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28/04/2014

Radio Trenet

Théâtre, music-hall, Trenet, Attention, nouvel horaire !

à partir du  6 mai 2014


du mardi au samedi à 19h00 - dimanche à 15h00

Annette, ma sœur, de quel amour blessée…

 

 

Que ce soit en famille (Brindezingue), au bureau (Burlingue), au théâtre (Loges séparées), en couple (Post-mortem) le théâtre de Gérard Levoyerthéâtre,théo théâtre,gérard levoyer invite rarement à l’entente cordiale. Ses personnages choisissent la scène pour y résoudre (ou pas) leurs différends, recuire leurs haines, réchauffer leurs rivalités. C’est la règle fondamentale du Théâtre en général, du sien en particulier et son nouvel opus Sœurs n’y déroge pas.théâtre,théo théâtre,gérard levoyer

Annette (Frédérique Sayagh) jalouse sa sœur Pauline (Pascale Durand) depuis toujours. Elle l’accuse d’avoir accaparé l’amour maternel, et c’est pour cette raison qu’elle avait quitté la maison. Elle y revient aujourd’hui car la mère est mourante.

Gérard Levoyer met en scène sobrement, le fond est sombre. Quelques accessoires et un  tableau colorent l’espace. Tout l’intérêt du spectateur est captivé par les deux comédiennes, l’une nouée de haine, l’autre apparemment passive. L’une invective, l’autre apaise.

La mère meurt, et même dans ses derniers instants, c’est Pauline qu’elle a réclamée. Annette ressasse cette injustice, en rend Pauline responsable, lui reproche d’avoir été aimée quand elle, Annette, était exclue de cet amour. Elle lui impute aussi ses échecs. Pauline essaie de se justifier, de temporiser.

Il faut choisir un cercueil, une tombe, trier les souvenirs entassés dans la maison, et partager. Annette veut vendre la maison, Pauline la conserver. Tout est prétexte à Annette pour humilier sa sœur qu’elle juge « coincée ». Tout devient preuve du favoritisme maternel.

Bien des découvertes vont raviver les plaintes et faire saigner les plaies, mais une confidence va amener les deux sœurs à un début de commencement de réconciliation.

Elles ne seront peut-être pas tout à fait raccommodées, mais c’est sur une image d’espoir que s’achève Sœurs.

Raison de plus pour y aller.

 

Sœursde Gérard Levoyer

 

Théo Théâtre

20 Rue Théodore Deck, 75015 Paris

01 45 54 00 16

Jusqu’au 3 mai

 

 

 

http://compagnieihaveadream.wordpress.com

 

 

À cause d'un mouchoir !

  

Quel ordure ce Iago (Nâzim Boudjenah) ! Méchant, envieux, menteur, sensuel et misogyne, il convoite le poste de Cassio (Jérôme Pouly), désire Desdémone (Elsa Lepoivre) l’adorable femme d’Othello (Bakary Sangaré),  le généralissime que  le Doge de Venise (Christian Gonon) Théâtre du Vieux-Colombier, Shakespeareenvoie à Chypre pour combattre les Turcs. Il humilie sa propre femme, Emilia (Céline Samie),  et l’oblige, sous de fallacieux prétexte, à dérober le mouchoir de Desdémone.

Quand Brabantio (Alain Lenglet) avait appris que sa fille adorée, la blonde Desdémone s’était enfuie de la demeure paternelle pour épouser Othello, il avait pensé qu’elle avait été ensorcelée. Car enfin, comment expliquer qu’elle l’ait trompé de façon si abominable » et que « bravant la nature »,  elle ait choisi un noir, repoussant les jeunes patriciens de Venise, dont Roderigo (Laurent Natrella) qui crie partout son désespoir ? Mais devant le Doge (Christian Gonon), Desdémone explique le cheminement de son amour, sa profondeur, sa sincérité. Le doge a besoin d’Othello qu’il nomme Généralissime, il l'envoie défendre Chypre contre les Turcs et le père donne sa fille, mais prévient son gendre : « Elle a trahi son père, elle pourra te trahir. »

 Iago va se charger d’exaucer la prédiction du père. Le mouchoir volé devient preuve du péché. Lequel ? Elle ne sait pas mais Iago l'invente. Il échafaude une sombre machination où Desdémone serait répudiée, Cassio occis et lui, Iago promu à la place de Cassio, voire d’Othello. Mais tout ne se passe pas comme il le souhaite. S’il réussit à rendre  Cassio suspect, si, par ses mensonges empoisonnés, il attise la jalousie d’Othello jusqu’au meurtre, Cassio ne se laisse pas assassiner. Et le méchant sera puni. Mais hélas ! Trop tard pour « la divine Desdémone » ! Trop tard pour Emilia. Reste la pauvre Bianca (Pauline Méreuze) l’amoureuse de Cassio, auquel Lodovico (Christian Gonon) concède tous les pouvoirs. Et tout ça à cause d'un mouchoir !

La tragédie de Shakespeare donne à Bakary Sangaré un rôle où il peut être à la fois puissant et faible. Ô comme avec facilité ce brillant stratège, ce chef à la carrure d’athlète, si tendre avec sa femme, se laisse manipuler par le petit Iago ! Nâzim Boudjenah le rend cauteleux, odieux, cynique. Il suinte la haine de l’étranger, le mépris de l’autre, avec un humour grinçant qui fait gronder la salle. Léonie Simaga, magnifiquement shakespearienne, met en scène ce couple antithétique en le replaçant au centre de la pièce.

 Le décor de Massimo Troncanetti est impressionnant : monumental dans le premier acte où il joue avec la perspective, il s’ouvre ensuite sur le cœur d’une forteresse où les escaliers à la Piranèse cernent l’espace. Les lumières d’Elsa Revol accentuent l’atmosphère nocturne et funeste qui encercle les protagonistes.

Le spectateur suit avec angoisse cette marche impétueuse d’un destin où les hommes se prennent pour des dieux et en meurent.

 

 

 Photo © Brigitte Enguérand

 

 

 

Othello de William Shakespeare, texte français de Norman Chaurette

Théâtre du Vieux-Colombier

Jusqu’au 1er juin

01 44 39 87 00/01