Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/11/2012

Le Poids de l’histoire

 

 

théâtre,histoire,mohamed aïssaoui,hassane kassi kouatéCe fut d’abord un essai :  L'affaire de l'esclave Furcy que Mohammed Aïssaoui publia en 2010 après de patientes recherches pour compléter un dossier vendu aux enchères en 2005, et qui relatait la longue procédure d’un noir dénommé Furcy, né libre, et traité comme un esclave à l’île Bourbon** de 1817 à 1843.

Du côté du plaignant, deux magistrats intègres qui soutiennent sa démarche et que l’administration coloniale accuse de sédition. Contre eux, les gouverneurs, possédants, colons, noirs affranchis qui ont intérêt à ce que le Code noir régisse leur état. La figure de Furcy, ignorée jusqu’au XXIe siècle appartient plus à la réalité que celle du vieil esclave de La Case de l’oncle Tom. Celle de Furcy mesure le poids de l’Histoire.

théâtre,histoire,mohamed aïssaoui,hassane kassi kouatéMohamed Aïssaoui livra un récit circonstancié, fluide, intense et obtint le prix du roman historique, et le Renaudot de l’Essai. On imagine à la lecture de ce livre, quelque film comme Les Caprices du fleuve de Bernard Giraudeau. Hassane Kassi Kouyaté joue comme un conteur l’adaptation qu’il cosigne avec Patrick Le Mauff. Il est le narrateur, l’affreux colon Lory, le narrateur, Constance la sœur de Furcy, enfin tous…

Devant un écran en triptyque, théâtre,histoire,mohamed aïssaoui,hassane kassi kouatéoù se projettent dessins et image de Stéphane Torossia, la lumière et la vidéo de Cyril Mulon 
ponctuent le récit. Des voix et des chants construisent un univers sonore exotique, (création sonore Nathalie Estève), des documents ramènent à la réalité. Au centre, un chemin en ellipse emprisonne une terre brune.

Injustices, brimades, tortures, abus de toute sortes, rien n’est épargné à Furcy et à ses défenseurs, qui, à la fin triomphent. L’esclave Furcy sait lire. Il peut déposer plainte, se défendre, et comme il croit en la justice du Roi, rien ne le décourage. Il entre dans l’arène avec la Déclaration des Droits de l’homme en main.

Une belle leçon de morale politique en somme. 



Photos : © Eric Legrand

 

L’Affaire de l’esclave Furcy de Hassane Kassi Kouyaté d’après Mohamed Aïssaoui

Tarmac

01 43 64 80 80

jusqu’au 15 décembre

 

 

 

 

 

*éditions Gallimard 

** aujourd’hui l’île de la Réunion

02/07/2012

Livre

 

 

« Le 20 juillet 1846 », nous dit Danièle Gasiglia, Victor Hugo, inquiet du tri sélectif de la mémoire, décide « de remédier à cet état de fait en écrivant un journal d’un genre bien particulier ». Ce sera le Journal de ce que j’apprends chaque jour .

Au fil des jours, s’alignent des informations de jardinage : « La suie est le meilleur engrais pour les œillets » (15 août), d’histoire locale :

« Les sculpture du piédestal de l’obélisque qui est sur le pont de Blois sont de Coustou. » (20 août),

des réflexions intimes :

 « Il y a aujourd’hui dix-neuf ans que j’ai perdu mon père ». (28 janvier 1847),

 des dictons populaires : 

« Voici le mois de Février

Toute bête lève le nez. » (2 février 1847),

des explications scientifiques sur la distance des planètes, accompagnées de commentaires,des conversations banales, des remarques philosophiques, des quatrains improvisés, ainsi celui-ci pour détourner le racisme dont son ami Alexandre Dumas est victime « la bonne société » :

« Quoique les noirs ne soient pas blonds

« Eux et moi nous nous ressemblons,

« Et sous le sens la chose tombe :

« Ils ont pour maîtres les colons,

« J’ai pour maîtresse une colombe. »

 

 

Si vous voulez en savoir plus, lisez :

HUGO Victor, Journal de ce que j’apprends chaque jour , préfacé et annoté par Danièle Gasiglia

Éditions d’Ores et déjà, prix 10 €.

01/02/2012

Au royaume du dollar


 

 Carlos Ponzi a réellement existé. Il a donné son nom à un système frauduleux appelé « chaîne de Ponzi », dont vous trouverez le modèle mathématique sur la Toile. Et, si David Lescot dans Le Système Ponzi, prend quelque liberté avec la véritable histoire de cet escroc insigne, il en retrace le parcours exact et montre le mécanisme d’une des plus grandes escroqueries du siècle dernier, dont Bernard Madoff, plus récemment, semble s’être inspiré.

Avec dix comédiens, dont quatre sont aussi musiciens, l’auteur, qui signe aussi la mise en scène et la musique, fait jouer plus de cinquante personnages.

Au royaume du dollar, petits employés, artisans, commerçants, fonctionnaires, prêtres, tous rêvent de gagner beaucoup en investissant peu. Il rêvent de devenir riches, très vite, et ne cherchent pas à connaître les rouages de la spéculation.

Tous cupides et candides. Aussi, Ponzi (Scali Delpeyrat) semble-t-il moins coupable qu’eux, tout occupé qu’il est à satisfaire les clients qui le pressent, et Rose (Céline Millat-Baumgartner), la femme qu’il aime.

Elizabeth Mazev, Charlie Nelson, Odja Llorca, Jean-Christophe Quenon, Marie Dompnier, Clément Landais, Virgile Vaugelade, et l’auteur en personne, entraînent le spectateur dans un voyage épique à travers deux continents (Europe et Amérique), quatre pays (Italie, Canada, Etats-Unis, Brésil), et soixante ans d’Histoire. Adresses au public, récit choral, mimes, cabaret, théâtre, l’action fait feu de tous genres.

Malheureusement pour le spectateur, l’ensemble est un peu long et quelquefois répétitif. Dommage, car le début est flamboyant, rythmé, exceptionnel, et les comédiens brillants.

 

 

 

Le Système Ponzi de David Lescot

Théâtre de la Ville au Théâtre des Abbesses

Jusqu’au 10 février

01 42 74 22 77