07/03/2013
Vaut le détour !
Branlebas en cuisine ! Les apprentis de Chez Sixtine s’affairent pour le Trophée Marmiton. La Chef Michelle (Hélène Arié) et le chef de cuisine François (Jérémie Oler) donnent les dernières instructions. La brigade est quelquefois indisciplinée. Lana, (Géraldine Seguin), crée des saveurs inédites, mais s’entend mal avec Alexandre (Félicien Delon) spécialiste des poissons, Jérémie (Benoît Maurin), spécialiste des viandes et des sauces est amoureux d’Alice (Vassiléna Serafimova ou Laurence Meisterlin) technicienne des desserts. Or, pour réussir en cuisine, il faut de la solidarité. Et quelquefois les conflits enflent et Michel doit les dégonfler en rappelant les consignes.
Si les jeunes se préparent au « baptême du feu », Michelle et François, eux, s’inquiètent de l’avenir du restaurant. Un louche personnage, Dhaurence (Thomas Gourdy), mandaté par le fonds « Multi-Mégalo-investissement-AND-Company » veut « moderniser » la maison et « dépayser les compétences ». Et le patron Gaétan Grosbois (Jacques-Marie Legendre), héritier de la maison Grosbois vieillit. Jusqu’à lui, « la cuisine s’est transmise par les mères».
Cette phrase vous rappelle quelque chose ?
Bien entendu ! La glorieuse maison Troisgros, célébrée par tous les guides gastronomiques…
Mais attention, ici, c’est du théâtre ! Pas de divin fumet, pas de fragrances affolantes ! Tout est dans le verbe, la gestuelle, et le rythme, car les comédiens connaissent la musique et les ustensiles de cuisine deviennent des percussions. Symphonie de casseroles, poêles, chinois, mandolines, râpes, couteaux, spatules, fourchettes, cuillères, fouets, louches, écumoires, pelles, mouvettes et passe-bouillon*. Pas de fausse-note ! La scénographie et la lumière de Patrice Chevallier soutiennent allègrement la « fantaisie musicale et culinaire ».
Aujourd’hui,Gaétan Grosbois n’a personne pour lui succéder. Mais la jeune Lana s’avère si imaginative en desserts ! Et Alexandre invente une nouvelle recette de filets de rougets... Ouvrir une chaîne de restaurants et commercialiser la malbouffe n’est dans les projets d’aucun de ces jeunes qui vous disent leurs recettes comme des poèmes.
Ils rassurent le patron. Ils rassurent leurs chefs. Ils nous rassurent. « Un repas Chez Sixtine, ça se mérite ». Alors, puisque nous sommes dans la comédie, tout se termine bien.
Comment ? Je vous laisse découvrir les secrets de ces toqués.
L’auteur (et metteur en scène) Christina Fabiani est lauréate de l’association Beaumarchais pour la pièce. Et croyez-moi, elle vaut le détour !
*accessoires et costumes de Chantal Rousseau
Photo : © Fabienne Rappeneau
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Saveurs et amertumes de Christina Fabiani
Vingtième théâtre
Du 6 mars au 28 avril
Du mercredi au samedi à 19 h 30
Dimanche à 15 h
Le spectacle a déjà été présenté dans la région Rhône-Alpes
A partir du 21 mars et jusqu’au 29 avril, dans ce même théâtre
Reprise de la comédie musicale,
Hôtel des Roches noires
(voir sur ce blog la note du 23/01/12)
23:41 Écrit par Dadumas dans humour, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, humour, cuisine, vingtième théâtre | Facebook | | Imprimer
Carte postale
Cher M. Morel, cher M. Saladin,
Vos cartes postales nous ont ravigotés et nous vous remercions de nous avoir donné vos impressions de voyage sur tous ces lieux que nous ne connaissions pas. Vous avez vu pour nous les merveilles du monde et dégusté les spécialités locales qu’on nous présente ici, souvent frelatées, dans des restaurants qui n’offrent même pas le vin à volonté.
La dame qui m’accompagnait connaissait les Amériques, les Indes, l’Espagne, les Emirats, mais n’avait jamais fait la route des vins en France ! Nous allons remédier rapidement à cette ignorance grâce à vos judicieux conseils.
Car il n’y a que vous qui portiez sur nos mœurs ce regard à la fois critique et tendre. Il n’y a que vous pour traiter avec bonhomie des petites gens et montrer que s’ils ont des budgets serrés, c’est pour mieux épanouir leurs horizons.
Bien des choses à votre flamant rose (à moins que ce ne soit une autruche) qui doit maintenant entamer sa migration retour puisque le printemps arrive.
Danielle Dumas
P. S. J’espère que les petits chiots ne se sont pas fait écraser, car sur la N6, c’est très dangereux pour les chiens avec toutes ces voitures.
