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15/11/2008

Faire vibrer la ménagère

 

Qu’est-ce qui fait vibrer la ménagère de moins de cinquante ans (et les autres) qui regarde la télé à longueur d’années ? L’Amour, toujours ! Et si les producteurs d’émissions (plus ou moins médiocres) n’en tiennent pas compte, leur audience chute ! Car elles font « la pluie et le beau temps /Sur le petit écran ». Les ménagères (Alma de Villalobos, Cécile Nodie, Laurie May), robe verte, robe bleue et robe jaune bordées de peluche douce à l’ourlet, portent des dessous de simili-cuir, culottes et corselets noirs, érotiques et dominateurs.AUDIMAT%20Photo%20troupe.jpg

La mise en scène de Stéphan Druet est inventive. Les lettres « A-u-d-i-M-A-t » constituent un décor astucieusement construit. Les deux A, l’un à jardin, l’autre à cour, se souviennent les rébus d’Hugo*. Ils s’ouvrent en tables et les deux producteurs rivaux y tiennent leur bureau. Le M se sépare en deux colonnes adverses, vases communicants des « belles audiences » de l’un et des « pertes d’influence de l’autre ». « Quand on est producteur, on n’est pas enfant de chœur », et tous les coups bas sont permis. Quand l’émission de M. Slidge (Frédéric Norbert) cartonne, celle de M. Chaussette (François Briault) cafouille. Christiane Serpentin (Valérie Zaccomer) chargée des pourcentages et des classements de l’Audimat fait équipe avec une assistante déçue : Ilda (Alice Decelle). Toutes deux manipulent le jeune présentateur Etienne Poule (Sinan Bertrand), et Violette (Amala André) la séduisante animatrice.

Rassurez-vous, au royaume de la comédie musicale, on n’achève pas les concurrents. Les enquêtes et les fluctuations de l’opinion publique s’en chargent. Et l’humour aussi, car la musique et les lyrics de Tancrède dynamitent tout réalisme.

Tancrede%20Portrait%20par%20Francois%20Rousseau.jpg Stéphan Druet a travaillé longtemps avec la compagnie des Brigands.

 Maintenant avec Tancrède, il a trouvé un auteur compositeur contemporain exceptionnel.

Ah ! Vive la télé sur scène avec de tels interprètes. Ils sont tous épatants.

« Va y avoir des remous » dans le domaine de la comédie musicale tant l'équipe est talentueuse !

 

 

 

 

 

* Voir note sur l’exposition : L’esprit de la lettre automne 2007 et en particulier Victor Hugo, Rébus amoureux pour Léonie d’Aunet, vers 1858. Maison de Victor Hugo.

 

Au Trianon

depuis le 13 novembre

01 44 92 78 04

Depuis le 13 novembre

Menu de soirée

 

 Elle a de la volonté Bertille (Céline Garribaldie) ! bertille%20avec%20carte_0.jpg Dans ce restaurant huppé où il va dîner, il faut réserver sa place un an à l’avance. Elle en a rêvé, elle s’y est préparée avec constance, comme pour un rendez-vous amoureux, assortissant ses tenues au menu qu’elle commande (Costumes Jef Castaing). Bertille 2.jpgPeau d’Âne ne commandait que des robes couleur de temps ou de lune, Bertille, ose la robe « velouté », la robe « poissons et crustacés », la robe « poulette », la robe rôti », la robe « salade », et jusqu’au café, elle dépouille, jupe après jupe les mets de la carte. Satisfaisant sa gourmandise, elle effeuille les textes qu’une vingtaine d’auteurs ont dédiés aux plaisirs sensuels de la table. Seule en scène, voluptueuse, elle rayonne.  

Les lumières de Jean-Frédéric Beal donnent du jus à la mise en scène de Frantz Herman, et la voix charmeuse de Bertille enveloppe les mots de douceurs qui mettent le spectateur en appétit. Les mignardises du dîner précèdent toujours les bagatelles de la porte. Mais seuls les connaisseurs le savent.

