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19/01/2010

Sonia et son oncle

 

Vania est-il un raté ? Un oncle dévoué ? Un original ? Un fou ? Un bouffon ? Marcel Maréchal ne choisit pas, il est tour à tour ces cinq personnages et masque leur désespoir sous un sourire ironique.

Tchekhov ne donne pas tout de suite le titre de Oncle Vania à cette pièce écrite dans les dernières années du XIXe siècle. Elle s’intitule, Le Sylvain, L’Esprit de bois, porte en sous-titre  Scènes de la vie de campagne, mais décrit le même désenchantement de deux idéalistes, le docteur Astrov (Emmanuel Dechartre), fervent défenseur de la forêt russe, qui ne croit plus en rien, ni en personne, même pas à l’amour pur de Sonia (Juliette Duval), et Vania, qui a passé vingt-cinq ans de sa vie à soutenir la gloire du professeur Serebriakov (Michel Demiautte), son beau-frère, lequel se révèle un cuistre arrogant et sans cœur. « Sa première femme », « un ange », était la sœur de Vania. Elle est morte et Serebriakov s’est remarié avec la jeune Elena (Liana Fulga) que les deux hommes désirent.

Mais ce n’est pas la jalousie qui va pousser Vania à tirer sur Serebriakov, c’est la colère, car ce dernier prétend vendre le domaine que Sonia a hérité de sa mère. Domaine qui fait vivre famille et serviteurs grâce à la gestion rigoureuse de Vania et Sonia. Que deviendront Maria, sa mère (Hélène Roussel), la nounou, Marina (Olga Abego), Téléguine (Jacques Angéniol), Efim (Anthony Cochin), lui, Vania vieilli sous les tâches serviles, et la pauvre Sonia, trop laide pour trouver un mari ?

Le vieux professeur et sa jeune femme pensaient « rester jusqu’à la fin du monde » et passer une retraite paisible, mais, du printemps à l’automne, les relations se tendent, le désordre agite la maison, et l’orage éclate… Et quand « Ils sont partis ! » tout redevient « comme par le passé », tranquille et résigné.

Vania aurait voulu être « un être de lumière », mais, il « n’éclaire personne », il restera seul. Astrov aussi, Sonia également. Le travail auquel ils se vouent les consolera-t-il de leurs désillusions ? Ou bien cet autre chant qui masque l’accordéon mélancolique, et s’élève, au lointain, leur apportera-t-il l’espérance perdue ? La musique de François Fayt s’accorde aux sentiments contradictoires des protagonistes

Dans le décor de Thierry Good, Marcel Maréchal retrouve des accents de Cripure, et renoue les liens tissés avec la Russie qu’il a sillonnée. Il est poignant en Vania, et la petite Duval bien émouvante… Emmanuel Dechartre trouve aussi le ton juste, un rien désabusé, et beaucoup passionné. Et à travers Astrov, l'écologie a trouvé un partisan.

 

 

Oncle Vania d’Anton Tchekhov

Traduction d’Arthur Adamov

Théâtre 14

01 45 45 49 77

en tournée ensuite avec les Tréteaux de France

Du 12 janvier au 23 février

Une filiation difficile

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Angéla (Aurélie Bargème) est avocate d’affaires. Et ça marche bien pour elle, merci ! Elle a un fiancé, Clément (David Seigneur) qui joue les cyniques, plaisante de tout, sauf de ce qui touche au fils qu’il a eu d’un premier mariage. Mais, Angela aimerait qu’il soit plus attentif. Elle a un lourd secret qu’elle ne parvient pas à partager. Elle, si brillante, est la fille de Josiette (Marie-France Santon), qui se promène dans la vie avec un « Q.I. de 2 » et un cœur gros comme ça ! Et, comme Josiette vient de faire une énième tentative de suicide, François, son référent (Régis Santon) n’a rien trouvé de mieux que de la sortir de l’hôpital psychiatrique, pour la faire vivre trois semaines, chez sa fille qui n’en peut mais…

Avoir une mère tarée, c’est la honte ! Mais en même temps, c’est sa mère : ambivalence des sentiments et paradoxes en tous sens ! L’auteur (Emmanuel Bataille) dote Josiette, pour faire bonne mesure, d’une copine, Anita (Marie-Christine Danède), « foraine fracassée la vie », et d’un amant, Lakhdar (Madgid Ziouane ou Lounès Tazaïrt) un arabe tolérant et philosophe.

Dans cet imbroglio psychotique, les comédiens sont remarquables de naturel, à commencer par Régis Santon, le metteur en scène, qui incarne, sans le caricaturer, un psychologue averti. Marie-France Santon rend crédible la détresse, les sautes d’humeur et l’humour de cette pauvre Josiette. Aurélie Bargème joue juste, avec une pointe de tragique qui lui sied bien. Mais rassure-vous, tout se termine dans le rire, les chansons et la réconciliation universelle…Fillede2PhotoLot.jpg

Régis Santon recommence ici sa vie théâtrale, après qu’on l’a privé du Silvia Monfort. Il reprend le flambeau de découvreur de talents, donnant sa chance à une jeune auteur, impliquée dans le monde du handicap. Il a reconstitué une équipe, il a renoué avec sa vocation.

Allez vite le retrouver…

 

 

 

 

 

 

Fille de… d'Emmanuelle Bataille

Depuis le 6 janvier

À la Comédie saint-Michel

01 55 42 92 97

Mercredi, jeudi, vendredi à 19 h 30

Samedi à 17 h 30

18:31 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, régis santon |  Facebook | |  Imprimer

09/01/2010

Sublim’ comédie

 

 Un peu juif par son père, argentin par sa mère, mais comme dans la chanson de Mouloudji « athée, oh ! Grâce à Dieu ! », le jeune Julian (Jérémie Sonntag), a trouvé sa voie dans la musique. Son pote Mehdi (Julien Sadi Ciceron) rythme à la batterie, et sa sœur Myriam (Laura Pélerins) écrit les paroles des chansons. Ils ne sont pas encore disque d’or, mais, déjà la famille apprécie leurs œuvres. Surtout la mère, Eva (Claire Faurot), qui a fui la dictature argentine et rêve d’une Amérique du Sud libre. Le père, Daniel (Christian Mulot), qui fut décorateur intermittent est devenu intérimaire de profession, « sublime intérim » qui lui permet « d’être libre  comme l’air », et la grand-mère, Mamita (Laurette Faber), gémit que la famille est dispersée. Il est dur de vivre en banlieue parisienne quand son fils, le facho que la famille renie, est resté là-bas, et que les neveux sont à Cuba…

Ce pourrait être aussi sinistre que les barres du 93, où l’on « empile des coqs et des poules dans des cages à lapins »,  mais l’humour de Louise Doutreligne, le talent de Jean-Luc Paliès, transforment la fable en comédie musicale exceptionnelle. Ils ont eu l’idée de réunir des acteurs polymorphes, de susciter le génie musical de la compagnie, qui, cristallisé par Isabelle Zanotti, - qui joue aussi Liliane, la danseuse intermittente, missionnée en sociologie pour désamorcer les conflits, apaiser les désespoirs et surveiller les « djeun’s » tentés par la drogue et la révolte – et le spectacle mérite d’occuper une saison complète dans un grand théâtre parisien.

Tous les publics s’y retrouvent, ados et grands-mères, parents et enfants. C’est que du bonheur !

 

 

 

Sublim’ intérim de Louise Doutreligne

Vingtième Théâtre