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02/10/2010

Du délit au délire

 

 

Ce n’est pas L’Hôtel du Minet galant ni celui du Libre-échange, mais, il y a du Feydeau dans celui que nous propose Derek Benfield dans À deux lits du délit. Les adaptateurs, Stewart Vaughan et Jean-Christophe Barc nous ont concocté une pièce qu’on jurerait française !

L’établissement est discret, et se cache dans les Yvelines pour abriter des couples illégitimes. Pas aussi cynique que Pinglet, le tenancier, un certain Nollet (Arthur Jugnot), qui est en réalité un remplaçant, empoche sans scrupule toutes les gratifications supplémentaires. Et avec les deux Messieurs Dubois, qui occupent des chambres jumelles, en haut de deux escaliers différents, il va se faire un joli pactole ! Mais son salaire, pour douteux qu’il soit, lui donnera bien de la peine. L’établissement n’est pas de tout repos. Il faut mouiller la chemise pour éviter que les épouses légitimes ne croisent leurs maris respectifs, il faut transpirer pour servir des mensonges plausibles afin d’échafauder des alibis ! Le décor de Charlie Mangel est un modèle de simplicité roublarde. Et Arthur Jugnot joue admirablement le rusé compère.

Les deux Dubois ? L’un est grand (Cyril Garnier), l’autre est petit (Guillaume Sentou), mais tous deux, rompus au duo comique mènent le délit au délire. Les deux femmes ? L’une est piquante (Mathilde Penin), l’autre pulpeuse (Juliette Meyniac), et, sous la baguette de Jean-Luc Moreau, tout ce joli monde, s’excite, s’agite, de la chambre à la réception, dans les étages et dans les lits, s’habille et se déshabille (costumes de Juliette Chanaud), mais jamais, jamais ne consomme l’adultère…

Course sans frein, cascade de gags, échange de pantalons (comme dans Le Fil à la patte), équilibres et acrobaties, rétablissements in extremis, les comédiens sont des virtuoses. Pas une minute de repos pour eux. Pour le spectateur, pas une minute sans rire !

 

 

 

 

À deux lits du délit de Derek Benfield

Théâtre de la Michodière

01 47 42 95 22

 

 

 

 

 

 

01/10/2010

Jeunesse

 

 

C’est l’année Musset. Avec ses élèves du cours Florent, Jean-Pierre Garnier a réalisé un magnifique travail choral en mettant en scène La Coupe et les Lèvres poème agrémenté de références à la Confession d’un enfant du siècle.

la coupe 7.jpgOnze jeunes comédiens : Valentin Boraud, Camille Cobbi, Matthieu Dessertine, Sylvain Dieuaide, Pauline Dubreuil, Thomas Durand, Marianne Fabbro, Lazare Herson-Macarel, Marie Nicolle, Antoine Philippot, Jean-Charles Schwartzmann. Issus du cours Florent, de l’Erac, du TNS, des Conservatoires municipaux, ces jeunes gens très doués, figurent les chasseurs, les soldats, les paysans, les chevaliers, les moines, créant une polyphonie très antique pour un chœur romantique. Quatre éléments féminins incarnent la fiancée, la courtisane, la sœur, et peut-être la mère.la coupe 9.jpg Face à ces types sociaux, un rebelle : Frank, qui « brûle la maison de son père », et cherche sa voie, entre anarchisme, et discipline.

« L’artiste est un soldat », dit Musset, mais son Frank serait plutôt un « soldat de fortune » ingouvernable qu'un militaire responsable. « Homme de bronze », refusant son « patrimoine », il est « sentimental la nuit et persifleur le jour ».

Le travail du mouvement conduit par Maxime Franzetti, donne au groupe une cohésion merveilleusement orchestrée. Les silhouettes juvéniles séduisent. Androgynes, toutes vêtues de sombre au début, elles prennent des poses, se dénudent, se sexualisent. Les filles en robes légères colorées dansent leurs désirs. Jean-Charles Schwartzmann, les accompagne de ses compositions musicales à la guitare, au clairon, à l’accordéon, au piano. C’est prodigieux de beauté.

