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17/04/2014

Exposition

 

 

exposition,victor hugo,histoire,littérature,poésie,théâtreLe roman L’homme qui rit, paru en 1869, n’obtint pas le succès immédiat des Misérables. Bien que Zola trouvât l’œuvre « poignante et grandiose », le roman sembla trop « politique », trop « épique », et Barbey d’Aurevilly lui reprocha d’avoir « ni âme ni nature humaine ». Pourtant, l’histoire de Gwynplaine, - l’enfant aristocrate volé, défiguré pour servir de bouffon, recueilli par un homme qui s’appelle Ursus et vit avec un chien-loup qui s’appelle Homo,- a immédiatement inspiré les illustrateurs et continue à fasciner les arts des siècles suivants. 

La Maison de Victor Hugo y consacre aujourd’hui une belle exposition : L’âme a-t-elle un visage ? où Gérard Audinet, assisté de Camila Souyri, rassemble, dans une scénographie de Véronique Barnéoud et Jean-Pierre Crusson les éléments graphiques, picturaux, cinématographiques, preuves de la puissance de l’imaginaire hugolien et de son influence sur les créateurs.

L’exposition montre d’abord les dessins de Hugo, lavis ou encre, proches des lieux des Travailleurs de la mer son roman précédent. exposition,victor hugo,histoire,littérature,poésie,théâtrePuis elle présente les images  que proposèrent la presse et les premières éditions, mêlant le grotesque et le tragique. Cette vision-là  séduisit aussi la bande dessinée, en feuilleton dans le journal Ce soir, ou en albums plus récemment.

Le mythe du monstre à l’âme tendre plut au cinéma et Julius Herska en 1921 en donna une version pathétique. Paul Léni tourna en 1928, un film inoubliable, avec des reconstitutions de Londres au XVIIIe siècle venues tout droit des tableaux de William Hogarth. L’année suivante, 1929, le théâtre d’art de Moscou adapta le roman pour la scène.

exposition,victor hugo,histoire,littérature,poésie,théâtrePlus près de nous le Footsbarn, en 2007 donna de sa représentation une vision des forains marginaux, en but aux tracasseries des puissants.

Car, dans ce roman il est aussi question de l’injustice, de la misère du peuple et de l’hypocrisie des puissants qui entretiennent l’arbitraire pour mieux régner. Leur âme est sombre, et leur visage est aimable, alors que les malheureux dont le visage est mutilé, conservent, chez Hugo, une âme pure.

 

 

 Photos : © Affiche Paris-Musées

© Maison de Victor Hugo/Roger-Viollet

© Jean-Pierre Estournet

 

 

 

 

 

L’âme a-t-elle un visage ?

L’Homme qui rit ou les métamorphoses d’un héros

Maison de Victor Hugo

8, place des Vosges

Paris

www.musee-hugo.paris.fr

 

de 10 h à 18 h

fermé le lundi et les jours fériés

jusqu’au 31 août 2014.

 

 

13/04/2014

Le charme de Trenet

 

 

théâtre,musique,poésie,charles trenet,jacques pessis,philippe ogouzIl avait commencé en duo avec Johnny Hess, mais très vite il a chanté seul, ses propres compositions.

Jacques Pessis retrace en chansons la carrière de Charles Trenet (Jacques Haurogné), et bâtit une intrigue dont le décor est un studio de radio, en 1937, où Suzanne, une jeune journaliste (Léa Gabrielle) sensible au charme de Charles, tente d’imposer le Fou chantant à Jean-Roger (Philippe Ogouz), un animateur qui préfère Jean Sablon et Lys Gauty. « Le chaland passe, mais pas le courant. »

Entre deux chansons, ils se chamaillent, se réconcilient pour les « réclames » - on ne ne parle pas encore de « publicité -, et ils supportent de terribles événements. De l’exposition universelle de 1937, on passe vite aux bruits de bottes, et si Charles Trenet devient un roi du music-hall », Hitler devient le « maître de l’Autriche », puis de l’Europe.théâtre,musique,poésie,charles trenet,jacques pessis,philippe ogouz

« Le monde entier fait boum » et Charles Trenet abandonne son insouciance. À Radio Cité, il ne chante pas seulement ses refrains, dont Douce France, hymne d’espoir pour ceux qui subissent l’occupation, il compose aussi  des « réclames ».

