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11/01/2008

Classé X

     Après le Cabaret des mers, la Comédie-Française installe un cabaret coquin pour deux semaines au Studio. Véronique Vella a « imaginé, organisé » ce spectacle musical. Elle l’interprète également avec trois complices : Florence Viala, Laurent Natrella et Clément Hervieu-Léger.

     Mines gourmandes des demoiselles, clins d’œil farceurs des damoiseaux. De la sévérité dans la tenue, tailleurs classiques, noir de rigueur. L’érotisme est dans le texte. Et comme disait (à peu près) Aragon « mieux vaut le terme cru que l’impropriété ». Lui qui chanta Le Con d’Irène s’y connaissait (si l’on peut dire). Véronique Vella invite aussi Baudelaire et l’ami Théo (Gautier), Verlaine, Apollinaire, Breton, Pierre Louÿs, Genet, Calaferte, Gainsbourg et Ferré. On y trouve aussi des femmes : Sappho, Louise Labé, et la délicate Lucette Marie-Sagnières.

     Le décor est sobre, sans doute puisé dans les réserves : tapis d’Orient, tentures de velours frappé cramoisi, hauts tabourets, méridienne pastel. Jean-Louis Cortès signe les arrangements pour clavier. Et c'est gagné !

      On n’imaginait guère de redécouvrir le C’est extra  de Léo Ferré, susurré par deux séducteurs en goguette qui se comptent leurs exploits. Œil de velours pour Laurent Natrella, satisfaction souriante de Clément Hervieu-Léger. : L’effet est garanti. Véronique Vella en fausse ingénue dans le Ah ! Vous dirais-je maman détourné est épatante, Florence Viala en sous-maîtresse, surprenante.

     Textes inconnus, textes bien connus, les métaphores foisonnent, le vocabulaire est somptueux, et comme il s’agit de « donner du plaisir », les quatre comédiens atteignent toujours leur but.

      Oreilles pudibondes s’abstenir. L’enfer des bibliothèques*, ou curiosa, est toujours classé X !

 

 

*Visitez, sur le même thème d’exposition de la BNF

 

 

 

Cabaret érotique

Jusqu’au 20 janvier

Studio de la Comédie-Française

Du mercredi au dimanche à 20 h 30

01 44 58 98 58

 

A partir du 30 janvier, Guillaume Gallienne reprend au Studio Le Divin Jongleur de Dario Fo : un autre plaisir !

10/01/2008

Vive Voltaire

     Quand parut L’Ingénu, en 1767, Voltaire semblait souscrire à la mode du roman sentimental. L’auteur, reprenant le thème du bon sauvage et de l’enfant retrouvé, n’y n’épargnait ni les jésuites, ni les prêtres, ni les jansénistes, ni les puissants, ni les préjugés, ni le confesseur du Roi, c’est-à-dire que le roi lui-même n’échappait pas à ses sarcasmes. L’auteur situait le début de sa fiction le 15 juillet 1689, « l'abbé de Kerkabon, se promenait sur le bord de la mer avec mademoiselle de Kerkabon, sa soeur, pour prendre le frais. ». À cette époque, on mettait les filles rebelles au couvent, et les innocents à la Bastille. La police se saisit des exemplaires. Cent ans plus tard, le 15 juillet 1789, la Bastille était prise.

     Arnaud Denis qu’on avait applaudi la saison passée avec Les Revenants d’Ibsen a, cette saison, engagé sa compagnie, les Compagnons de la chimère, dans l’aventure d’une adaptation de Voltaire, magistralement écrite par Jean Cosmos. Et c’est un grand moment de théâtre. À l’heure des foules moutonnières, des fanatiques de tous bords qui nous empoisonnent l’existence, il faut des gens sacrément intelligents pour faire rire en dénonçant l’arbitraire.

     Il faut aussi imaginer la mer, la guerre, un palais, le couvent, à partir du plateau nu. Les lumières de Laurent Béal assombrissent les murs, grillagent les cellules, « gothisent » le mur du fond en vitrail. Avec la scénographie de Mirjam Fruttiger, les voiles claquent au vent, la Rance coule vers son estuaire, les paravents d’argent de Versailles cachent les turpitudes, et la belle Saint-Yves meurt comme Atala.

