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22/11/2008

Une authentique leçon d’histoire

 

 

Elle n’était pas très jolie. Le duc de Saint-Simon la comparaît à un grenadier, et la Cour se moquait de son physique et des verdeurs de son langage. Mais la princesse Palatine (Marie Grudzinski) possédait le sens de l’humour. Assez lucide pour reconnaître qu’elle était laide, le jugement sûr, la plume féroce, elle avait l’intelligence et l’esprit de répartie. Louis XIV avait aimé Henriette d’Angleterre, la première épouse de Monsieur, son frère. Il appréciait cette belle-sœur truculente. À la mort de la Reine, les relations furent moins cordiales, car la Palatine n’aimait guère la vieille guenippe » (Madame de Maintenon). Elle savait manier l’injure sous la métaphore gaillarde. Elle avait lu Montaigne et Rabelais et préférait le mot cru à un euphémisme. De son Palatinat natal elle avait gardé le goût de la Nature, et regrettait que les guerres de Louis XIV ait ruiné sa patrie.

Jean-Claude Seguin met en scène une sélection de lettres qui courent de 1671 (son mariage), à sa mort (1722). Mère attentive, épouse délaissée, la Palatine est un personnage haut en couleurs.Palatinephoto0155parAlexandreFAY.JPG

À travers les intrigues de la Cour qu’elle narre avec pétulance, elle brosse la peinture du siècle de Louis XIV, puis celle où son fils chéri, Philippe, devient Régent. Orgueil de la mère, déceptions de la femme, colère de la chrétienne devant le relâchement des mœurs : tout est dit avec justesse.

Marie Grudzinski donne à Elisabeth Charlotte la vigueur et le charme. Les costumes de Philippe Varache et les coiffures de Daniel Blanc reconstituent l’époque, et les lumières de Philippe Guenver, en recréent l’atmosphère.

Quand nous avons vu le spectacle, deux classes de 1e S, venues de Melun, approfondissaient leurs connaissances du Grand siècle. Cette leçon d’histoire authentique, enseignée par une méthode vivante, était un excellent choix de leurs professeurs. Le Théâtre a souvent plus de vertus pédagogiques que le cours traditionnel.

 

 

 

 

 

 

 photo Alexandre Fay

 

Palatine d’après les Letrres de la Princesse Palatine

 

Du 1er octobre au 27 décembre

Théâtre de Nesle du mercredi au samedi à 19h 30

01 46 34 61 04

13/10/2008

La gloire des Misérables

« Avez-vous lu Victor Hugo ? » demandait Aragon en 1952.

Aujourd’hui, l’exposition Les Misérables un roman inconnu ? nous pose la même question.

Oui, nous avons souvenir des épisodes principaux, véritables morceaux d’anthologie, mais souvent connus, grâce aux séquences cinématographiques qu’ils ont inspirés. Jean Valjean face à Monseigneur Myriel, Javert.jpgJavert face à Valjean, Valjean jurant à Fantine d’aller chercher Cosette. Cosette puisant de l'eau, cosette bayard.jpget Cosette face à sa poupée… Mais quelle poupée ? Celle du film de Raymond Bernard ou de Billie August ? Et Gavroche ? Et Marius, Thénardier, Éponine, une foule de personnages entoure les protagonistes, l’Histoire les a modelés, et Hugo les inscrit dans ce XIXe siècle qui va faire de lui un homme universel.

 

 

Javert (Charles Vanel)

photo Studio Pathé Natan

Photographie du film de Raymond Bernard, Les Misérables, 1933

Paris, Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

© Pathé Production

Emile Bayard (1837-1892)

Cosette

                                                                                                                                                                                           Fusain et pastel, 44,5 x 27

                                             Paris, Maison de Victor Hugo, MVHP-D-349

                                                                              © Maison de Victor Hugo /Roger-Viollet

Les Misérables, oui, nous connaissons le roman. Mais quand Francis Huster donne sur scène un extrait de « Waterloo », peu de spectateurs reconnaissent un chapitre des Misérables. Donnerait-on un jour le dialogue de Mgr Myriel et du Conventionnel, que beaucoup le découvriraient.

 

 La splendide exposition de la Maison Victor Hugo, décrit aussi bien les étapes de l’écriture du roman, que les thèmes qu’il traite, avec quatre axes principaux : la rédemption, la misère, l’amour, l’Histoire. Le cinquième, Paris, est l’objet d’une seconde exposition, Paris au temps des Misérables, au

musée Carnavalet tout proche. L'éléphant de la Bastille n'était pas une invention romanesque.elephant de Bastille.jpg

Manuscrits, dessins, mais aussi peintures, sculptures, documents divers montrent la profondeur du roman, son influence sur les arts, les mœurs et les lois, son extraordinaire rayonnement à travers le monde. Cee n'est pas seulement une redécouverte, c'est la gloire des Misérables.

Arnaud Laster avait déjà, par ses recherches et ses publications, recensé plus de quarante adaptations filmées de l’œuvre. C’est un bonheur de revoir ici, des extraits des principales.

Des photographies contemporaines montrent que la misère, hélas est toujours un fléau, et que le combat du Bien contre le Mal n’est jamais terminé.

 

 

 

Gustave Brion (1824-1877)

L’éléphant de la Bastille

Illustration pour les Misérables

Gravure sur bois

Paris, Maison de Victor Hugo

© Maison de Victor Hugo /Roger-Viollet

 

 

 

 

 

 

Maison de Victor Hugo

6 place des Vosges

Musée Carnavalet

23, rue de Sévigné

fermé le lundi.

Peindre… l’amour

 

 

Pas banale l’histoire d’amour d’Eugène Delacroix avec une jeune femme, que dans son journal il désigne par la lettre J* et sur l’identité de laquelle, tous les commentateurs se sont trompés !

Florence Camoin, qui avait déjà fait son miel des écrits de Vauban (Vauban, la tour défend le roi), a trouvé avec les cinquante-deux lettres de Joséphine de Forget, découvertes aux archives du Val de Marne, de quoi réparer l’injustice de l’Histoire.

L’amour qui unit le peintre à Joséphine, une cousine éloignée, nous est conté sous une forme théâtrale.

Un jeune peintre (Benjamin Lefebvre) venu se recueillir sur la tombe de son maître Eugène Delacroix, y voit une dame (Anne Strelva) déposer un magnifique bouquet. Il la suit, presse ses confidences. Elle dévoile tout : sa jeunesse malheureuse, son mariage de raison, la rencontre avec Eugène, leurs amours… Entre les scrupules de la dame à afficher sa liaison et les réticences de l’artiste romantique à paraître s’attacher à une seule femme, c’est encore et toujours l’opinion publique qui fait loi !

René Camoin est Delacroix, fantôme errant sur la scène, qui surgit quand le récit l’évoque. Jamais ils ne se touchent, jamais ils ne s’enlacent, mais la force de l’amour les aimante.

La musique de Chopin ponctue les scènes. Les costumes de Dragos Moldoveanu semblent sortis de L’Illustration de cette fin du XIXe siècle. C’est un très joli moment où il est permis de rêver à la pérennité de l’Amour.

 

 

 

Théâtre de Saint-Maur jusqu'au 12 octobre

en tournée ensuite,

Pièce créée en juillet 2008 au Festival off d'Avignon

 

13:16 Écrit par Dadumas dans Histoire, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, théâtre |  Facebook | |  Imprimer