Jacques Pessis suit sa carrière, ses voyages, ses succès, ses triomphes. Impossible de tout chanter, impossible de tout dire. Mais Nils Zachariasen a bâti pour Philippe Ogouz - qui met aussi en scène -, une scénographie simple et efficace, les bandes enregistrées des voix qui se sont tues donnent des repères historiques (son : Michel Winogradofff), les lumières de Frédéric de Rougement dles couleurs patriotiques ou sentimentales, Christine Casanova règle la chorégraphie, et Roger Pouly, au piano accompagne en direct les étapes d’une vie mouvementée et créatrice.

Et « longtemps après que le poète a disparu », ses chansons chantent encore dans nos mémoires.

 

Photo © Mirco Magliocca

 

Radio Trenet de Jacques Pessis, chansons de Charles Trenet

Théâtre du Petit-Montparnasse

Depuis le 4 avril

du mardi au samedi à 21h00 et le dimanche à 15h00

Tel : 01 43 22 77 74

 

 

 

01/01/2014

Meilleurs voeux

Je vous transmets ceux d'Ariane Mnouchkine, elle parle et écrit mieux que moi :

 

Vœux   d'Ariane Mnouchkine, offerts à Mediapart.

 

 

"Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,

A l'aube de cette année 2014, je vous souhaite beaucoup de bonheur.

 

Une fois dit ça, qu'ai-je dit?

Que souhaitais-je vraiment ?

Je m'explique : je nous souhaite d'abord une fuite périlleuse, et ensuite un immense chantier. D'abord fuir la peste. La peste de cette tristesse gluante, que par tombereaux entiers, tous les jours, on déverse sur nous. Cette vase venimeuse, faite de haine de soi, de haine de l'autre, de méfiance de tout le monde, de ressentiment passif et contagieux, d'amertume stérile, de hargne persécutoire. Fuir l'incrédulité ricanante, enflée de sa propre importance. Fuir les triomphants prophètes de l'échec inévitable. Fuir les pleureurs et les vestales d'un passé avorté à jamais et barrant tout futur.

 

Une fois réussie cette difficile évasion, je nous souhaite un chantier. Un chantier colossal. Pharaonique, himalayesque, inouï, surhumain, parce que justement totalement humain. Le chantier des chantiers. Ce chantier sur la palissade duquel, dès les élections passées, nos élus s'empressent d'apposer l'écriteau : Chantier interdit au public . Je crois que j'ose parler de la démocratie. Etre consulté de temps à autre ne suffit plus. Plus du tout. Déclarons-nous tous responsables de tout. Entrons sur ce chantier. Pas besoin de violence, de cris, de rage. Pas besoin d'hostilité, juste besoin de confiance. De regard. D'écoute. De constance. L'Etat en l'occurrence, c'est nous.

 

Ouvrons des laboratoires, ou rejoignons ceux, innombrables déjà, où à tant de questions et de problèmes, des femmes et des hommes trouvent des réponses, imaginent et proposent des solutions qui ne demandent qu'à être expérimentées et mises en pratique, avec audace et prudence. Avec confiance et exigence. Ajoutons partout, à celles qui existent déjà, des petites zones libres. Oui, de ces petits exemples courageux qui incitent au courage créatif. Expérimentons nous-mêmes, expérimentons humblement, joyeusement, et sans arrogance. Que l'échec soit notre professeur, pas notre censeur. Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage. Scrutons nos éprouvettes minuscules ou nos alambics énormes, afin de progresser concrètement dans notre recherche d'une meilleure société humaine. Car c'est du minuscule au cosmique que ce travail nous entraînera. Et entraîne déjà ceux qui s'y confrontent. Comme les poètes qui savent qu'il faut tantôt écrire une ode à la tomate ou à la soupe de congres, tantôt écrire les "Châtiments". Sauver une herbe médicinale en Amazonie et garantir aux femmes la liberté, l'égalité, la vie souvent.

 

Et surtout, surtout : disons à nos enfants qu'ils arrivent sur Terre quasiment au début d'une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d'une longue et fabuleuse épopée, dont ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire les inévitables auteurs. Il faut qu'ils sachent, que, ô merveille, ils ont une oeuvre faite de mille oeuvres, à accomplir ensemble avec leurs enfants, et les enfants de leurs enfants. Disons-le haut et fort, car beaucoup d'entre eux ont entendu le contraire et je crois moi que cela les désespère. Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n'est pas encore terminée, et qu'elle leur appartient ?

 

Qu'attendons-nous?

L'année 2014 ? La voici."