30/01/2010
À lire (5)
Machiavel Nicolas, La Mandragore, texte français de Gilles Costaz.
On connaît Le Prince, le grand œuvre politique de Nicolas Machiavel, du moins par le mot qu’il généra : « machiavélisme ». On l’imagine mal en homme de théâtre.
Gilles Costaz, dans une préface documentée nous présente cet auteur dramatique de la Renaissance, qui fut aussi diplomate, juriste et agent secret. Il traduit La Mandragore dans une langue pittoresque, sans rien dissimuler des verdeurs du langage.
La Mandragore, est une farce. Elle en cultive les situations scabreuses, les allusions obscènes. Les moines y sont cupides et infâmes, les vieillards stupides, les jeunes gens gaillards, les valets rusés. Elle tient de Boccace et de Rabelais réunis.
Comment Callimaco, fou d’amour pour Lucrezia, mal mariée à un vieillard, Nicia, parviendra-t-il à se glisser dans son lit ? Grâce à une potion magique à base de mandragore que le mari lui-même servira à sa femme. Et avec l’aide de qui ?
Mais je ne vais pas vous tout vous raconter. Lisez donc la Mandragore.
Editions de l’Avant-Scène théâtre, collection des Quatre-Vents, classique, 11 €
16:37 Écrit par Dadumas dans Littérature, Livre, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, littérature | Facebook | | Imprimer
25/01/2010
Entrez dans la danse !
Elles n’ont pas de chance avec les hommes qu’elles aiment.
Elles sont quatre. Quatre femmes solitaires que l’auteur ne désigne que sous le nom des maisons qu’elles habitent : Mon rêve (Christine Bonnard), La Pinède (Magali Bonfils), Kercastel (Ariane Pirie), Douze-bis (Florence Pelly).
Elles s’épaulent, s’observent, se conseilllent pour mieux supporter le vide de leur existence. Désespérées, elles ? Jamais ! Juste un peu de vague à l’âme par moments, mais surtout, une volonté tenace, une foi inébranlable en l’Amour…
Elles commencent par un chœur sur des paroles de rupture : « Tas qu’à t’casser ». À qui s’adressent-elles ? À l’homme qui vient des les plaquer. Qu’il s’appelle, Gérard, Stanley, Bob ou Domi, c’était, de toute façon, un « sale hypocrite » !
Mais elles ne renoncent pas à trouver l’âme sœur.
« Non, je ne danse pas », dit La Pinède qui, pendant que ses copines s’essoufflent au cotillon, ne se laisse inviter que pas celui qu’elle choisit. Pourtant, quand « elle en tient un », « tout craque » avant les fêtes et elle est « toute seule à la maison/aux grandes occasions », si bien qu’à trente-trois ans, elle « vit toujours à l’étouffée ». Du côté de Mon rêve, pareil ! Kercastel pleure sur une symphonie de Mahler, et Douze-bis prend sa valise.
Elles ont tour à tour des moments de désillusion, de bonheur, et elles les chantent.
Au piano : Thierry Boulanger ou Patrick Laviosa qui ont écrit la musique, les accompagnent.
Pourquoi ? Pour qui ?
« Pour lui », l’homme de leurs rêves.
Et naturellement pour un public conquis.
Aurore Popineau a créé des costumes qui collent à leurs rêves.
Le metteur en scène Jean-Luc Revol, a su rendre l'univers poétique, décaléet ludique de Lydie Agaesse (lauréate Beaumarchais). Les séquences s’enchaînent avec fluidité. Tout semble léger, joyeux, naïf.
Entrez dans la danse, ici, c’est un vrai plaisir de rompre…
Non, je ne danse pas ! de Lydie Agaesse
La Pépinière
Du mardi au samedi, 21 h, marinée samedi à 16 h
01 42 61 44 16
13:52 Écrit par Dadumas dans Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, musique, revol, pépinière, beaumarchais | Facebook | | Imprimer
21/01/2010
Une histoire qui finit mal
En mars dernier, la création de Casimir et Caroline nous avait donné une émotion immense*.
La pièce est reprise, et si vous n’aviez pas pu y assister alors, il est temps de vous précipiter au théâtre de la Ville (jusqu’au 24 janvier). Et si vous aviez comme moi, envie de la revoir, vous l’apprécierez encore plus.
Nous avions aimé, Sylvie Testud dans le rôle de Caroline, être fragile et désemparé, ballottée par le destin. Elle a cédé son rôle** à Élodie Bouchez, qui montre plus, de volonté, de désir et de souffrance. Le reste de la distribution (dix-huit comédiens) ne change pas, et tous mérite méritent nos éloges.
Ödön von Horvath écrit Casimir et Caroline, au début des années 30, lorsque la grande crise économique a laissé l’Allemagne exsangue et que le nazisme se présente comme l’espoir d’un ordre nouveau.
Caroline sent d’instinct qu’il faut profiter de cette fête de la bière pour jouir encore un peu. Casimir vient de perdre son emploi et n’en a pas envie. Ce malentendu brise leur attachement. L’atmosphère trouble, les fréquentations douteuses, les rites obscènes de la fête de la bière achèvent de détruire leur amour.
Les filles se vendent, les hommes s’avilissent, l’horizon devient noir et rouge, comme le drapeau nazi. L’histoire finit donc mal. Mais la pièce, telle qu’elle est mise en scène, est un chef d’œuvre.
Emmanuel Demarcy-Mota montre le crescendo de la violence et du Mal, mieux que l’Histoire nous l’enseigne. Sa mise en scène marquera le théâtre d’Horvath. La tournée qui commence, après le Théâtre de la Ville, lui trace le chemin d’une carrière internationale à laquelle nous applaudissons.
* voir note du 22 mars 2009 (archives)
** Sylvie Testud joue actuellement sur une autre scène.
Casimir et Caroline d’Ödön von Horvath
Traduction de François Regnault
Jusqu’au 26 janvier au Théâtre de la Ville
Tournée : Sète, Bordeaux, Annecy, Salins, Valence, Cergy-Pontoise, Amiens, Clermont Ferrand, puis Moscou, Saint-Pétersbourg, Portugal, Italie, Luxembourg.
23:29 Écrit par Dadumas dans culture, éducation, Histoire, Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, littérature, histoire, horvath, demarcy-mota, élodie bouchez | Facebook | | Imprimer