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27/09/2011

Les Jeux de l'amour

 

 

 

Marier sa fille est délicat, tous nos grands auteurs dramatiques nous l’ont expliqué. Quand M. Orgon (Christian Hecq) s’en avise, lui qui a décidé d’être « trop bon pour l’être assez », se plie aux souhaits de Silvia (Léonie Simaga) qui s’est aperçue que les maris portent un « masque » pour la société, et « une grimace » pour leur femme. Elle se méfie, la belle, et elle obtient de son père qu’il la laisse prendre le déguisement de Lisette (Suliane Brahim), sa servante. Le « hasard » fait que, de son côté, le jeune homme qu’on lui destine, Dorante (Alexandre Pavloff), en a fait de même avec son valet Arlequin (Pierre-Louis Calixte). L’amour fera le reste.

Dans une délicieuse comédie, Marivaux nous montre en cinq actes, Le Jeu de l'amour et du hasard, toutes les surprises de l’amour, sa cruauté, et comment tout s’arrange quand on aime suivant sa condition.

On a vu souvent Marivaux déformé, sous prétexte d’être dépoussiéré ou actualisé. Mais Galin Stoev, heureusement pour nous, n’a cédé à cette tentation moderniste que dans la dispersion de chaises assez laides. Une bagatelle, car sa mise en scène est un bonheur ! Certes, il a décidément un penchant pour les cloisons de verre, mais dans une maison où le père et Mario, (Pierre Niney) le frère de Silvia, - seul dans la confidence - épient ce qui se passe, la transparence se comprend. Et quelle idée lumineuse de montrer un Mario féru des sciences expérimentales de son époque ! Dans quelques années, cet homme-là souscrira à l’Encyclopédie des Lumières, c’est certain !

Les costumes de Bjanka Adžić Ursulov avec leurs couleurs claires, pour les maîtres, chatoient du blanc à l’orangé, à peine cassées de gris pour le manteau du père. Les domestiques sont en noir, couleur de servitude et de douleur.

Léonie Simaga est adorable, Suliane Brahim pétillante, Alexandre Pavloff mélancolique et Pierre-Louis Calixte maladroit et tendre. Quant à Christian Hecq débonnaire, et malicieux, il est inimitable. Renouvelant le jeu des Italiens, qui créèrent la pièce en 1730, les apartés de la commedia s’adresse directement au public.

De quoi offrir aux classes de lycée, venues voir les Comédiens français une vraie chance d’aimer le Théâtre et de comprendre Marivaux !

 

 

 

Le Jeu de l’amour et du hasard

Comédie-Française au 104 du 23 septembre au 4 octobre

Puis Salle Richelieu du 11 octobre au 31 décembre.

http://www.comedie-francaise.fr

 

 

21/09/2011

Tempête en Alaska

 

Le blizzard souffle en rafales menaçantes (Ambiance sonore : Axel Lussiez) quand Rosannah (Isabelle Duperray) trouve enfin refuge. Il était temps ! Avec sa robe de mariée en soie (costumes : Valérie Montagü) et ses escarpins bordés de dentelle, elle risquait la mort. Elle est glacée, affamée, n’a pas dormi depuis des jours. Elle reprend vie dans la chaleur d’une habitation rudimentaire, genre cabane de trappeur. Elle s’écroule au moment où s’éveille le propriétaire des lieux, un certain Henry (Norbert Ferrer), qui y vit comme un ermite.

« La scène est le lieu des conflits », répétait à l’envi Anne Ubersfeld qui fut un remarquable professeur de théâtre. Rosannah est raffinée et bavarde. Henry est du style taiseux et balourd. Tout est donc pour le mieux dans la meilleure dramaturgie possible.

Lorsque la belle se réveille, qu’elle a troqué ses vêtements de fête contre des nippes informes et des godillots, il faudra bien qu’elle explique cette cavale insensée depuis l’Arizona jusqu’à l’Alaska. Il faudra bien qu’il avoue ses éternels remords pour expliquer cette retraite au bout du bout du monde. Il vont se trouver des points communs, et surtout s’apercevront qu’ils ont besoin l’un de l’autre.

Avec peu de moyens, dans un petit théâtre de Montmartre, cette jeune équipe réussit le pari d’une charmante création. Allez l'encourager… Émotion garantie pour un public de tout âge.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une lueur en Alaska (Brilliant Traces) de Cindy Lou Johnson

Traduction de Blandine Pélissier

Le Funambule Montmartre

du Mardi au Samedi à 21h30

jusqu’au au 29 octobre 2011.

01 42 23 88 83

19/09/2011

Eh bien chantez, maintenant !

 

 

 

Du temps de l’O. R. T. F., il n’y avait pas de censure, juste des « conseils ». Au nom des bonnes mœurs et pour protéger la morale des familles, un « comité d’écoute », classait les chansons dans des catégories précises : « pas avant vingt-deux heures », car les enfants se couchaient tôt. Puis venait le « pas avant minuit », plus restrictif, et enfin, le « interdit de diffusion » qui condamnait la chanson à mort.

Ce sont quelques-unes de ces « chansons déconseillées » que les comédiens français, sous la direction de Philippe Meyer, donnent au studio de la Comédie-Française. Ils avaient déjà, la saison dernière, révélé quelques chansons coquines. Depuis le 15 septembre, ils mettent en scène des chansons que le grand public connaissait peu ou pas du tout.

Sylvia Bergé, Cécile Brune, Françoise Gillard, Serge Bagdassarian, Benjamin Jungers, Stéphane Varupenne, Félicien Juttner, et Guillaume Mika, accompagnés de trois musiciens, (Jean-Claude Laudat à l’accordéon, et en alternance, au piano, Pascal Sangla, ou Osvaldo Caló, Anne Causse, au violoncelle, ou Frédéric Dessus, au violon), interprètent des chansons qu’on avait mises au placard. Elles dérangent, mais il est temps de leur dire : « Eh bien, chantez maintenant ! »

Les auteurs ? Béranger bien sûr, et Hugo, car le XIXe siècle n’admettait guère qu’on critique les « gens en place », ou « le bourgeois ». Plus près de nous, Prévert, Mac Orlan, Ferré, Brassens, Darnal, Debord, et la version que Rosa Holt, poétesse antinazi écrivit en 1935 transformant la romance du XVIIe, qui chantait « L’amour m’y contera » de Giroflé, Girofla en chanson antimilitariste.

Il en est des tragiques comme Jean Misère  que Pottier écrivit pour rendre hommage aux Communards, il en est de caustiques, inénarrables comme Le Général à vendre de Francis Blanche ou La Tyrolienne haineuse de Pierre Dac.

Les comédiens français en font de véritables petites comédies (musicales, bien entendu !), et rendent justice à leurs auteurs. On sait quel impact sur l’opinion, produisirent celles qui bravèrent la censure, comme Le Déserteur, ou Le Soudard. Et ce rôle de la chanson Philippe Meyer le défend régulièrement dans ses chroniques.

Les chansons sont utiles, elles propagent des idées. Courez vite au Studio pour retrouver cette heure de liberté, et n’oubliez jamais ce qu’écrivait Roda-Gil, né dans un camp où on avait incarcéré les républicains espagnols : « À quoi sert une chanson si elle est désarmée ? ».

 

 

 

Chansons déconseillées dirigées par Philippe Meyer

Studio de la Comédie Française à 18 h 30

Jusqu’au 30 octobre

www.comedie-francaise

01 44 58 98 58