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13/11/2006

Hugo et ses égaux

 

Les Américains seraient-ils plus cultivés que les Français ? Le Dahlia noir parle de L’Homme qui rit et Little Miss Sunshine  d’un spécialiste de Marcel Proust.

 

Et chez nous ? En 2007, justement, ils pourraient être réunis.

 

Depuis plusieurs années la Société des amis de Victor Hugo souhaite créer un Festival Victor Hugo. Il y a bien un festival Shakespeare en Angleterre ! Et, comme Victor Hugo écrivait «  l’art suprême est la région des Égaux », l’idée est née de le célébrer chaque année, avec un  autre grand écrivain. Une préfiguration du Festival sera proposée à Paris et en Ile-de-France du 15 janvier au 7 février 2007. Le festival se poursuivra à Londres, les 9 et 10 février, grâce à l'initiative de et au dynamisme d’Andrea et P.J. Beaghton, qui veulent accueillir La Esmeralda,  l’opéra dont Hugo écrivit le livret. Jusqu’à aujourd’hui, en France, aucun mécène, aucun ministre ne semble intéressé. 

 

Ce n’est plus le café qui fout le camp, c’est la culture !  

 http://www.victorhugo.asso.fr

festival.hugo-egaux@la poste.net      

12/11/2006

La Mamma et la Médée

 

  Elle est bien morte, la Mamma telle que la chantait Aznavour. Celle que Dario Fo présente avec Franca Rame dans Récits de femmes et autres histoires a viré tout sacrifice de son cursus. Elle revendique, refuse de pardonner, transgresse les traditions et retourne à l’antique modèle, Médée : sorcière et criminelle.

C’est ainsi que Didier Bezace conçoit le spectacle où il réunit  La Maman Bohême et Médée avec son Prologue. Ariane Ascaride est d’abord la Maman Bohème en rupture de conjugalité, poursuivie par les carabiniers, réfugiée dans le confessionnal d’une église et dénoncée par un curé délateur. Puis elle devient Médée, qui empoisonne le mari infidèle pour se libérer de l’ordre établi.

L’art du metteur en scène rend logique la suite des événements et la scénographie de Jean Haas permet l’enchaînement des faits. L’excellente direction d’acteur de Didier Bezace conduit Ariane Ascaride du rôle comique d’une militante communiste et catholique des années 70 au mythe tragique mais dépouillé du sacré. Il habille le drame de grotesque sans trahir le texte, mais en se glissant dans les interstices d’une parole dont l’ironie apparaît dans des gestes quotidiens et réalistes qui contredisent l’apparente soumission.

Ariane Ascaride empoigne les rôles et va au combat comme une vraie militante qu’elle a toujours été. On rit de sa force et de nos faiblesses. C’est excellent…

Allez-y, « elle commence » !

La Maman Bohême suivi de Médée

Deux pièces de Dario Fo et Franca Rame

Traduction de Valeria Tasca

 Du 8 novembre au 17 décembre

Théâtre de la Commune d’Aubervilliers

01 48 33 16 16

 

22:15 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer

09/11/2006

Vêtir la Vérité

Connaître la vérité toute nue ? Vous y parviendrez rarement. Au nom de la morale et de la religion les Hommes la revêtent trop souvent d’un voile pudibond ou d’oripeaux horribles.

Ce n’est pas tout à fait par charité chrétienne que l’écrivain Nota (Gilles David) a recueilli Ersilia (Cécile Coustillac) la suicidaire. Ce n’est pas par désespoir amoureux qu’elle a voulu mourir, enfin, un peu quand même… Mais il est difficile de dénouer le fil de la vérité dans l’écheveau des mensonges. Pirandello nous le dit depuis 1917 avec Chacun sa vérité et Les Grelots du fou jusqu’à ce Vêtir ceux qui sont nus créé en 1922. Il poursuivra cette quête tout au long d’une œuvre qui fouille les faiblesses des hommes et les plaint plus qu’il ne les juge.

Elle est bouleversante Cécile Coustillac, dans ce rôle de jeune fille séduite et que le désir de vivre a abandonnée. Elle touche « l’extrême fond », et dans son « petit ensemble bleu clair » qui lui donne l’air d’une collégienne, elle a atteint ce désespoir dont parle Kierkegaard, ce dégoût de la vie, où même l’espoir de la mort n’existe plus. Elle parle de sa vie vide, et crache son mépris à la face des hommes qui l’ont niée. A Franco (Antoine Mathieu) son séducteur qui l’a éveillée aux plaisirs de la chair et qui se dit bourrelé de remords, mais uniquement depuis que sa fiancée l’a mis à la porte. Elle oppose le même visage buté à Grotti (Sharif Andoura) le maître qui a profité « du feu » que Franco avait « allumé » en elle, et l’a avilie jusqu’à la haine, jusqu’au drame qui a causé la mort de l’enfant dont elle était la nurse. « Tous des chiens ! » qui ne comprennent pas qu’il lui est impossible de vivre.

Stéphane Braunschweig, le metteur en scène, choisit un décor emboîté dans des cloisons matelassées obscures qui feutrent les murs du meublé de Madame Onoria (Hélène Schwaller), où la jeune Emma (Anne-Laure Tondu) fait le ménage. Ainsi ces deux femmes s’inscrivent dans une société doublement close où règne une morale hypocrite qui s’offusque au nom de la bienséance, mais pleure au récit des malheurs d’Ersilia. Il décale l’action dans une époque plus proche de la nôtre puisque les costumes (Thibaut Vancraenenbrock) évoquent plus les années 70 que les années 20, et que le journaliste (Thierry Paret) tient une caméra.

On l’approuve de jouer l’atemporalité sur un texte, qui paraît avoir été écrit pour notre époque de voyeurisme et de « victimisation ». La traduction ne Ginette Herry y est sans doute pour beaucoup aussi. Ou alors, Pirandello qui s’inspirait à la fois d’un fait divers, et de la nouvelle de Luigi Capuana qui fut le narrateur et le héros de l’aventure des « Carnets d’Ada », a-t-il pressenti le rôle que la presse à sensation pouvait jouer ? Toujours est-il que dans le personnage de Nota  (celui qui a des notes ?), l’auteur commente, raille, ironise sur sa condition avec l’allusion à son roman de 1901 : L’Exclue.  Gilles David, goguenard et gourmand l’incarne avec une élégance malicieuse. Face à un Antoine Mathieu torturé, à un Sharif Andoura qui fait la bête et que le démon de midi taraude, il peut imaginer sa comédie du « mensonge démasqué », et rend le spectateur complice. La jeune Cécile Coustillac, l’air buté, oppose sa fragilité à l’orgueil de l’écrivain qui a tout deviné et à la vanité du journaliste fier de « l’émotion » que son récit a provoquée, « C’était si bien raconté dans le journal ! » dit Madame Onoria. Le contraste entre cette somnambule dévastée et la suffisance des hommes émeut le spectateur, qui, avec elle commence à réfléchir « à ce que personne ne s’avoue à soi-même ».

Vêtir ceux qui sont nus s’inscrit dans le cycle « Masques nus » de Pirandello. Et la mise en scène de Stéphane Braunschweig ne travestit aucun des thèmes…

Vêtir ceux qui sont nus de Luigi Pirandello

Théâtre de Gennevilliers

Du 7 au 24 novembre

01 41 32 26 26  

 

 

23:11 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer