08/05/2015
Cultiver son jardin
Les jardins de Chaumont ont ouvert leurs grilles sur les nouvelles installations. Le thème 2015 ? « Jardins extraordinaires, jardins de collection. »
Nous n’avons pas tout vu. En particulier dans le parc historique.
Nous avons commencé par les installations murales d’El Anatsui, artiste ghanéen qui utilise les « matériaux de rebut », étiquette, capsules de bouteilles, emballages d’aluminium, et regardez l’effet moiré de cette tapisserie mouvante… Étonnant !
Puis nous sommes allés à la découverte des « chasseurs de plantes de jardin », avec leurs nuances, la collection bleue,
la collection noire,
les cabinets de curiosités,
le jardin sauvage si bien organisé,
la phytothèque, les mousses,
l'alignement des cactées, la serre des victorias,
les plantes carnivores dans des cages protectrices...
les résineux nains,
les iris… Et tant d'autres, fleurs et plantes, merveilles naturelles pour cultiver son jardin...
Allez-y, c'est splendide !
Jardin de Chaumont-sur-Loire
festival des jardins jusqu'au 1er novembre
www.domaine-chaumont.fr
tél. 02 54 20 99 22
15:58 Écrit par Dadumas dans culture, exposition, Loisirs, Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jardins de chaumont, nature | Facebook | | Imprimer
25/02/2015
Albertine retrouvée
On avait un peu oublié la vie tumultueuse d’Albertine Sarrazin. Abandonnée à l’Assistance publique à la naissance, adoptée, violée à dix ans par un oncle, elle est bouclée au Bon Pasteur dès les premières révoltes de l’adolescence. Elle commence à noircir de petits cahiers, et ses écrits sont confisqués. Excellente élève, mais indisciplinée, elle fugue le jour de son oral de bac. Elle quitte Marseille où « le nombre de flic égale celui des malfaiteurs. »
De quoi peut vivre une fille de quinze ans à Paris ? Elle se prostitue, tente un braquage avec son amie Emilienne et la voilà en prison à seize ans. Elle supporte mal la « solitude et l’enfermement » et quand en 1955, elle est condamnée à sept ans de prison, elle s’évade, saute d’un mur de dix mètres et se casse un os du pied, l’astragale.
Celui qui la ramasse, c’est Julien Sarrazin, un petit délinquant, qui va devenir son grand amour. Elle ne va vivre que pour lui, par lui. Ils sont arrêtés, condamnés, libérés, réincarcérés, mais ils se marient, et une fois leurs peines purgées s’installent ensemble dans les Cévennes. En 1964, Jean-Jacques Pauvert accepte deux manuscrits : La Cavale et L’Astragale, deux succès d’édition, tout de suite adaptés au cinéma. Albertine Sarrazin devient célèbre, « Je crois au pouvoir de la volonté, de l’enthousiasme. » déclare-t-elle, dans une interview.
Mais le bonheur est court et la vie injuste. En 1967, à cause d’un anesthésiste incompétent, elle meurt après une opération. Elle n’avait pas trente ans.
Mona Heftre bouleversée par l’œuvre et la vie d’Albertine lui dresse un mémorial poignant. Spectacle baroque bâti avec des textes puisés dans les romans, les poèmes (dont certains sont mis en musique (musique de Camille Rocailleux), les entretiens. Avec sa silhouette fine, ses gestes gracieux, Mona réincarne l’incandescente jeune femme brune au visage étroit et aux yeux immenses. Manon Savary, qui signe la mise en scène et une vidéo, donne aux images en noir et blanc une esthétique contrastée faite de lumières crues et de noirs angoissants. Les lumières de Pascal Noël articulent les épisodes de cette impétueuse « vie de cavale ».
Comment ne pas l’aimer cette Albertine, qui volait les poèmes de Rimbaud et défiait la famille bourgeoise qui l’avait reniée ? Comment ne pas la plaindre, elle qui fut victime de la « bestialité des hommes » ? Elle n’avait ni « bon sens, ni morale, ni retenue ». On a jugé qu’elle était « perverse », et même un « danger pour l’ordre public », alors qu’elle n’était qu’une petite fille affamée d’amour et de tendresse. Ses mots, comme des cris rebelles saisissent les spectateurs.
Grâce à Mona Heftre, Albertine disparue est devenue aujourd’hui Albertine retrouvée.
Photo :© D. R.
Albertine Sarrazin, une vie de cavale de Mona Heftre
d’après l’œuvre d’Albertine Sarrazin
du mardi au samedi : 19 h, dimanche : 15 h
Théâtre de Poche-Montparnasse
Depuis le 24 février et jusqu’au 3 mai
01 45 44 50 21
21:53 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Littérature, Musique, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, poche-montpanasse, poésie, littérature, albertine sarrazin, mona heftre, manon savary | Facebook | | Imprimer
11/02/2015
Fin d'été à la campagne
Comme tous les étés, Bassov l’avocat (Hervé Pierre) a loué une grande datcha, pour sa famille, sa femme Warwara (Sylvia Bergé), sa sœur Calérie (Anne Kessler), son jeune beau-frère Vlas (Loïc Corbery).
Il y reçoit ses amis, l’écrivain Chalimov (Samuel Labarthe) en panne d’inspiration, et le propriétaire Rioumine (Alexandre Pavloff) secrètement amoureux de Warwara. Les Doudakov, Cyrille (Michel Favory) et sa femme Olga Doudakov (Martine Chevallier) ont loué, à proximité une plus petite datcha. On y reçoit aussi les Souslov, Piotr (Thierry Hancisse), sa femme Youlia (Céline Samie), qui flirte effrontément avec Nicolas (Pierre Hancisse). Leur oncle Doublepoint (Bruno Raffaelli), riche rentier, trouve cette bande de gens ennuyeux, mais par désoeuvrement, les fréquente assidûment. La saison estivale s’écoule lentement, entre « bavardages insupportables », pique-niques très arrosés, médisances, et « jérémiades » de ces petits-bourgeois et les commentaires fielleux des gardes (Christian Blanc et Jacques Connort). Mais Maria Lwovna (Clotilde de Bayser) doctoresse, par ses questionnements directs, sa sincérité, son attitude libre va briser les tabous.
Gérard Desarthe met en scène Les Estivants de Gorki, dans un espace ouvert planté de bouleaux (scénographie de Lucio Fanti) dont l’écorce dessine des figures humaines. Vlas ne déclare-t-il pas : « Mon père, un jour, a été un arbre » ? Et tous les ancêtres de cette terre ne surveillent-ils pas leurs descendants pusillanimes qui savent seulement se plaindre et jamais construire ? Ils sont tous prisonniers de leur veulerie, alors qu’il suffirait de vouloir pour changer leur monde. Leurs contradictions éclatent. Le mobilier de jardin est rouge, comme les praticables, sur lesquels à l’acte I on dit des vers ou joue du piano, et à l’acte II trône un bureau encombré de dossiers sur lesquels Vlas perd sa jeunesse et ses illusions.
Mais pour agir, il faut aimer. Et c’est Maria Lwovna qui, en aimant le jeune Vlas, bouscule cette petite société repliée sur elle-même. Alors, les hommes comme Bassov, Souslov, Doudakov, Chalimov, apparaissent plus triviaux, imbus de leur virilité, misogynes et solidaires,"des porcs", regroupés côté jardin, tandis que Warwara, Maria, Calérie s’en éloignent, côté cour, choisissant de les quitter pour s’engager dans des œuvres positives. L'été s'achève, et avec Vlas et Doublepoint, elles vont donner un sens à leur vie.
La mise en scène de Gérard Desarthe éclaire l’œuvre et la magnifie. Les comédiens, dans le décor poétique, les costumes seyants (Delphine Brouard), interprètent avec une grande maîtrise des personnages ambivalents aux émotions intenses.
Une belle réussite !
Photo :© Cosimo Mirco Magliocca
Les Estivants d’après Maxime Gorki
Version scénique de Peter Stein et Botho Strauss
Version française de Michel Dubois et Claude Yersin
Mise en scène de Gérard Desarthe
Comédie-Française, salle Richelieu
0825 10 13680
15:46 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Littérature, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, comédie-française, gorki, les estivants | Facebook | | Imprimer