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03/05/2017

Un phare mystérieux

 

 

  

 

Théâtre, opéra, musique, théâtre de l'athénéeDepuis ce jour de 1900 où l’équipage du ravitailleur Hesperus trouva vide le phare des îles Flannan, la disparition de ses trois gardiens a suscité beaucoup d’enquêtes et de romans. Nous connaissions le roman de Peter May Les Disparus du phare, nous venons de découvrir « l’opéra de chambre » de Peter Maxwell Davies qui s’en inspire, le compositeur anglais ayant signé la musique et le livret.

L’œuvre, créée en en 1980 vient d’être reprise par l’ensemble instrumental Ars Nova, sous la direction musicale de Philippe Nahon. De même que l’auteur entrelace réalisme et fantastique dans le livret, sa musique mêle subtilement les musiques traditionnelles celtes (gigue, chant d’amour, psaumes liturgiques) et la musique atonale.

La mise en scène Alain Patiès utilise une scénographie (Laure Satgé, Valentine de Garidel) à la fois symbolique et naturaliste dans laquelle évoluent les trois protagonistes. Entre le prologue où les marins portent témoignage devant la barre d’un tribunal, et la reconstitution du drame, les changements se font à vue avec une fluidité harmonieuse (costumes Gabrielle Tromelin) servie par les éclairages de Jean-Didier Tiberghien.

Les voix sont superbes. Christophe Crapez (ténor) joue l’homme pondéré, Paul-Alexandre Dubois (baryton) compose un personnage énigmatique, Nathanaël Kahn (basse) est inquiétant. Ils racontent les tensions entre les hommes, leurs craintes, leurs fantasmes, et leur ambivalence.

The Lighthouse n’est resté qu’une petite semaine à l’Athénée. Souhaitons qu’il continue de tourner …

 

 

 

The Lighthouse de Peter Maxwell Davies

Mise en scène Alain Patiès

Direction musicale de Philippe Nahon

Théâtre de l’Athénée du 21 au 28 avril

 

 

Programme de l’Athénée

http://www.athenee-theatre.com

 

La Trilogie des éléments textes de Yannis Ritsos

En juin

Dracula musique de Pierre Henry d’après Richard Wagner

02/05/2017

Stabat Filius

 

 

théâtre,j. c. grumberg,histoire,charles tordjman,bruno putzuluC’est un bon fils (Bruno Putzulu). Sa mère (Catherine Hiegel) perd la tête, mais il vient souvent la voir dans cette maison spécialisée où il a dû la placer. Elle ne le reconnaît pas toujours, mais elle en dit du bien. Elle le confond parfois avec le Directeur de l’établissement (Philippe Fretun), lequel essaie de gérer au mieux les conflits entre ses pensionnaires qui sont pour lui  « une énigme ».

En six temps, qui commencent tous par : « Votre Maman », Jean-Claude Grumberg raconte le cheminement de la vieille dame vers la sénilité et la mort. C’est tragique, mais l’auteur excelle dans la dérision et l’humour se glisse dans les situations les plus pathétiques.théâtre,j. c. grumberg,histoire,charles tordjman,bruno putzulu

Ceux qui ont vécu les obstinations absurdes des vieillards, leurs reniements cocasses, leurs colères puériles, leurs attitudes belliqueuses savent combien toute explication est inutile. Catherine Hiegel en vieillarde vindicative, passe de la mine renfrognée au sourire enfantin et nous déchire le cœur. Elle est bouleversante de naturel, engoncée dans son manteau beige suranné (costumes de Cidalia Da Costa). Face à elle, Bruno Putzulu, en fils crucifié de chagrin et de doutes est sublime. Et Philippe Fretun compose un directeur plus stupide que méchant, dépassé sans doute par des problèmes que personne ne sait encore résoudre. Charles Tordjman les met en scène avec une grande pudeur, dans une scénographie simple, rythmée par les lumières de Christian Pinaud.

théâtre,j. c. grumberg,histoire,charles tordjman,bruno putzuluCependant si Votre Maman est une pièce impressionnante, c’est que Jean-Claude Grumberg ne peint pas seulement le chemin de croix d’un fils et la progression inexorable d’un mal qui détruit les neurones. Cette vieille dame, qui ne sait plus qui est son enfant, revit le moment où elle a perdu sa mère. C’était un temps cruel de haine, de clandestinité, d’arrestations et de marches forcées. Le temps de Votre maman s’inscrit dans l’Histoire. Les persécutés gardent la mémoire de leurs peurs et des êtres chers dont on les a séparés. La mémoire ancienne est la dernière à s’effacer. Elle lui sera fatale.

