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19/02/2008

Tout l’amour de Juliette

      Juliette Drouet aimait un « grand petit homme ». Il s’appelait Victor, elle l’appela Toto. Elle était encore plus petite que lui. Elle était comédienne, il était le chef de l’école romantique. Ils se rencontrèrent au théâtre, pendant les répétitions de Lucrèce Borgia. Il l’appela Juju. Il était marié. Il n’abandonna pas sa famille. Il exigeait qu’elle lui écrive deux lettres par jour. Leur liaison dura cinquante ans. Tout l’amour de Juliette Drouet pour Victor Hugo se nourrit donc de mots autant (sinon plus) que de caresses. Il ne fut jamais rassasié.Presque toutes ses missives nous sont parvenues. Il était tentant d’en faire une pièce de théâtre. Dans le cadre du Festival Hugo et égaux, Danièle Gasiglia-Laster s’y risque avec succès, dans Moi, j’avais son amour. 

     Elle a d’abord choisi d’illustrer vingt ans de la vie des amants. Mais afin de ne pas réduire les scènes à de fastidieuses lectures de lettres, elle imagine que deux comédiens Marianne et Julien, répétent une pièce sur Juliette et Victor. Marianne commente son personnage, Julien la contredit, ils se disputent un peu, et de discussions en réconciliations, progressent de la connaissance de leurs rôles et dans la compréhension de chacun. De l’estime à l’amour, ils franchiront le pas.

     Laurence Colussi donne sa grâce à cette Marianne qui devient Juliette, et Michel Miramont est Julien-Victor au caractère bien trempé. Vincent Auvet a choisi la simplicité dans ce petit théâtre du xixearrondissement.Tout est astucieusement pensé et réalisé. Il faut pouvoir démonter le décor en quelques minutes. La musique, romantique évidemment, crée l’atmosphère congruente.

     Pas de costumes. On n’en a pas besoin pour ces répétitions, moins mouvementées que celles de Hugo avec Sarah Bernhardt. Cependant, elles donnent vie à l’éternelle seconde, celle qui pendant cinquante ans, dans l’ombre se dévoua par amour.

     Existe-t-il encore des Juliette à l’heure des Cécilia ?

Théâtre Darius Milhaud

Jusqu'au 29 février

01 42 01 92 26

18/02/2008

Ces dames au salon !

Ces dames sont au salon ! Dans un décor de velours rouge signé Nicolas Sire, sous le regard attentif de Madame Hortense, la mère maquerelle (Catherine Allégret), Antonia (Cécile Bois), Pilar (Laura Presgurvic), Pepita (Christelle Reboul), Rosita (Serena Reinaldi) attendent les messieurs qui viennent acheter un moment de plaisir. La tôlière a de la religion et des principes « ni grossièretés, ni gros mots », et une tarification à respecter. Et pas question de laisser le jeune peintre excité (Félicien Juttner) signer une reconnaissance de dettes ou payer en dessins. Même quand on s’appelle Picasso. D’ailleurs, en 1895, son nom ne dit rien à personne.

C’est un bordel ordinaire vu par un hidalgo, Jaime Salom. Madame Hortense est plus tendre envers ses « filles », qu’envers la sienne, Sofia (Cécile Luciani) à qui elle mène la vie dure. Antonia se fait passer pour une jeune veuve dans son village. Pepita est joyeuse d’être là avec sa sœur Rosita, Pilar est désespérée et Pablo les veut toutes.

 L’auteur brosse à grands traits la naissance du tableau Les Demoiselles d’Avignon (1907) que les pensionnaires de la rue d’Avignon à Barcelone lui auraient inspiré. Pourquoi pas ? Les comédiennes ont de l’abattage, les dialogues filent drus, les costumes de Valerian H sont éloquents, et le jeune Picasso est un jeune premier comique à la Francis Perrin. On ne s’ennuie donc pas, et voilà une pièce pour six femmes qui nous change de la Casa de Bernada Alba ou du Dialogue des carmélites !

 

Théâtre Rive gauche

01 43 35 32 31

18:30 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

Morale

« Permettez-moi de vous le dire, la vraie morale, la grande morale, la morale éternelle, c’est la morale sans épithète.  [...] C’est la vieille morale des philosophes, de Socrate, d’Aristote, la morale éternelle, comme l’âme humaine elle-même. »

Jules Ferry  (1879)