04/10/2014
Rendez-vous au studio !
Comme « la longue dame brune », ils sont vêtus de noir. Et ils se sont emparés du répertoire de Barbara.
Elle chantait la mélancolie des amours clandestines, des séparations inévitables, des souvenirs d’enfance. Elle disait aussi l’espoir malgré la souffrance, et le désir jamais éteint, d’aimer encore pour vivre.
Béatrice Agenin donne à Martine Chevalier, Sylvia Bergé, Suliane Brahim, Félicien Juttner, Danièle Lebrun et Elliot Jenicot, la chance de faire vivre aux spectateurs ces sentiments mêlés dans un récital intitulé Cabaret Barbara. Et c’est un très bel hommage à celle, dont les textes et la musique nous enchantèrent et qui débuta au Cabaret, L’Écluse.
En duo, en chœur ou en solitaire, ils chantent et jouent. Chaque chanson devient scène, le temps d’un drame ou d’une comédie en musique. Dans une scénographie de Dominique Schmitt, les lumières de Roberto Venturi cernent les visages, irisent les chairs, colorent le fond de scène… Les comédiens du Français savent si bien faire vivre les chansons...
Sous la direction de Benoît Urbain qui est aussi au piano, et à l’accordéon, Paul Abirached à la guitare, Philippe Breigh qui joue aussi bien du saxo, du violon que de la clarinette, et Alain Grange au violoncelle, les délicates mélodies de Barbara accompagnent ses textes tendres et nostalgiques, aux tonalités grises ou rouges, ironiques souvent, poétiques toujours.
Pour ce moment de grâce et de charme, rendez-vous au Studio !
Photo : © Brigitte Enguérand
Cabaret Barbara d’après les chansons de Barbara
Direction artistique de Béatrice Agenin
Studio-Théâtre de la Comédie-Française
Jusqu’au 2 novembre.
01 44 58 98 58
www.comedie-francaise.fr
15:22 Écrit par Dadumas dans Blog, cabaret, culture, humour, Littérature, Musique, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : comédie-française, barbara, béatrice agenin | Facebook | | Imprimer
07/09/2014
La vie de bureau
Depuis le triomphe de Plus si affinités (2008), Mathilda May multiplie les expériences théâtrales.
La dernière s’appelle Open Space, que nous traduirions par « bureau ouvert ». Vous connaissez certainement cet espace sans cloisons où six personnes, et plus, sans affinités, travaillent devant leur ordinateur, où les bruits se chevauchent, les conversations s’entrecroisent, où chacun peut épier l’autre, où nul secret ne peut être dissimulé, et où nulle intimité n’est permise.
Oh ! Bien sûr les concepteurs ont aménagé un lieu de détente, à jardin, autour de la machine à café trop bruyante, et à cour, une cage, vitrée évidemment, où on peut fumer entre intoxiqués (scénographie Alain Lagarde). Au centre, l’ascenseur déverse chaque matin, le jeune loup ambitieux (Loup-Denis Elion), la pulpeuse secrétaire (Stéphanie Barreau) dont les hauts talons rouges claquent à chaque pas, l’employé affairé (Gabriel Dermidjian) rond et anxieux, l’adjoint mal réveillé (Emmanuel Jeantet) qui traîne et rêvasse, la timorée (Agathe Cemin) à qui on refile les dossiers supplémentaires sans qu’elle ose protester, et la maîtresse femme (Dédeine Volk-Léonovitch) qui boit en douce pour se donner de l’assurance (costumes Valérie Adda). Et enfin, le chef (Gil Galliot) qui interdit les communications personnelles, surveille les écrans, aboie, flatte, courtise, apparaît, disparaît, menace ses subordonnés, mais fait le gros dos quand sa compagne téléphone et débarque.
Chacun s’agite, espère, s’inquiète, aime, souvent en vain, et quelquefois en meurt.