     Douze comédiens interprètent une trentaine de rôles. Arnaud Denis, ne se contente pas de mettre en scène, il joue le rôle titre, et sa jeunesse, son ardeur, sa prestance font du Huron, un personnage exemplaire. L’orphelin élevé par des indiens sauvages, retrouve sa famille, est baptisé, éduqué, trahi, sauvé. Chantre de la « loi naturelle », il mène le combat contre l’hypocrisie. Autour de lui, Jacques Ciron donne au prieur de Kerkabon l’allure d’un brave prêtre. Monique Morisi, joue Crédule, vieille fille dont la sentimentalité combat la dévotion, et Romane Portail, prête sa beauté à Mademoiselle Saint-Yves, avec une passion qui émeut les spectateurs autant que les protagonistes. Géraldine Azouelos, est Henriette, dame de Cour, courtisane et maquerelle à ses heures. C’est elle qui livre la vertueuse Saint-Yves à l’abominable Saint-Pouange à qui Jonathan Bizet donne une onctuosité sournoise. Et bien sûr, il y a Jean-Pierre Leroux, qui administre la compagnie et endosse sur scène plusieurs rôles, metteur en scène-conteur, évêque, sergent, Gordon. Avec lui, Alexandre Guanse, tour à tour, régisseur, soldat anglais, laquais, jésuite, père Toutatous, déménageur, médecin. Citons encore Denis Laustriat : l’abbé Saint-Yves, Stéphane Peyran (le fils du Bailly, le garde breton, le gouverneur de la Bastille), Sébastien Tonnet (le jésuite, l’officier anglais, le commis, un déménageur, un médecin).et Geoffroy Veraghaenne : le Bailly de Saint-Malo.

     La troupe mène d’un train d’enfer le voyage de Saint-Malo à Versailles et retour. L’ironie de Voltaire légère passe dans un dialogue acéré et soutient un raisonnement sans failles.

     L’œuvre était polémique au XVIIIe siècle. Il se pourrait bien qu’elle le redevienne… « Écrasons l’infâme ! » aurait dit Voltaire. Vive Voltaire!…

 

 

 

 

L’Ingénu, d’après Voltaire, adaptation de Jean Cosmos

Vingtième Théâtre

à 21 h 30

01 43 66 01 13

Depuis le 9 janvier, jusqu’au 2 mars

 

03/01/2008

Hugo et Voltaire

LE FESTIVAL INTERNATIONAL VICTOR HUGO ET ÉGAUX présente en 2008  Hugo et Voltaire

 

Créé à l’initiative de la Société des amis de Victor Hugo, le Festival  international Victor Hugo et Égaux , lancé avec succès en 2007, se poursuivra du 1er février au 1er mars 2008 avec un programme très riche en événements, qui, parallèlement à Hugo,  célèbrera, cette année, Voltaire.

Fort de nouveaux partenariats prestigieux noués notamment avec le Palais des Arts de Valencia en Espagne et la Fondation L’Hermitage en Suisse, le festival se développe sur le plan international.  Les passionnés de Hugo pourront en effet entendre à Valencia l’opéra de David Alagna d’après Le Dernier Jour d’un condamné (avec Roberto Alagna et Angela Gheorghiu dans les rôles principaux) et admirer à Lausanne les dessins de Hugo. À Londres, s’ils ont la chance d’y être invités, c’est dans le cadre enchanteur de la Wallace Collection qu’ils pourront assister à un concert d’airs d’opéras ou de comédies musicales inspirés de ses pièces et de ses romans. 

En Île-de-France, Paris (la Maison de Victor Hugo, place des Vosges, l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, le Théâtre Darius-Milhaud, le Vingtième-Théâtre, etc.)  et Créteil (le Centre socioculturel Madeleine-Rebérioux) continueront à être les villes pilotes du festival, proposant de nombreuses manifestations hugoliennes et voltairiennes.  On pourra, par exemple, à Créteil puis au Théâtre Darius-Milhaud de Paris,  aller découvrir en création une comédie de Danièle Gasiglia, mise en scène par Vincent Auvet, « Moi, j’avais son amour… » ,  évocation très dynamique de moments forts de la relation entre Hugo (interprété par Michel Miramont) et celle qui lui sauva la vie lors du coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte,  Juliette Drouet (incarnée par Laurence Colussi). 

Au Centre Censier de l’Université Paris 3 se jouera une comédie savoureuse et très méconnue de Voltaire, Les Originaux, mise en scène par Didier Moine, et seront projetées de précieuses archives INA, parmi lesquelles une adaptation de  Zadig avec, dans le rôle titre, un  débutant nommé Gérard Depardieu et, dans la distribution, le jeune Pierre Arditi  que l’on retrouvera aussi dans une captation de Marie Tudor

Y sera présenté aussi le travail sur Le Théâtre en liberté d’un atelier d’acteurs de l’ANPE Spectacles et d’étudiants de Paris 3. Jean-Paul Zennacker qui en assumera la direction artistique fera entendre par ailleurs les dimensions ironique et politique de la poésie de Hugo. On se promènera  dans Paris sur les pas de Voltaire et de Victor Hugo, sous la conduite de Pierre Leufflen et d’Arnaud Laster. 

Deux cours d’interprétation du grand baryton François Le Roux  seront ouverts au public. La Péniche-Opéra accueillera le second ainsi qu’un récital de la soprano Françoise Masset, accompagnée par Françoise Tillard, consacré aux Orientales de Hugo mises en musique.  

 Les régions ne seront pas en reste avec, en Haute-Normandie, le premier Salon du livre Victor Hugo au Musée de Villequier, et un riche prolongement du festival en Région-Centre.

 Contact : festival.hugo-egaux@laposte.net 

ou 06  08 97 13 60.