 

 

 

 

 

Bertille ou La Cerise sur le gâteau

Depuis le 13 novembre

A la Folie-Théâtre à 19 h du jeudi au samedi

01 43 55 14 80

 

07/11/2008

La nuit du coup de couteau

 

 

Ils portent la même veste noire, coupe sobre, tissu sec, facture bon marché. Ils sont de la même famille sociale. Milieu modeste dont on s’élève par les cours du soir, et  le travail. Tous ? Sauf une, Hélène, la narratrice (Laure Wolf), velours noir et revers de satin, la belle tentatrice, venue s’encanailler au Tropical Bar, un soir, le soir du crime…

Et aujourd’hui, ils sont là, réunis pour le procès. Le présumé coupable, Alex (Raphaël Leguillon), répète : « Ce n’est pas mon histoire ». Rebelle à toute discipline, il a déjà été placé en foyer. Ce soir-là, il a abusé du rhum et du shit, tous les témoins le disent. C’est un mauvais garçon, il attire les regards, enveniment les querelles. Le Père (Jean-Jacques Simonian) et la Mère (Virginie Volmann), s’interrogent, maladroits, dépassés, mais solidaires de leurs enfants, accompagnés de Frédéric, son frère (Anthony Breurec), l’un à côté de l’autre, côté jardin.

Côté cour, Germain, le frère de la victime (Arnaud Stéphan) : il est seul, il dit la dévastation de sa famille, sa souffrance, son chagrin. Il demande justice.

Entre les deux, au proscenium, une jeune femme, Cécile, (Flora Brunier), bénévole à la prison, elle y enseigne. Elle a été « émue » par Alex, enfermé dans ses refus, sa révolte suicidaire. 

Maintenant, elle l’aime, et se demande s’il est « récupérable ». Elle sait que « ce n’est pas à la prison qu’on soigne », mais elle voudrait savoir s’il est « foutu », ou s’il n’est qu’un « accidenté ». Pourquoi, comment, a-t-il « franchi la ligne » ?

Nadia Xerri-L. l’auteur, a été bouleversée par un fait divers, et par l’attitude de l’accusé pendant les audiences : un assassin, sans doute, mais pas un Zucco. Alex ne reconnaît pas son crime, il n’avouera jamais. L’arme du crime n’a pas été retrouvée. Le doute s’installe. Pourtant, la nuit où Remi a été saigné à mort, il était le seul à en avoir un. Qui a frappé Rémi, la nuit du coup de couteau ? Quel rôle a joué Hélène, l’allumeuse, dans ce milieu qui n’était pas le sien ?

La mise en scène de l’auteur recrée une cour d’assises, avec un espace décliné en niveaux différents. L’accusé est debout sur la plus haute estrade, on n’ose pas dire l’échafaud, d’où partent deux « promenoirs » qui vont s’éclairer de rouge. De cette plate-forme, descendent symétriquement deux escaliers qui mènent au niveau des témoins, assis sur une banquette qui referme le tribunal d’une longue ligne sombre. Tout est noir. Seuls, les « promenoirs » vont s’éclairer du rouge des Assises. Quant aux  personnages, le rare blanc qui éclaire leur costume vient du T-shirt ou de la chemise. Hélène porte un haut de satin rose provocateur.

Rien de réaliste dans ce tribunal, et pourtant, tout est conforme à l’angoisse qui en sourd. Pas de réalisme temporel non plus. Tout ce qui se dit ici est comprimé dans les trois minutes qui précèdent l’entrée de la Cour.

Chacun revit la soirée tragique, commencée dans l’allégresse d’un anniversaire, dans la joie du karaoké, des chansons d’Étienne Daho, de Dalida et de Johnny. Les acteurs habitent avec passion et rigueur un texte impressionnant.

Couteau de nuit parle avec talent de notre société de ses errances, de ses victimes, de ses désarrois. Ne manquez pas les représentations.

 

 

 

 

Couteau de nuit  de Nadia Xerri-L

Jusqu’au 22 novembre

au Théâtre de la Ville/théâtre des Abbesses

01 48 87 54 42

ensuite en tournée :

1er-5 décembre au Théâtre universitaire de Nantes

11, 18 décembre à Montluçon

1301/09 à Châtenay-Malabry

29-31 janvier à Aix-en-Provence

4-6 février Évry

10-12 février Brétigny

17-21 mars Comédie de Saint-Étienne

25-27 mars le Volcan au Havre

17:59 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, justice, xerri-l |  Facebook | |  Imprimer