10/09/2009
On n’arrête pas de rire
Ils ont des chapeaux ronds, mais ils ne sont pas Bretons, ils nous arrivent de la région Centre où ils ont fait un tabac, et après une pause à Paris, ils vont distraire la République Tchèque.
Une chance pour nous ! Car après Bobèche et Galimafré, Janot et Jocrisse, voici Raymond et Raymond. Identiques dans la vêture, admirateurs de Raymond Devos, ils en reprennent le répertoire. Et le cuisinant à deux, ils en développent la saveur des réparties.
Ils y mêlent aussi du Pierre Dac, et la sauce est corsée ! Ces deux-là connaissaient tous les méandres de la langue française : métonymie, synecdoque, métaphore et compagnie creusent les absurdités du langage, les chausse-trapes du vocabulaire, et… libèrent le rire.
L’un est grand (Éric Cénat), le cheveu lisse, le corps élastique. L’autre frise (François Rascal). Il joue aussi de la guitare, écrit et compose. On n’arrête pas le progrès est cette « fantaisie verbale et chantante » qui donne son titre au spectacle. Mais comme il est modeste, il chante surtout les succès des aînés : Boris Vian, Henri Salvador, Juliette, Brigitte Fontaine. En chœur avec son complice, le progrès a du plomb dans la gamme. Mais il y a de la joie dans l’air ! On n’arrête pas de rire.
Et c’est pour ça qu’on y va et même, comme il est dit dans La Java des bombes atomiques : « J’y retourne immédiatement ! »
On n’arrête pas le progrès
à 20 h tous les mercredis et jeudis
01 42 78 46 42
jusqu’au 1er octobre
24/03/2009
Filtrages
La censure n'existe pas. Tout le monde le sait. Mais afin de préserver la Toile des salissures que quelques grossiers personnages ne manqueraient pas d’y inscrire, les « webmasters », ont inventé les filtrages.
Encore faut-il que le logiciel soit bien programmé ! Car Ô lamentable machine ! Voici la sélection à laquelle elle m’a initiée.
Comme je m’étonnais de ce que ma note "Choeur de femmes", publiée dimanche 15 mars, n'apparaisse pas dans le référencement des tags "théâtre", alors que celle du 17 mars y était immédiatement référencée, on me répondit, le 21 : « Votre article a été automatiquement filtré car il contient le terme "nique" ».
Je reste interloquée. Je n’emploie « Nique » que dans le mot « Pique-Nique ». Je retourne à ma note. Je cherche. Et je trouve : « leurs silhouettes dansent un ballet ironique » !
Ciel ! quelle obscénité !
Que serait-ce si j’avais employé « conspuer », « conspirer », « habiter », ou « cucurbitacés » ?
08/12/2008
Un oiseau sans nid
Ray (Maurice Bénichou) avait quarante ans quand il a connu Una (Léa Drucker). Connu au sens biblique. Les livres sacrés ne s’étonnent pas des ces événements. Même quand la jeune fille n’a que douze ans.
Nos sociétés protègent les enfants, quelquefois contre eux-mêmes. Ray a été condamné à la prison, « trois ans d’enfer », et Una à la solitude, au dénigrement, au remords soigneusement entretenu par les parents qu’elle voulait fuir. Lequel, de Ray ou de Una avait « des appétits d’adulte douteux » ?
Seize ans plus tard, elle a retrouvé sa trace, roulé pendant six heures pour venir le relancer. Ray a changé de nom. Il a refait sa vie. Il n’y a plus de place pour elle dans son nid. Elle s’accroche, il faiblit, se défend de plus en plus mal, mais finalement la rejette.
Maurice Bénichou est tragique dans le rôle de l’homme coupable. Léa Drucker violente et ambiguë oppose une jeunesse provocante à la lâcheté de l’adulte.
Claudia Stavisky les met en scène dans un décor de Christian Fenouillat où éclate la médiocrité de la vie de Ray. Vestiaire de tôle, table et chaises de formica, tout est lisse, froid, aseptisé, même les déchets de fast food qui traînent à terre sans salir. Tout est laid, sans âme, et ces deux êtres qui s’affrontent, se torturent, ne pourront plus jamais être heureux.
Blackbird, dans mes souvenirs (et mon dictionnaire) se traduit par « merle » ou « un merle », oiseau sacrément effronté, comme la petite Una. À ma connaissance, le titre n’était pas pris. Pourquoi laisser le terme anglais ?
Il est vrai que tout le monde ne peut pas avoir une merlette à son blason.
Blackbird de David Harrower
Texte français de Zabou Breitmann et Léa Drucker
Théâtre de la Ville,
Théâtre des Abbesses
Jusqu’au 19 décembre
01 42 74 22 77
10:48 Écrit par Dadumas dans langue, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, langue française | Facebook | | Imprimer