Et nous, que ferons-nous « quand la dernière survivante » nous aura quittés ? Qui croirons-nous quand personne ne pourra plus témoigner et que la banalisation du Mal aura conquis les esprits ?

Et, d’ailleurs pourquoi parler au futur ? N’avons-nous pas atteint déjà ce stade ?

Avant de désespérer des hommes, allez voir Votre Maman, et continuez à agir pour que demain ne soit pas un cauchemar.

 

 

Photos © Ch. Vootz

Votre Maman de Jean-Claude Grumberg

Mise en scène de Charles Tordjman

Théâtre de l’Atelier

01 46 06 49 24

Depuis le 19 avril

Du mardi au samedi à 19h

(Exceptionnellement vendredi 16 et samedi 17 juin à 18h30)

En matinée le dimanche à 16h 

(Relâche exceptionnelle le 23-29 avril, 7 mai, 13-14-15-21 juin)

 

Défendre la France

 

 

 

 

On parle beaucoup « défendre la France » ces temps-ci. Et certains accusent « les élites » de tous les maux ?

Les élites ?


France, langue française, Histoire, littérature, politiqueLe mot « élite » aurait-il changé de sens ?

On m’a toujours appris que « l’élite » était l’ensemble des personnes les meilleures de la société. Qui, on ? Mon institutrice qui, - n’en déplaise à un ex-président de la République, - était bien plus importante pour moi que le curé, et ma mère qui était soucieuse que je réussisse mes études pour en faire partie. Ma grand-mère qui métaphorisait sans le savoir, parlait de « crème », ou de « gratin », et elle s’y connaissait en cuisine !

Le Dictionnaire historique de la Langue Française m’apprend que le mot « élite » apparaît au XIIe siècle, sous la plume de Chrétien de Troyes, par substantivation du participe passé du verbe élire qui donne « eslit »; élire, c’est donc choisir parmi les hommes et les femmes, celui, celle, ceux qui sont les plus aptes dans un domaine donné. Dès le XIVe, « élite » s’emploie pour désigner des personnes considérées comme les meilleures dans un groupe. On parlera donc de « l’élite d’une nation » avec fierté. Au XIXe, on l’utilise en locution adjective : « tireur d’élite », « sujet d’élite », pour ceux qui sont hors du commun, distingués pour leurs qualités.

Au XXe, les élites sont ceux qui occupent par leur formation, leur culture, le premier rang dans tous les domaines. Et « les élites » peuvent se recruter dans « l’aristocratie plébéienne » (Roger Martin du Gard). Le premier rang n’a rien de péjoratif. M. Rey, M. Robert, M. Littré, et M. Larousse en attestent !

Pourquoi aujourd’hui, cracher le mot « élite » comme une insulte ? N’a-t-on pas dévoyé ce mot de son sens ? Et qui l’a détourné ?

Je ne parlerai ni du père, ni de la fille, ni de la nièce ni des esprits malins qui pérorent dans leurs réunions. Je rappellerai simplement cette phrase : « Nous ne voulons pas convaincre les gens de nos idées, nous voulons réduire leur vocabulaire de façon qu’ils ne puissent plus exprimer que nos idées. » Elle est de Goebbels, ministre de la propagande nazie.

Alors, si vous voulez défendre la France, défendez votre vocabulaire, défendez le français et ses nuances. Soyez fiers d’en désigner l’élite, et si possible, car tout est possible en démocratie, d’en faire partie.