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20/01/2013

La parade pour tous

 

 

« Il n’y a plus de Yougoslavie », disait un personnage d’Underground  d’émir Kusturica. Le nouveau film de Srdjan Dragojevic, La Parade, nous montre qu’entre ses peuples qui se sont déchirés, les combattants savent retrouver les liens qu’ils avaient tissés.

film,homosexualitéGrandes gueules, fortes têtes, mercenaires sous tous les régimes, ils sont liés d’une amitié indestructible.

Pour l’amour de Perle, sa fiancée, et parce que le gentil vétérinaire lui a sauvé son chien, Lemon, le soudard recyclé prof de judo et gorille occasionnel, est prêt à tout. Il ira donc rechercher ses potes, des brutes homophobes, oustachi, sniper, technik, (Croate, Albanais, Bosniaque) afin de protéger la première « gay pride », la parade homosexuelle de Belgrade.

En se rencontrant, en apprenant à se connaître, les uns et les autres abandonnent leurs préjugés. La face vire au tragique, mais l’amitié demeure.film,homosexualité

Vous ne regarderez plus jamais Ben Hur, ni Les Sept Mercenaires de la même façon et c’est tant mieux. Ça vous évitera de vous mêler à des foules hurlant « la haine et la proscription », au nom d’un Dieu d’amour et de miséricorde.   

 

 

La Parade  film de Srdjan Dragojevic

15:35 Écrit par Dadumas dans Film, Histoire, humour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, homosexualité |  Facebook | |  Imprimer

22/11/2012

Le Poids de l’histoire

 

 

théâtre,histoire,mohamed aïssaoui,hassane kassi kouatéCe fut d’abord un essai :  L'affaire de l'esclave Furcy que Mohammed Aïssaoui publia en 2010 après de patientes recherches pour compléter un dossier vendu aux enchères en 2005, et qui relatait la longue procédure d’un noir dénommé Furcy, né libre, et traité comme un esclave à l’île Bourbon** de 1817 à 1843.

Du côté du plaignant, deux magistrats intègres qui soutiennent sa démarche et que l’administration coloniale accuse de sédition. Contre eux, les gouverneurs, possédants, colons, noirs affranchis qui ont intérêt à ce que le Code noir régisse leur état. La figure de Furcy, ignorée jusqu’au XXIe siècle appartient plus à la réalité que celle du vieil esclave de La Case de l’oncle Tom. Celle de Furcy mesure le poids de l’Histoire.

théâtre,histoire,mohamed aïssaoui,hassane kassi kouatéMohamed Aïssaoui livra un récit circonstancié, fluide, intense et obtint le prix du roman historique, et le Renaudot de l’Essai. On imagine à la lecture de ce livre, quelque film comme Les Caprices du fleuve de Bernard Giraudeau. Hassane Kassi Kouyaté joue comme un conteur l’adaptation qu’il cosigne avec Patrick Le Mauff. Il est le narrateur, l’affreux colon Lory, le narrateur, Constance la sœur de Furcy, enfin tous…

Devant un écran en triptyque, théâtre,histoire,mohamed aïssaoui,hassane kassi kouatéoù se projettent dessins et image de Stéphane Torossia, la lumière et la vidéo de Cyril Mulon 
ponctuent le récit. Des voix et des chants construisent un univers sonore exotique, (création sonore Nathalie Estève), des documents ramènent à la réalité. Au centre, un chemin en ellipse emprisonne une terre brune.

Injustices, brimades, tortures, abus de toute sortes, rien n’est épargné à Furcy et à ses défenseurs, qui, à la fin triomphent. L’esclave Furcy sait lire. Il peut déposer plainte, se défendre, et comme il croit en la justice du Roi, rien ne le décourage. Il entre dans l’arène avec la Déclaration des Droits de l’homme en main.

Une belle leçon de morale politique en somme. 



Photos : © Eric Legrand

 

L’Affaire de l’esclave Furcy de Hassane Kassi Kouyaté d’après Mohamed Aïssaoui

Tarmac

01 43 64 80 80

jusqu’au 15 décembre

 

 

 

 

 

*éditions Gallimard 

** aujourd’hui l’île de la Réunion

16/11/2012

Mémoires d'un grenier

 

 

Il existe à Paris des lieux chargés d’histoire et peu connus du grand public. Ainsi, le grenier de ce fameux Hôtel d’ Hercule, où fut conduit après son forfait, Ravaillac, l’assassin de Henri IV. Balzac y situe son court roman Le Chef-d’œuvre inconnu, prétexte à disputer de l’art et des artistes.

Car telle est sa vocation. Jean-Louis Barrault y abrita sa jeune compagnie en 1934 et en fit un lieu ouvert à tous les courants artistiques de l’époque. Le groupe Octobre y répéta avec Prévert et Picasso y vécut de 1937 à … Là-dessus les historiens ne sont pas d’accord, certains disent 1945, et la plaque, à l’entrée annonce 1955. Mais tous s’accordent pour dire qu’il y créa Guernica, dont les dessins préparatoires ornent encore les murs.

Vous aviez reconnu… le grenier des Grands-Augustins.

Pour le faire revivre, Alain Casabona, secrétaire général du Haut conseil de l’éducation artistique et culturelle, écrivain, pianiste de renom et maître des lieux, y organise souvent des concerts, des lectures, des conférences. Cette année, il a eu l’idée du Théâtre. C’est ici,  raconte quelques-uns des grands moments du grenier. Ravaillac (Christophe Gauzeran) y affronte la colère du jeune Louis XIII (Juliette Croizat), Balzac (Olivier Balzuc) et Delacroix (Christophe Gauzeran) bataillent à propos de l’inspiration artistique, et Picasso (Olivier Balzuc) débat avec Dora Maar (Sarah Vernette).

Comment relier ces époques ? Alain Casabona a demandé le témoignage de la Poutre qui, depuis la construction de l’hôtel, soutient l’édifice, observe et juge tous ceux qu’il a abrités. Elle est la mémoire du grenier. Cette idée dramaturgique est d’autant meilleure que pour incarner ce personnage hors du commun, une actrice rare, Charlotte Rampling, a accepté l’enjeu. Elle est merveilleuse de finesse, d’ironie, de sagesse.

Je ne vous dirai rien de la mise en scène, vous me jugeriez partiale, puisque celui qui la dirige s'appelle François Leclère. Mais ce n’est pas une raison parce qu’il est mon fils de taire que je l’admire. Je ne vais pas laisser non plus à des plumes tout miel et tout fiel de distiller des malveillances.

Deux représentations seulement pour l’instant, uniquement sur invitations, mais on se prend vite à rêver plus.

En attendant, lisez le texte et espérez…

 

 

C’est ici  d’Alain Casabona, préface de Jacques Lassalle, éditions Triartis, 10€

 Au Grenier des Grands-Augustins, 7 rue des Grands-Augustins, les lundis 12 et 19 novembre, à 19 h 30.