiens magnifiques qui tous, sauf Laurent Letellier, interprètent plusieurs rôles, et dansent aussi, rythmant des rites barbares, qui rappellent ceux des possédés du Destin de Youssef Chahine.
À chaque peuple ses couleurs, brun et ocre pour le peuple des steppes, les Mongols ; rouge et or pour le peuple du riz, la Chine; et pour les Persans, le peuple des jardiniers, une gamme de bleus, de l’indigo au turquoise. Chaque costume brodé, incrusté, passementé, galonné, crée un individu et devient un poème sous l’inspiration conjuguée de Dominique Lallau et Hervé Rozelot.
Gengis Khan mis en scène par Benoît Weiler s’inscrit dans les plus puissantes créations de la saison. Sa victoire, c'est la Beauté. Le modeste Théâtre 13 s’est surpassé.
L’épopée de Gengis Khan avait un poète, elle vient de trouver, avec l'équipe du théâtre de l’Estrade, des interprètes à sa mesure.
Gengis Khan de Henry Bauchau
Jusqu’au 23 décembre
01 45 88 62 22
21:35 Écrit par Dadumas dans Histoire, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre, histoire, poésie | Facebook | | Imprimer
18/11/2007
L’ami Philippe
Vous êtes fatigués, déprimés, amers. Vous doutez de tout et de vous-même. Je vous apporte une bonne nouvelle pour vous sortir de là. L’ami Philippe est à Paris. Au Petit Théâtre de Paris. Il est venu vous parler de son ami Roger de Montrouge.
Nous avions déjà rencontré Pierrot d’Asnières, Dom Juan 2000, le Saumon sauvage, le fantôme de Shakespeare, son prof de philo, et tant d’autres : artisans de son quartier, artistes à pied ou à cheval, qui donnent un sens à sa vie, c’est-à-dire à la nôtre. Et ce soir, Philippe Avron nous présente un nouveau compagnon, Roger l’ami d’enfance, l’autre lui-même.
Ils se sont connus en « dixième », à l’âge où on apprend à lire et à penser. Ils étaient encore ensemble en classe de philo, et pour Philippe c’était la « première fois où (il) allait en classe sans angoisse, « parce qu’il n’y a pas de réponses aux questions qu’on peut vous poser ».
- Qu’est-ce qu’on fait ?
- Où qu’on va ?
- Et Dieu dans tout ça ?
Dieu pour Roger, « l’anar de la pensée », ce serait « Ni Dieu, ni maître ». Pour Philippe, le cartésien, « chacun fait comme il veut ». Mais tous deux sont des cœurs purs, des êtres qui sauvent les enfants perdus et les chiens égarés, des missionnaires de l’espoir. Roger « c’est pas une race, c’est une espèce », et Philippe Avron précise : une« espèce humaine, très humaine. » Et vous vous reconnaissez, vous retrouvez vos repères et presque votre credo. Tous les amis de Philippe sont là, Jean-Jacques Lemêtre signe la musique, André Diot et Anne Coudret les lumières, et Ophélia la mise en scène. Le théâtre demande une connivence amoureuse. La vie aussi.
Philippe vous aide. Il vous a donné rendez-vous et avec lui surgissent tous les personnages qu’il a joués. Et les auteurs qui, de Montaigne à Deleuze l’ont nourri. Et Roger, qui « ne s’appelle pas toujours Roger » et « s’adresse à l’enfant qu (’il) était ». Et la petite amie de Roger, Anne-Sophie (Chloé Berthier), fondue de vélo et de texto. Roger ? Il est derrière, ou dans la salle, quelque part, avant d’être dans le trou du souffleur, « au fond du trou ». Comme vous peut-être. Mais sur scène, il y a encore un espoir qui veille, la servante, cette « lampe des papillons de nuit » qui « garde les rêves des gens ». Et Philippe Avron à confiance en vous, fidèles spectateurs, « ingénieux chimistes de (ses) métamorphoses ».
Il pourrait être comme Shakespeare « fatigué de ce monde », où « des nullités notoires se vautrent dans le luxe », mais sa poésie vient nous rassurer.
Oui, il y a encore des Roger partout, et pas seulement au théâtre. Mais ici, maintenant, plus qu'ailleurs. Car, le théâtre, avec Philippe Avron, « c’est fait pour sortir du trou », parce que la parole y est souveraine, et que pour Roger « c’est les mots qui (l)’ont sorti du trou ».
Philippe Avron est venu les partager ce soir.
Mon ami Roger
De et avec Philippe Avron
Jusqu’ au 6 janvier
Petit Théâtre de Paris
01 42 80 01 81
12:10 Écrit par Dadumas dans Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, théâtre | Facebook | | Imprimer