Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/05/2013

Ils ont rouvert le Tabou !

 

 

 

théâtre 13,théâtre,poésie,musique,cabaret,danseOn imaginait que le Tabou, cette cave installée rue Dauphine, lieu mythique des jeunes gens d’après-guerre, avait définitivement disparu, que cette époque était totalement révolue, et même, méconnue des jeunes gens d’aujourd’hui. Eh bien non ! Figurez-vous que ces années-là ont passionné une douzaine de jeunes artistes. Tous issus du Studio  d’Asnières, sous l’impulsion d’Yveline Hamon et Jean-Pierre Gesbert, ils ont créé un cabaret de toutes ces chansons qui avaient enchanté Saint-Germain des Prés.

Ils ont rouvert le Tabou, ce centre de joyeuse folie créative ! Chacun s’est composé une personnalité. Il y a naturellement Simone de Beauvoir (Lorraine de Sagazan) et Jean-Paul Sartrethéâtre 13,théâtre,poésie,musique,cabaret,danse (Antonin Meyer-Esquerré), Juliette Gréco (Sol Espèche) et Marcel Mouloudji (Guillaume Tarbouriech), Jacques Prévert (Jonathan Salmon), Françoise Sagan (Claire Barrabès), Boris Vian (Pascal Neyron), Serge Gainsbourg (Yoann Parize) et même un personnage de Queneau, Zazie (Fiona Chauvin). Pour les accompagner, théâtre 13,théâtre,poésie,musique,cabaret,danseune excellente pianiste (Delphine Dussaux), qui ressemble à Barbara, un saxophoniste charmeur (Lucas Gaudin) qui joue aussi de la trompinette et de la clarinette, et un joyeux batteur (Cédric Barbier).

Et pendant le temps d’un spectacle les voici tous à donner du bonheur aux spectateurs, les vieux (comme moi), les jeunes et les moins jeunes.

Chacun retrouve les grands succès comme Le Déserteur, J’suis snob,  et ceux qu’on avait oubliés comme Chambre 33, Adrienne, et c’est un plaisir partagé de voir comment cette troupe s’en empare, s’investit, tourbillonne.

Les spectateurs sont invités à chanter avec elle, à danser, à partager. 

On voudrait rester toute la nuit avec eux et plus, peut-être…

 

 

Photos © Sabine Bouffelle 

La Bande du Tabou

Cabaret, création collective

Théâtre 13

jusqu’au 23 juin

01 45 88 62 22

www.theatre13.com

 

 

20/04/2013

« Amer et merveilleux comme la fin du monde »

 

 

 

Théâtre, humour, françois morel, culture, cinéma, poésie, pépinière-opéraVous vous souvenez sans doute d’Anna Karina traînant son ennui dans Pierrot le fou de Jean-Luc Godard : « J’sais pas quoi faire ? Qu’est-ce que j’peux faire ? » Eh bien ! François Morel lui répond dans La fin du monde est pour dimanche. Sans doute, les débats Bory/Charensol ont-ils réveillé en lui des souvenirs, et aujourd’hui qu’il a « carte blanche » à la Pépinière-Opéra, il peut lui répondre.

Il n’arrête pas de « faire », François Morel, car « tout le monde fait quelque chose », et chacun « fait de son mieux », pour « profiter » du temps qui passe, et garder le bonheur qui ne cesse de s’échapper. Cocteau, comme Prévert  l'avaient remarqué : « on le reconnaît au bruit qu’il fait en partant ». François Morel l’avait interpellé dans  une chronique sur France Inter : « Salaud de bonheur ! », et l’accusateur,  sur scène, recommence. 

François Morel métaphorise l’existence pour philosopher : « la vie, c'est comme une semaine » : lundi serait l’enfance et naturellement, dimanche, la fin... de vie, et ce terme, comme disait Aragon  « amer et merveilleux comme la fin du monde » autant s'y préparer,  mais, « avant de se dire adieu », rions ensemble.

A-t-il été cet « enfant triste qui n’aimait pas le cirque » ? Ce « gamin » que le grand-père faisait lever avant l’aube pour « profiter » d’un ciel et d’un paysage qui n’appartiennent qu’à celui qui les contemple ? François Morel est de ceux qui grandissent sans oublier leur enfance, qui vieillissent sans pourrir et s’il a gardé intactes ses émotions, c’est pour nous les faire partager.