Mais pourquoi faut-il que le rôle de Frank, passe de bouche en bouche, de corps en corps ? C’est admirable comme travail de groupe. Mais c’est aller contre l’essence même du héros romantique : un individu solitaire face à une société qu’il rejette. Pour qu’on saisisse mieux le travail de la troupe, ne serait-il pas plus logique que le personnage du « coureur d’aventures », « Prométhée » voué à l’échec soit incarné par un seul comédien face à tous les autres ? Par eux, le malheur advient à cet « étranger vêtu de noir », qui croyait boire à la coupe du bonheur.

Cependant, ne boudons pas le plaisir de découvrir des comédiens prometteurs ! Et celui de retrouver avec eux ce Musset  passionné qui joue les blasés, sensible qui joue les cyniques : toute la jeunesse, quoi !

 

 

 

La Coupe et les Lèvres d’Alfred de Musset

Théâtre de la Tempête

01 43 28 36 36

 

23/09/2010

Tout pour plaire

 

technicien_site_g.jpgJean-Pierre Chapuis (Roland Giraud) avait pour devise « la faiblesse des autres c’est ma force ! ».  Pourtant, tel qu’il apparaît ce matin-là à son ex, Séverine (Maaike Jansen), il a tout l’air d’un « chien errant ».

Sans travail, sans ressources, il vient quêter son pardon et solliciter un emploi.2010-07-02_I7I8812.tiff.jpg

C’est qu’elle a réussi, elle, la femme abandonnée !

Plaquée sans indemnité,

elle est maintenant directrice d’une maison d’édition, et elle a reconstruit sa vie.

Elle a, à ses ordres, un fiancé, Patrice (Patrick Guillemin), une secrétaire, Célia (Zoé Bruneau), un assistant, Gaëtan (Jean Franco), un coursier, Guillaume (Arthur Fenwick). Elle exige beaucoup, et de tous.  

Mais a-t-elle oublié le grand amour de ses vingt ans ? Et qu’est devenue cette Victoria pour laquelle il l’avait plaquée et qui n’a duré que trois ans et demi ?

Rebaptisé « Auguste Pichare », afin de ne pas éveiller les soupçons du « fiancé », Jean-Pierre qui fut un financier rutilant, accepte l’emploi peu reluisant de technicien… de surface. C’était un « salaud », elle se venge.

Mais, - il y a toujours un « mais » dans  ces situations, - la réalité glorieuse se fissure dès l’embauche dudit  coupable. « Auguste » découvre que Patrice entretient une liaison avec Célia. Il déjoue alors toutes leurs manigances. Le petit Guillaume devient son allié avant que Victoria (Elisa Servier) ne réapparaisse et que chacun ne découvre le pot aux roses.

Car bien sûr, de révélation en aveu, l’intrigue court, rebondit, jusqu’à l’empoignade générale. Cousue en fil bicolore, noire pour l’âme humaine, rose pour les sentiments, la comédie d’Eric Assous a tout pour plaire. Du rythme, et des comédiens épatants en assurent une représentation sans temps mort.

On y égratigne aussi le milieu de l’édition, son hypocrisie, ses bassesses et la figure de l’auteur débutant, dessinée à grands traits dans le personnage de Liebovski (Jean-Yves Roan) montre que l’auteur a de la tendresse pour ses créatures.

2010-07-02_I7I8723.tiff.jpgCharlie Mangel a construit un décor clair et plein d’astuces. Jean-Luc Moreau s’est visiblement amusé à diriger son équipe.

 

 

C’est joyeux, bien conduit, bref un divertissement hautement recommandable…

 

 

 

 

 

photos : Bernard Richebé

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Technicien d’Eric Assous

 Théâtre du Palais-Royal

01 42 97 40 00

20 h 30