18/05/2015
Hugo et Tourguéniev
La rumeur les disait fâchés.
Et il est vrai qu'avant l'exil, Ivan Tourguéniev se faisait l'écho des malveillances que colportaient les hugophobes.
Pourtant ils se sont retrouvés au Congrès littéraire international d Paris sur les droits d'auteur.
Puis Hugo fut invité aux "Frênes" (aujourd'hui Musée Tourguéniev). Et ils s'aperçurent qu'ils avaient des amitiés communes et des idéaux partagés : le combat contre l'esclavage, l'aspiration aux Etats-unis d'Europe.
Musée Tourguéniev, 16, rue Ivan Tourguéniev, Bougival.
Bougival (Yvelines), Musée européen Ivan Tourgueniev, 16 rue Ivan Tourgueniev (En métro : ligne N°1 jusqu’à « La Grande Arche-La Défense » puis Gare routière prendre le bus 258 – direction St Germain – arrêt « La Chaussée-Musée Tourguéniev« ).
18:16 Écrit par Dadumas dans Blog, exposition, Histoire, Littérature, Livre, Musique, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hugo, tourguéniev | Facebook | | Imprimer
10/05/2015
Pareils à des crapauds
Quatre musiciens s’installent à cour. Puis un couple entre. Lui, (Mathurin Bolze) costume noir et chemise blanche offre son bras à une jeune femme (Laida Aldaz Arrieta)en longue robe blanche. Ils avancent fièrement. Un tour, deux tours, cinq tours. Imperceptiblement, à de petits gestes, des mains repoussées, un tiraillement, un pas de retard, un écart dans la marche, on devine une mésentente. Puis entre l’unijambiste (Hèdi Thabet) avec ses deux cannes anglaises. Il les suit, il les empêche d’avancer en posant ses cannes sur la traîne de la femme. Il pousse la mariée à terre, elle s’accroche à lui, grimpe sur son dos, se traîne après lui, le devance. Les cannes s’envolent, et on ne sait plus qui est infirme.
Étrange et superbe trio où la rivalité amoureuse se déchaîne, se projette, et s’apaise comme un vent qui tombe, tant le désir de réconciliation est plus fort que la pitoyable haine.
Ali Thabet et Hèdi Thabet, qui ont conçu ce spectacle de danse et d’acrobatie, accompagné d’une musique de rébètiko, disent s’inspirer de René Char : « Nous sommes pareils à ces crapauds qui dans l’austère nuit des marais s’appellent et ne se voient pas, ployant à leur cri d’amour toute la fatalité de l’univers. »
Les trois danseurs, les trois crapauds, marchent ensemble, dansent ensemble, pareils à des oiseaux. Ils réinventent la fraternité malgré les différences, malgré les détestations.
Et ils sont magnifiques.
Photos : © Manon Valentin
Nous sommes pareils à ces crapauds qui... / Ali d’Ali Thabet et Hèdi Thabet
Théâtre du Rond-Point
Jusqu’au 23 mai, à 18 h 30
01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr
08:52 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, danse, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre du rond-point, dnse, musique | Facebook | | Imprimer
25/02/2015
Albertine retrouvée
On avait un peu oublié la vie tumultueuse d’Albertine Sarrazin. Abandonnée à l’Assistance publique à la naissance, adoptée, violée à dix ans par un oncle, elle est bouclée au Bon Pasteur dès les premières révoltes de l’adolescence. Elle commence à noircir de petits cahiers, et ses écrits sont confisqués. Excellente élève, mais indisciplinée, elle fugue le jour de son oral de bac. Elle quitte Marseille où « le nombre de flic égale celui des malfaiteurs. »
De quoi peut vivre une fille de quinze ans à Paris ? Elle se prostitue, tente un braquage avec son amie Emilienne et la voilà en prison à seize ans. Elle supporte mal la « solitude et l’enfermement » et quand en 1955, elle est condamnée à sept ans de prison, elle s’évade, saute d’un mur de dix mètres et se casse un os du pied, l’astragale.
Celui qui la ramasse, c’est Julien Sarrazin, un petit délinquant, qui va devenir son grand amour. Elle ne va vivre que pour lui, par lui. Ils sont arrêtés, condamnés, libérés, réincarcérés, mais ils se marient, et une fois leurs peines purgées s’installent ensemble dans les Cévennes. En 1964, Jean-Jacques Pauvert accepte deux manuscrits : La Cavale et L’Astragale, deux succès d’édition, tout de suite adaptés au cinéma. Albertine Sarrazin devient célèbre, « Je crois au pouvoir de la volonté, de l’enthousiasme. » déclare-t-elle, dans une interview.
Mais le bonheur est court et la vie injuste. En 1967, à cause d’un anesthésiste incompétent, elle meurt après une opération. Elle n’avait pas trente ans.
Mona Heftre bouleversée par l’œuvre et la vie d’Albertine lui dresse un mémorial poignant. Spectacle baroque bâti avec des textes puisés dans les romans, les poèmes (dont certains sont mis en musique (musique de Camille Rocailleux), les entretiens. Avec sa silhouette fine, ses gestes gracieux, Mona réincarne l’incandescente jeune femme brune au visage étroit et aux yeux immenses. Manon Savary, qui signe la mise en scène et une vidéo, donne aux images en noir et blanc une esthétique contrastée faite de lumières crues et de noirs angoissants. Les lumières de Pascal Noël articulent les épisodes de cette impétueuse « vie de cavale ».
Comment ne pas l’aimer cette Albertine, qui volait les poèmes de Rimbaud et défiait la famille bourgeoise qui l’avait reniée ? Comment ne pas la plaindre, elle qui fut victime de la « bestialité des hommes » ? Elle n’avait ni « bon sens, ni morale, ni retenue ». On a jugé qu’elle était « perverse », et même un « danger pour l’ordre public », alors qu’elle n’était qu’une petite fille affamée d’amour et de tendresse. Ses mots, comme des cris rebelles saisissent les spectateurs.
Grâce à Mona Heftre, Albertine disparue est devenue aujourd’hui Albertine retrouvée.
Photo :© D. R.
Albertine Sarrazin, une vie de cavale de Mona Heftre
d’après l’œuvre d’Albertine Sarrazin
du mardi au samedi : 19 h, dimanche : 15 h
Théâtre de Poche-Montparnasse
Depuis le 24 février et jusqu’au 3 mai
01 45 44 50 21
21:53 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Littérature, Musique, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, poche-montpanasse, poésie, littérature, albertine sarrazin, mona heftre, manon savary | Facebook | | Imprimer