Il est le gamin et le grand-père, la vieille dame qui soliloque devant le portrait d’une idole des jeunes : Sheila. Il est le reporter qui attend la naissance de Jésus à Bethléem, dans une famille « Théâtre, humor, culture, poésie, chanson, françois morel, pépinière-opérarecomposée » et qui annonce « « C’est une fille, elle est l’espoir de l’Humanité ». Il est aussi l’homme mûr qui fantasme sur le sourire d’une jeune fille dans le métro alors, qu’elle veut simplement lui céder sa place. Il est encore celui qui tombe amoureux d’un être différent, « une huître » qui « savait écouter ». Il est Augustin de Beaupré qui rêvait d’interpréter Perdican, Ruy Blas, Cyrano, et ne joue que les acteurs de complément. Tous sont sans amertume, sans regret, ils espèrent encore malgré les vicissitudes. Ils nous ressemblent.

Il est seul en scène, mais un piano magique rythme les séquences, et des vidéos discrètes et bien choisies les illustrent, Benjamin Guillard, le metteur en scène, est fidèle à l’auteur…

Il y a chez l’auteur-comédien tant d’humour, de tendresse, d’acuité qu’il nous semble revoir Philippe Avron auquel, à la fin, il rend hommage, tandis que l’ombre tutélaire de Dario Fo sourit en coulisses.



Photo © Manuelle Toussaint 

La fin du monde est pour dimanche de et par François Morel

Théâtre de la Pépinière-Opéra

À 21 h du 18 avril au 22 juin

Matinée le samedi à 18 h

 

18/04/2013

Un voyage sans retour ?

 

 

 

Ils sont de milliers à quitter leur pays, parce qu’il n’y a plus de place pour eux, pas de travail, pas de liberté, pas d’espoir. Ils vont chercher ailleurs  le « pain quotidien que la terre leur refuse ». Leurs demandes de visa n’aboutissent pas. Leurs bagages leur sont volés, leurs vies sont mises en danger, mais qu’importe ! IIs partent. Aucune menace ne les touche, ils n’ont plus rien à perdre. Que la vie. Et souvent, ils la perdent.théâtre,cie hercub,akakpo

Les récits de ces réfugiés, de ces errants, avaient inspiré, en 2006, à Ariane Mnouchkine Le Dernier Caravansérail dont le sous-titre était Odyssées.

théâtre,cie hercub,akakpoGustave Akakpo reprend ce titre, inspiré de Homère, pour sa dernière pièce. Et, même si les migrants brûlent leurs papiers, nient leurs identités, leurs racines, « il ne s’agit pas d’une fuite vers l’inconnu », dit l’auteur. Ses protagonistes se choisissent des noms parmi ceux de l’Antiquité : « L’Europe a oublié ses héros, nous serons leur mémoire. Le bateau sera l’Odyssée. » Le capitaine ? Ulysse naturellement, un enfant que sa famille avait poussé vers la forêt, et qui, nouveau Petit Poucet, tente d’échapper à l’Ogre qui dévore l’Humanité.

Parmi eux, un blanc, un journaliste qui cherche sa sœur, et une blanche qui essaie de retrouver le compagnon que la police lui a arraché.théâtre,cie hercub,akakpo

Gustave Akakpo repousse les limites de la scène. Avec six panneaux translucides, quatre tables transformables, six comédiens (Michel Burstin, Ansoun Diedhiou, Lazare Minoungou, Sabine Pakora, Bruno Rochette, Sylvie Rolland) et un musicien (Max Vandervorst) qui bricole lui-même ses instruments à corde et à vent, nous voilà embarqués de l’Afrique vers l’Europe avec une centaine de personnages. La scénographie de Jack Percher permet un décor toujours en mouvement, une infinie composition (et décomposition) des éléments, éclairés par les lumières d’Alain Collet. Michel Burstin, qui met en scène, fait vivre des villages, des villes, des déserts, des routes avec des camions brinquebalants, des radeaux qui flottent et sombrent. Toute les peurs du monde frissonnent dans ce parcours. Pas un spectateur ne reste indifférent.

Pendant leur traversée, les migrants vont souffrir la faim, la soif.  Ils ne mourront pas tous, mais les survivants qui croisent une équipe de télé réalité en seront désespérés pour toujours. Ulysse n'intéresse pas le prime-time ! Il faut "du sang !"

Leur rêve s’obscurcit et sous les constellations d’étoiles, les plus forts reprendront la mer pour fuir l’Europe « aux anciens parapets » (Rimbaud) : voyage sans retour ? Ou naufrage annoncé ?

Ce « suicide mondial » est souvent « joyeux », mais le rire grince. Il reste bien des questions en suspens, comme ces vies entre mer et néant, ces humains, nos frères qu’on exploite.

Pour combien de temps encore ?

 

 

 photos © Angela Ferramosca

              © Yves Kerstins


Jusqu’au 20 avril

 

Odyssées de Gustave Akakpo

Mise en scène de Michel Burstin

Théâtre de l’Etoile du Nord

01 42 26 47 47

Mardi, mercredi, vendredi à 20 h 30, samedi à 17 h et 20 h 30

le jeudi à 19 h 30 la représentation est suivie d’un débat.