Vies ordinaires, cadencées par les réalités sonores amplifiées, et les fantasmes embrasés de lumières (Roberto Venturi ). Pas de texte, mais des sons, borborygmes, grommelot, (sound design : Sylvain Brunet), de la musique, des chants, des chorégraphies (Caroline Oziol, Pole Dance Paris), et une mise en scène réglée avec maîtrise par Mathilda May qui signe aussi la musique avec Nicolas Montazaud.
Le pari est osé mais tenu, car il n’y a plus de mots pour ce monde du travail cruel et mesquin. Et tout est montré, vécu, avec talent.
Open Space conception et mise en scène de Mathilda May
Collaboration artistique Jean-François Auguste
Théâtre du Rond-Point
01 44 95 98 21
Jusqu'au 19 octobre 2014, 21h
Serge FRYDMAN
17:56 Écrit par Dadumas dans Blog, danse, humour, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, mathilda may, rond-point, musique, danse | Facebook | | Imprimer
18/06/2014
On n'arrête pas Jean Yanne
Il avait le goût de la parodie. Et c’est à la radio, dans les années soixante, que Jean Yanne s’était composé ce personnage de Français râleur, cynique et mal embouché. Quand il passa à la télé, son émission programmée à 20 h 30 fut suspendue après la troisième diffusion tant il avait choqué les bien pensants. Mais ses sketches, la plupart avec Jacques Martin, devinrent immédiatement célèbres.
Aujourd’hui, trois compères, Eric Laugérias, Jean-François Vinciguerra et Johan Farjot, s’en sont emparés, et, puisant dans les archives, et les recueils, font revivre, non seulement, le candidat au permis de conduire, mais aussi Ben Hur et Messala, les camionneurs mélomanes, les chansons, les caricatures de publicité (vidéo : Jules Vincent), les pastiches, sous le titre : On n’arrête pas la connerie.
Eric Laugérias porte la barbe courte de l’auteur, et Jean-François Vinciguerra en a la silhouette. Baryton basse, il chante, joue et dirige aussi la mise en scène. Le décor à transformations de Dominique Pichou favorise judicieusement les enchaînements. Johan Farjot s’est chargé des arrangements musicaux, et, au piano, prélude, accompagne et ponctue.
Le trio paraît, le visage grave, et, l’air solennel, propose de « libérer les forces de la joie ». Le noir de leurs costumes (et de leurs chaussures) jette le doute sur leurs intentions, à moins que les lacets rouges de leurs chaussures vernies ne laissent présager quelque contradiction (costumes de Michel Dussarat). Et en effet, ils s’épanouissent dans les outrances et démontrent combien Jean Yanne avait le regard vif et lucide sur les travers de notre société. Ils sont époustouflants !
« Quand j’entends le mot culture, je sors mon transistor », disait Jean Yanne, et n’avait-il pas raison de dénoncer la confusion des valeurs, et d’annoncer le massacre de l’intelligence ? Tout résonne juste dans sa façon de singer ses contemporains. Qu’on en juge par ces couplets datant de 1975 :
"Les élections présidentielles
C'est du chobizenesse !
Les bombardiers nouveaux modèles
C'est du chobizenesse !
Les gros scandales qu'on révèle
C'est du chobizenesse !
Les politiciens qui s'en mêlent
C'est du chobizenesse !
Un président qu'on assassine
It's also chobizenesse !
Et les témoins qu'on ratatine
Esta chobizenesse tambien !
Un peuple qui meurt de famine
Das ist chobizenesse !
L'agitation en Palestine
C'est toujours du chobizenesse !"
Car il est vrai que souvent, les humoristes sont de vrais moralistes. Et personne n'a jamais arrêté Jean Yanne, pourfendeur de la stupidité humaine.
On n'arrête pas la connerie de Jean Yanne
Théâtre du Petit-Montparnasse
du mardi au samedi à 21 h
à partir du 1er juillet à 20 h
dimanche 17 h
01 43 22 77 74
19:12 Écrit par Dadumas dans Blog, cabaret, culture, humour, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cabaret, théâtre, chanson, jean yanne, petit-montparnasse | Facebook | | Imprimer