Photo : © Manuelle Toussaint
Bien des Choses de François Morel
avec François Morel et Olivier Saladin
et la voix de Jean Rochefort
jusqu’au 30 mars 13 du mardi au samedi à 21 h
samedi à 18 h
Théâtre la Pépinière-Opéra
01 42 61 44 16
16:48 Écrit par Dadumas dans humour, Théâtre, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, pépinière-opéra, françois morel, olivier saladin | Facebook | | Imprimer
31/01/2013
La femme sacrifiée
Vous les voyez, ces Grecs assemblés devant Troie ? Depuis sept ans, ils sont là, jaloux, rancuniers, querelleurs, avides d’honneurs, de gloire… et de butin. Les tentes sont dressées au bord de la mer, et sur les gradins d’une arène où les guerriers désœuvrés se lancent des défis, Agamemnon (Laurent Natrella), Ulysse (Éric Ruf), Ménélas Akli Menni) et Thersite (Jérémy Lopez) écoutent les rodomontades d’Ajax (Loïc Corbery), en cuirasse, et le glaive à la main (Costumes, Claudia Jenatsch). Ce prétentieux veut relever tout seul le défi d’Hector, le chef des armées troyennes.
Imaginez aussi le vieux Nestor (Michel Favory), et le jeune Diomède (Louis Arene), et vous aurez la presque totalité du camp grec. J’aurais bien voulu vous présenter Achille (Sébastien Pouderoux), beau comme un Dieu, mais il s’est retiré sous sa tente avec son ami Patrocle (Laurent Cogez), après une querelle avec Agamemnon. Shakespeare, dans Troïlus et Cressida ne voile pas leurs rapports sous le terme « d’amitié », mais aborde franchement l’homosexualité, encouragée dans l’Antiquité grecque afin de former des bataillons d’élite. Le texte français d’André Markowicz préfère le mot cru à l’impropriété.
Le camp troyen s’abrite derrière d’épaisses murailles. Pour figurer cet espace, un mur descend des cintres. À sa couleur, on jurerait qu’il est revêtu de bronze. Et contre lui, des échafaudages permettent aux assiégés d’observer l’ennemi aux portes de la ville.
La scénographie imaginée par Éric Ruf pour la mise en scène de son frère Jean-Yves, est chez les Grecs lumineuse et chaude, et bleutée chez les Troyens (Lumières, Christian Dubet)). Dans l’espace étréci, au proscenium, un escalier descend qu’empruntent les fils de Priam pour tenter des percées.
Ils sont nombreux les fils du roi Priam (Yves Gasc). Cinquante, dit la légende. Shakespeare retient Hector (Michel Vuillermoz), Énée (Christian Gonon), Troïlus (Stéphane Varupenne), Hélénus (Lucas Hérault) et le responsable de tout ce gâchis, Pâris (Maxime Taffanel). Et il y a aussi Anténor (Blaise Pettebone), un jeune maladroit que les Grecs viennent de faire prisonnier et qu’ils rendront si on leur livre la belle Cressida (Georgia Scalliet) fille du devin Calchas (Christian Gonon), réfugié dans Troie.
Or, Pandare (Gilles David), son oncle, encourage les amours de Cressida avec Troïlus. Elle est « conquise dès le premier regard », il la poursuit de ses assiduités. Pandare leur offre un lit pour passer ensemble leur première nuit. Ce sera aussi la dernière. Elle venait de jurer fidélité à Troïlus, c’était sans compter sur la raison d’État. Pour récupérer Anténor, Priam la livre aux Grecs.
Hector voulait qu’on rende Hélène à son mari, mais Priam a pris le parti de Pâris, et, malgré les vaticinations de Cassandre (Carine Goron), les supplications d’Andromaque (Nelly Pulicani), tous s’apprêtent à combattre.
Les Grecs « avaient juré de piller Troie » et de ramener Hélène à Ménélas, pour l’instant, ils se contenteront de Cressida, et entendent exercer un peu le droit du vainqueur. La pauvre Cressida, pour éviter le pire, choisit Diomède comme protecteur. Troïlus, fou de jalousie le tue. Achille abat Hector.
Si vous ne connaissez que la version racinienne de la guerre de Troie (Andromaque) ou les films nombreux inspirés par l’Iliade, vous serez surpris du mélange des genres. Aux côtés des personnages tragiques, se tiennent des « clowns » et des « fous ». éternels optimistes, souvent grugés, jamais vaincus, comme Pandare, ou des contestataires bourrus comme Thersite, ils donnent au drame des moments de respiration ludique. Viennent aussi les leçons politiques et morales, moins agréables, mais, hélas ! éternelles ! Et la femme sacrifiée est accusée de fausseté.
Pas une erreur dans la distribution. On ne louera jamais assez la troupe de la Comédie-Française.
La représentation paraît un peu longue à certains spectateurs, mais elle ne dure pas plus que Cyrano de Bergerac et moins que La Villégiature, et enfin, comme dit le spectateur ordinaire : « on en a pour son argent » !
Photos © Christophe Raynaud de Lage
Troïlus et Cressida de Shakespeare, traduction d’André Markowicz,
Mise en scène de Jean-Yves Ruf
Texte édité aux Solitaires Intempestifs, 2006.
Comédie-Française, Salle Richelieu, matinée à 14h, soirées à 20h30.
0 825 10 1680
17:16 Écrit par Dadumas dans Littérature, Livre, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : comédie-française, troïlus et cressida, jean-yves ruf, eric ruf | Facebook | | Imprimer